Pour Margot Miller (World Socialiste Website), les enseignants britanniques atteints de Covid long confrontés aux représailles :
Les dernières données gouvernementales d'une étude React-2 de l'Imperial College de Londres révèlent qu'il y a deux millions de cas de COVID long sur les quelques 56 millions d’habitants que compte l’Angleterre. ‘COVID long’ désigne les symptômes dont souffrent encore les malades plus de 12 semaines après avoir contracté le virus.
Le nombre de morts du COVID-19 au Royaume-Uni a dépassé 152 000, mais le gouvernement conservateur a levé la plupart des restrictions sanitaires le 17 mai. Depuis lors, le nombre de cas a augmenté, alimenté par la propagation du variant Delta, hautement transmissible.
Cela a permis au virus de se propager parmi les jeunes adultes et les écoliers en particulier, et chez ceux qui soit ne sont pas vaccinés, soit n'ont reçu qu’une dose de vaccin.
Mais en dépit des prédictions des scientifiques d’une augmentation catastrophique des hospitalisations et des décès à moins de prendre les mesures sanitaires les plus strictes, le gouvernement a l'intention de lever toutes les mesures d’atténuation du virus, même le port du masque, d'ici le 19 juillet. Il est insensible aux souffrances infligées, parmi lesquelles les effets à long terme de la maladie.
Une étude sur la base d’images du cerveau menée par l'Université d'Oxford et l'Imperial College de Londres a révélé des dommages au tissu cérébral chez les patients atteints du COVID, suggérant une possible prédisposition plus tard à la démence et à la maladie d'Alzheimer.
Malgré cela, les enseignants et les autres travailleurs qui se battent pour la santé et la sécurité sur le lieu de travail sont confrontés aux représailles des employeurs. Plusieurs représentants du Syndicat national de l'éducation (NEU) ont été licenciés (article en anglais) pendant la pandémie pour avoir invoqué le droit à la sûreté au travail en vertu de l'article 44 de la Loi sur les droits du travail, ce qui a entraîné des débrayages.
Les syndicats de l'éducation n'ont rien fait pour défendre leurs membres et ont abandonné les personnes atteintes de COVID long à leur sort, les incitant à prendre elles-mêmes les choses en main.
Beaucoup reprenaient le travail dû à la pression financière à mesure que leur indemnité de maladie diminuait, ce qui, associé au stress de tout cela, aggravait la maladie et conduisait à des rechutes. S'ils ne s'y conformaient pas, on les forçait à démissionner.
« Je suis retournée à l'école en septembre », a déclaré une enseignante, «en marchant à l’aide d’un déambulateur, bien que les médecins aient dit que je n'étais pas prête pour reprendre le travail. J'ai tenu quelques jours. Vers la fin décembre, j'ai été formellement mise en garde pour mes absences. Lorsque vous recevez le troisième avertissement pour absence, vous devez soit accepter une retraite pour cause de maladie, soit perdre votre emploi. Ils ont dit que je ne pouvais pas prendre plus de 10 jours de congé de maladie sur deux trimestres, alors j'aurais pu passer à la deuxième étape. J'ai été sauvé par le confinement.
« J'ai envoyé tellement d'e-mails au syndicat, disant j’ai vraiment du mal à m’en sortir, j'ai peur, aidez-moi s'il vous plaît, mais je n'ai pas eu de réponse. »
Elle a remarqué que certains enseignants du groupe « se remettaient de plus en plus et que d'autres allaient de pire en pire ». «Certaines écoles fournissent des taxis pour les personnels pour qu'ils n'aient pas à utiliser les transports en commun, des fleurs, des équipements de mobilité, un retour progressif au travail, et un enseignement à distance, payant même deux membres du personnel. Une personne du groupe, professeure principale, hautement qualifiée et expérimentée, a dû reprendre le travail sans progression, sans modification de son planning. Elle devait travailler à l'étage. Je pense qu'elle a été licenciée.
« Nous faisons nos cours avec passion et voulons faire notre travail. C'est une folie de ne pas nous donner les moyens d’y arriver. »
En tant que seule professeure de médias et photographie dans les classes d’examens, Kodoma a dû préparer et corriger les épreuves de cette année.
