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1 février 2017 3 01 /02 /février /2017 06:44

Merci à Martine qui a propulsé ceci sur la toile.

 

 

Il y a des mots, des expressions, qu'on n'entend plus ou qu'on emploie moins.

 

Ils arrivent exténués, à la fin du deuxième millénaire. Le siècle, qui a commencé depuis 15 ans maintenant, risque de leur être fatal.

 

Conservez-les, un jour viendra peut-être où on ne les trouvera plus dans aucun dictionnaire, si ce n'est du vieux français...

 

Quelques exemples:

 

 

INCULPATION

 

A été expurgé du Code Pénal au profit de "mise en examen". Cela afin d'éviter une infamante présomption de culpabilité.

 

Être "en examen" ne présage pas du résultat de l'examen.

 

Aujourd'hui quand quelqu'un est MIS EN EXAMEN, on doit toujours insister sur le fait que cela ne préjuge pas de sa culpabilité.  Comme du temps où il aurait été "inculpé".

 

 

INSTITUTEUR

 

Longtemps remplacé par "MAÎTRE D'ÉCOLE". Il tend à disparaître par sa dissolution dans le concept fourre-tout de l'enseignement, au bénéfice de "PROFESSEUR des ÉCOLES".

 

 

MAÎTRESSE

 

Ne pas assimiler à la version féminine d'instituteur ("professeure des écoles") !

 

Les maris n'ont plus de maîtresse mais une "amie".


Les épouses conservent parfois l'amant, mais seulement à cause de la connotation romantique : les moins romantiques n'ont également qu'un ami.

 

 

MORALE

 

À force d'être inemployée a disparu. Ne demeure qu'"ordre moral", mais attention : connoté de « fascisme ». Toutefois personne ne se réclame du "désordre moral". La morale n'est plus enseignée, elle est remplacée par "éducation à la citoyenneté".

 

 

MOURANT

 

Il n'y a plus de mourant mais des malades en "phase terminale".

 

Afin d'éviter une regrettable confusion ne dites pas à votre fils qu'il est en terminale mais qu'il va passer son bac !

 

Pour désigner un mort doit-on parler d'un individu "en phase terminée" ?

 

 

PATRIOTE

Totalement absent du vocabulaire politique et civique.

Désigne aussi un bon citoyen américain et un missile étasunien.

 

 

PATRON

 

Nous n'en avons plus, ni même des chefs d'entreprise, mais des DIRIGEANTS D'ENTREPRISE.

 

Le CNPF en a pris acte en devenant le MEDEF.  Seuls quelques cégétistes utilisent encore le terme de "patron" ce qui prouve bien qu'il est désormais péjoratif...

 

 

PAUVRE

 

N'existe plus. C'est un "défavorisé", un "plus défavorisé", un "exclu", un "SDF" à la rigueur un "laissé pour compte". Dans les années 80, il subsistait uniquement dans l'appellation "nouveau pauvre"; ce fut le chant du cygne.

 

 

PROVINCE

 

Dire "en RÉGION". On ne dit plus "provincial" mais "RÉGIONAL".

 

 

RACE

 

A été abolie au profit "d'appartenance ethnique". Sinon, vous êtes raciste, fasciste, nauséabond … On peut néanmoins dire "black" en anglais et en banlieue.

 

 

SERVANTE, BONNE

 

Aujourd'hui c'est une "employée de maison". Quand elle s'occupe de "personnes âgées" elle devient "auxiliaire de vie".

 

 

SÉQUESTRÉ

 

Aucun cadre, aucun chef d'entreprise n'est séquestré, il est "retenu contre son gré".

 

 

VANDALE

 

A laissé place à "jeunes en colère" ou "paysans en colère". L'ampleur des dégâts distingue les vandales des autres.

 

 

VANDALISME

Impolitesse, injures, agressions, bris de matériel, racket sont regroupés sous le terme "incivilités". On ne dira plus que ce sont des "sales gosses" mais qu'ils "manquent de civilité". À noter la louable tentative de Jean-Pierre Chevènement d'introduire la bénigne expression" SAUVAGEON". Il dû battre en retraite devant « l'insurrection des consciences ».

 

 

 

VOL

 

Terme réserve aux gagne-petit et aux obscurs. Pour les politiques on parlera "d'enrichissement personnel". Ce qui est condamné unanimement par les collègues contrairement à l'enrichissement impersonnel, qui, lui, ne bénéficie qu'au parti, mérite la compréhension, ce que les juges n'ont pas encore compris.

 


VOYOU

 

En voie d'extinction. On ne connait que des individus "connus des services de polices", des "récidivistes", des multi-délinquants".

 

Cet été, j’ai adoré les campings qui ne veulent plus qu’on les appelle campings parce que ça suscite instantanément dans l’esprit des gens l’image de Franck Dubosc en moule-boules ou de Roger et Ginette à l’apéro avec casquette Ricard et claquettes Adidas. Donc les professionnels de la branche demandent que l’on dise désormais «hôtellerie en plein air ».

 

 

Les mots qui disparaissent

 

Je me suis habituée au fait qu'à l'école les rédactions sont des «productions écrites », les sorties en groupe des « sorties de cohésion » et les élèves en difficulté ou handicapés des « élèves à besoins éducatifs spécifiques ».

 

Mais cette année, sans discussion aucune, la palme est attribuée au Conseil supérieur des programmes en France et à sa réforme du collège.

 

Donc, demain l’élève n’apprendra plus à écrire mais à « maitriser le geste graphomoteur et automatiser progressivement le tracé normé des lettres ».

 

Il n’y aura plus de dictée mais une « vigilance orthographique». Quand un élève aura un problème on tentera une « remédiation ».

 

Mais, curieusement, le meilleur est pour la gym … Oups pardon !!! pour l’EPS (Education physique et sportive). Attention, on s’accroche : courir c’est « créer de la vitesse », nager en piscine c’est « se déplacer dans un milieu aquatique profond standardisé et traverser l’eau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête », et le badminton est une « activité duelle médiée par un volant ».

 

 

Les précieuses ridicules de Molière, à côté, c’est de l’urine de jeune félidé (je n’ose pas dire du pipi de chat).

 

Alors, les amis, ne perdons pas ce merveilleux sens du burlesque et inventons une nouvelle catégorie : la « personne en cessation d’intelligence » autrement dit, le con.

 

Signé Martine, mère d’une élève.

 

 

Ah non, re-pardon… Martine « génitrice d’une apprenante ».

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commentaires

L
Un confrère quand il visitait une personnes bénéficiaire (réduite à demander ....) de l'aide médicale parlait de personne "impécunieuse".
Répondre
A
A atténuer, modérer, dénaturer la langue française, ne risque-t-on pas l'effet contraire : exaspération, envie de gueu.. (pardon) crier, besoin de cogner ? Comme disait la mère Michu : "j'sais pas où on va mais on y va !"
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