D'abord, quelques statistiques, qui – comme c'et presque toujours le cas avec les statistiques – ne clarifient pas forcément la question. Selon l’INSEE, en 2021, la France comptait 7 millions d’immigrés sur une population de 67,8 millions, soit 10,3 % de la population totale. 2,5 millions d'immigrés, soit 36 % d'entre eux, ayant acquis la nationalité française.
La population étrangère vivant en France s'élève à 5,2 millions de personnes, soit 7,7 % de la population totale. Elle se compose de 4,5 millions d'immigrés n'ayant pas acquis la nationalité française et de 0,8 million de personnes nées en France de nationalité étrangère.
1,7 million de personnes sont nées de nationalité française à l'étranger. Avec les personnes immigrées (7 millions), au total, 8,7 millions de personnes vivant en France sont nées à l'étranger, soit 12,8 % de la population.
L’assimilation et l’intégration sont des concepts théoriques. Le concept d'assimilation (dans assimilation, il y a “ semblable ”) implique l'effacement de la culture d'origine. Ainsi les Juifs, après des siècles d'incertitudes de leur part et d'errements de la société française, finirent par devenir en droit de vrais citoyens dans le respect de la laïcité. L'intégration, quant à elle, permet de rester attaché à la culture d'origine.
Il est difficile d'évaluer avec précision le pourcentage d'immigrés assimilés à un instant précis. On notera que le concept d'assimilation tend à disparaître des travaux scientifiques, en France mais pas, par exemple, aux États-Unis où l'assimilation est, selon Dominique Schnapper, “ la réinterprétation spontanée et libre, par des migrants, de leurs traditions d'origine à l'intérieur du cadre légal et politique de la nation démocratique ”. Les spécialistes évaluent l'assimilation en France à 10 à 15%.
Deux facteurs empêchent une assimilation de masse réussie : la religion – l'islam principalement – et la démographie. Alors que les immigrations européennes (Portugal, Italie, Espagne, Belgique, Pologne) et asiatiques (Vietnam) se sont quasiment éteintes, l'immigration en provenance d'Afrique du Nord n'a pas cessé depuis 70 ans. Il n’y a jamais réellement eu de pause permettant à la population de s’assimiler. Pour de nombreuses familles maghrébines, le cordon ombilical n’a pas été coupé avec le pays d’origine. Le regroupement familial, à partir du milieu des années soixante-dix, a induit une transmission forte des traditions culturelles comme l'endogamie, donc un recul de l'assimilation. Les immigrés européens, pour leur part, ont connu une séparation radicale avec les modes de vie, voire les religions d'avant l'immigration. Pour les Polonais, dans les années cinquante, le rideau de fer a isolé ceux qui avaient émigré dans les années trente et quarante. Ils ont dû s'assimiler rapidement, créer d'autres racines. Les Italiens ont cessé d'émigrer vers 1960 quand leur pays a décollé économiquement avant de devenir rapidement une terre d'immigration. Même chose pour les Espagnols et les Portugais, un peu plus tard, avec la fin des dictatures dans leurs pays. Á noter que l'émigration portugaise, la dernière en date à avoir rejoint la France, a à la fois donné de nombreuses preuves d'assimilation tout en conservant le plus de liens avec le pays d'origine. Les Vietnamiens, sans parler des “ boat people ” contraints à un exil soudain, se sont bien intégrés en France, malgré leur religion, leur langue, leur culture très différentes, donc malgré leur visibilité.
En 2021, 47% des immigrés vivant en France était nés en Afrique (Algérie et Maroc 12%, Tunisie 4%). 32% en Europe (Portugal 8%, Italie 4%, Espagne 3%). Il réside actuellement en France environ 850 000 personnes d'origine et de nationalité algériennes. Le flot migratoire annuel étant de 30 à 40 000. Ces chiffres sont peut-être sous-estimés car l’INSEE donne le nombre d’immigrés et de descendants d’immigrés, mais seulement pour les première et deuxième générations (mais le propos, en 2020, du président algérien selon lequelle 6 millions d'Algériens vivaient en France est fortement sujet à caution). Les personnes d'origine maghrébine représentaient 8,7% de la population française des moins de 60 ans en 2011, et 16% des enfants nés en 2006-2008 avaient au moins un grand-parent maghrébin. En 2015, la démographe Michèle Tribalat estimait à au moins 4,5 millions le nombre de personnes d'origine maghrébine sur trois générations. Selon l'historien Pierre Vermeren, il y avait environ 15 millions de personnes d'origine maghrébine en Europe de l'Ouest en 2016. Á noter que l'Union européenne cautionne d'autres chiffres : 19 millions en 2010, 25 millions en 2016 (5% du nombre total de musulmans dans le monde), et une augmentation a minima – sans immigration – de 7% en 2050 (“ Guidelines to Train Media Circles on Inclusiveness and Preventing Gender Islamophobia ”).
L'INSEE estime qu'à partir de la troisième génération les immigrés sont assimilés mais il n'a rien à répondre – sûrement parce que ce n'est pas sa vocation – lorsqu'on lui fait observer que le terrorisme en France (ou en Belgique) est l'œuvre de descendants d'immigrés de la troisième voire de la quatrième génération, et qu'ils sont nés en France. Les meilleures statistiques démographiques tiennent difficilement compte du retour d'un refoulé qui fait que 57% des jeunes musulmans considèrent que la charia est plus importante que les lois de la République !