Mais face à ce qui est une bombe à retardement sanitaire, le gouvernement n'a promis que 50 millions de livres sterling pour la recherche sur le COVID long. Une somme dérisoire par rapport aux 37 milliards de livres sterling gaspillés en arrosant principalement le secteur privé pour développer son système de recherche de contact défaillant, ou aux 17 milliards de livres donnés à des copains conservateurs pour fournir des équipements de protection individuelle.
La secrétaire générale du Congrès des syndicats (TUC), Frances O'Grady, a déclaré que le COVID long devrait être reconnu comme un handicap. « Il est temps de reconnaître correctement cette maladie et de s'assurer que les travailleurs qui vivent avec le COVID long reçoivent le soutien dont ils ont besoin pour faire leur travail », a-t-elle déclaré.
Cela masque le fait que ce n'est qu'avec le soutien des syndicats et du Parti travailliste que le gouvernement a pu maintenir une grande partie de l'économie non essentielle ouverte aux affaires pendant la pandémie et n'a rien fait pour mobiliser ses millions de membres contre une réouverture dangereuse. Le leader travailliste Sir Keir Starmer a insisté l'été dernier pour que les écoles soient rouvertes, « pas de si, pas de mais, pas d'équivoques ».
Pour le site Communistes, le Rapport Tirole Blanchard est une caution scientifique pour valider l'exploitation capitaliste du travail salarié. C'est à la demande d'E. Macron qu'un groupe de 26 économistes a rédigé un rapport visant à donner un support scientifique aux politiques publiques cherchant à lever tous les obstacles au renforcement de l'exploitation capitaliste dans un contexte de concurrence acharnée entre les monopoles à l'échelle mondiale. La réalisation de ce rapport de 510 pages a été dirigé par deux économistes Jean Tirole et Olivier Blanchard. Ce sont deux économistes très représentatifs du courant dominant en économie. Le premier a reçu, il y a deux ans, le prix Nobel d'économie, le second est professeur au Massachuset Institute of Technology (MIT) et il fut chef économiste du FMI. L'un et l'autre comme l'ensemble du groupe des rédacteurs du rapport se situent dans une mouvance qui va des thèses dites néo-libérales à celles néo-Keynesiennes. Autant dire qu'ils sont tous convaincus qu'il n'y a pas d'autre mode de production que celui du capitalisme et qu'ils le défendent becs et ongles! Le choix macronien est donc clairement orienté et cela n'est pas une surprise puisqu'il a été installé à la direction du pays par le capital monopoliste, pour pousser le plus loin possible le remodelage complet de la société française à son profit.
La recherche d'une étape nouvelle dans le développement du capitalisme à l'époque de l'impérialisme faisait dire à Macron au sommet du G7 à Biarritz en 2019 : "nous sommes arrivés au bout de nos dogmes économiques". Concrètement cela signifie que le "compromis social" issu du rapport de force de l'après deuxième guerre mondiale est dépassé avec tout ce qu'il contient de droit sociaux résultats des luttes en matière de protection des salariés et cela, face aux exigences d'un patronat qui veut maintenir voire augmenter ses taux de profits et accumuler encore plus et plus vite du capital. Pour Macron, il s'agit donc de faire valider "scientifiquement" le programme qu'il est chargé de mettre en œuvre pour les capitalistes!
Pour Damien Astier, dans le Grand Soir, La cotisation, c’est du salaire :
Entendre dire par le directeur général de l’Urssaf (Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales) que cette dernière « joue un rôle moteur dans la relance avec les exonérations de cotisations sociales » fait toujours mal aux oreilles.
L’Urssaf est l’organisme responsable de la collecte des cotisations sociales – patronales comme salariales, cette distinction étant purement formelle – versées par les entreprises et qui sont ensuite affectées aux différentes branches de la sécurité sociale.
