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13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 08:15

Au passif du Thatchérisme, on doit imputer le chômage, la pauvreté, le renforcement des inégalités sociales et – surprise ! – un accroissement du pouvoir de l’État sur les citoyens.

 

En arrivant au pouvoir en 1979, Margaret Thatcher décide, par dogmatisme (TINA a toujours raison), de diminuer brutalement les investissements publics et les impôts. Dans le même temps, elle augmente les crédits de défense et de police (les policiers vont vivre les plus belles années de leur vie). Mais comme le pays a besoin d’argent pour se moderniser, Thatcher emprunte, ce qui fait monter les taux d’intérêt. La livre est artificiellement dopée mais les bénéfices des entreprises diminuent et le chômage augmente.

 

L’échec le plus grave et le plus visible de la politique thatchérienne se situe d’emblée au niveau du chômage. Un demi échec, en fait dans la mesure où les conservateurs ont volontairement produit du chômage. Le sous-emploi avait déjà frappé avant l’ère thatchérienne. Puisque si en 1965 le pays ne comptait « que » 380 000 demandeurs d’emploi, les chiffres étaient de 550 000 en 1973 et 1 220 000 en 1979. Sous Thatcher, l’accroissement fut fulgurant : 1 560 000 en 1980, 2 420 000 en 1981 (800 000 chômeurs de plus en un an !), 2 790 000 en 1982 et un peu plus de 3 000 000 en 1984. Un Britannique en âge de travailler sur 8 était sans emploi. Dans le même temps, les offres d’emploi ne faisaient que baisser, passant de 380 000 en 1973 à 180 000 en 1982. L’aspect le plus douloureux du problème est que le chômage, à l’inverse de ce qui se passait aux États-Unis et de ce qui s’était passé durant les années trente outre-Manche, frappait longuement et de manière sélective. En avril 1983, sur 10 chômeurs, 4 étaient de longue durée (plus d’un an). Le Sud était la région la moins touchée (9,8%), le Nord-Ouest la région la plus affectée (16%). En Irlande du Nord, 1 travailleur sur 5 était sans emploi. La population de couleur était deux fois plus concernée par le chômage que la population blanche. De septembre 1979 à janvier 1984, le nombre total des emplois en Grande-Bretagne diminua de 2 000 000. Les pertes furent les plus sensibles dans l’industrie manufacturière. ¾ des suppressions d’emploi provenaient de restructuration dans la sidérurgie, la mécanique et l’automobile. Dans le même temps, l’agriculture perdit 17 000 emplois, les mines de charbon 55 000.

 

 

La pauvreté devint banale. Selon des statistiques britanniques en 1983, celles de l’institut Market and Opinion Reasearch International (prudentes en la matière), 15 millions d’habitants (plus d’1 sur 4) devaient être considéré comme économiquement faibles. Le chiffre n’était « que » de 11 500 000 à l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher en 1979. En 1981, 2 800 000 Britanniques vivaient en dessous du seuil de pauvreté placé par les autorités officielles à 50 livres sterling par semaine pour un couple sans enfant. En 1983, 3 000 000 de Britanniques ne bénéficiaient d’aucun chauffage. 7 000 000 avaient besoin d’un manteau chaud et d’une paire de chaussures de rechange. 3 500 000 ne pouvaient pas s’acheter de vêtements neufs. 7 000 000 ne mangeaient pas à leur faim. 3 000 000 ne mangeaient de la viande qu’une fois par semaine. 2 200 000 n’avaient pas les moyens de fêter Noël. 6 000 000 avaient des difficultés à faire face à leur endettement.

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commentaires

K
http://www.dailymotion.com/video/xz350s_le-fn-rend-hommage-a-thatcher_news
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B
Le dernier paragraphe est poignant. Et dire que certains chez nous continuent de chanter les louanges de cette personne !<br /> <br /> Sinon, je crois que dans un épisode précédent vous aviez parlé des saillies eugénistes de certains conservateurs dans les années 1970. Eh bien, ça continue :<br /> <br /> http://www.theguardian.com/politics/2013/oct/11/genetics-teaching-gove-adviser
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