Or rappelons que ces cotisations sociales ne constituent pas des charges, dont les entreprises, voire les salariés, porteraient le poids, mais du salaire. En effet, dans la répartition primaire de la valeur entre capital (profits) et travail (salaires) inhérentes à notre économie capitaliste, les cotisations concernent la part travail. Il s’agit de salaire socialisé, c’est à dire qu’il n’est pas versé au salarié directement (comme le salaire net) mais qu’il est mutualisé à l’échelle nationale puis reversé en tant que de besoin à chacun via les différentes caisses de sécurité sociale :
- soit directement sous forme de salaire direct pour les travailleurs du secteur hospitalier,
- soit sous forme de salaire continué à travers les pensions de retraites,
- soit sous forme de prestations en compensation ou complément de salaire selon les situations des travailleurs au regard de l’emploi (chômage, arrêt de travail), de la famille (allocations familiales pour les parents),
- soit sous forme du couple « gratuité » des soins / rémunération des professionnels de santé libéraux conventionnés (la carte vitale sert à « payer » un médecin conventionné, c’est à dire qui respecte les principes et tarifs de la sécurité sociale, sans faire apparaître l’échange marchand à charge du malade).
En clair, l’Urssaf collecte une part de la richesse produite par notre travail puis la répartit pour assurer notre protection sociale : 500 milliards d’euros sont ainsi gérés en dehors du budget de l’État, par un organisme privé chargé d’une mission de service public. Sans les cotisations sociales, nos salaires directs seraient certes plus élevés (pour ceux qui ont un emploi), mais il nous faudrait nous protéger individuellement, chacun dans son coin, à travers de l’épargne personnelle ou des souscriptions d’assurances privées pour couvrir tous les risques et moments de la vie : maladie, chômage, parentalité, handicap, vieillesse. Ce dispositif nous émancipe des employeurs en déconnectant une partie de notre salaire (les retraites, les prestations sociales de la sécu, les allocations chômage, la gratuité des soins) de tout rapport à l’emploi.
Contrairement à ce que laisse penser le vocable de charges dont il serait bienvenu d’exonérer les entreprises pour aider la relance, les cotisations reconnaissent et affirment une production de valeur non liée à l’activité marchande des entreprises. Pour autant, elles sont « connectées » à la masse salariale des entreprises pour que cette production de valeur soit économique reconnue et donc intégrée dans le coût de fabrication des biens et services que nous nous échangeons ensuite, la plupart du temps dans un rapport marchand, en raison de l’extrême division sociale du travail de notre société.
Qu’a fait le gouvernement pour pallier la crise sanitaire ?
Lors de la crise sanitaire, le gouvernement a donc choisi, d’un côté, d’exonérer les entreprises de leurs cotisations sociales (donc de baisser nos salaires indirects qui alimentent les soignants, les retraités, les caisses de chômage, etc.) et parallèlement de créer de la monnaie (les fameux 100 milliards d’euros du plan de relance via la dette publique) reversée aux entreprises sans contrepartie, afin qu’elles survivent et continuent de verser une part des salaires – et donc des cotisations – de leur employés. Avec le risque, qui s’est avéré dans les entreprises prenant la forme de sociétés de capitaux (Aéroport de Paris, Sanofi, Carrefour, etc), que les milliards soient en partie conservés par les actionnaires pour le versement des dividendes, et qu’une infime partie ruisselle...et encore, avec des licenciements à la clé !
Un autre chemin était possible : maintenir les cotisations, voire les moduler en les augmentant pour les secteurs économiques non suspendus durant la crise sanitaire (la modulation est évoquée par le directeur de l’Urssaf dans son entretien, mais uniquement dans le sens de l’allègement), et reverser directement aux salariés et indépendants un salaire minimum, sans passer par la case « entreprises » en évitant ainsi que des milliards d’euros soient détournés au profit des dividendes des actionnaires, qui se sont bien portés en 2020. Pour eux tout va bien, merci la crise !
Seul le travail produit de la richesse.
Pour conclure, il est important de garder en tête que seul le travail – au sens d’activité humaine – produit de la richesse, c’est à dire de la valeur d’usage. Un paquet d’actions posé sur le sol, ne produit rien. Un titre de propriété, même celui d’un bel immeuble, ne crée aucune valeur. Le grand sujet de notre société, au sens de groupe d’humains vivant sur un territoire donné, étant de s’entendre sur la part de cette valeur d’usage qu’il convient de reconnaître sous forme de valeur économique (d’argent), et sur les institutions qu’il convient de construire et d’étendre pour assurer l’organisation du travail la plus juste, la plus écologique et la plus souhaitable : la sécurité sociale et son système de cotisations, préfigurateur de salaire déconnecté de l’emploi, que nous appelons salaire à vie, reste une modèle à poursuivre et développer.