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15 décembre 2013 7 15 /12 /décembre /2013 06:15

Je reviens sur un entretien très intéressant de Claude Hagège accordé à l’Express en mars 2012 sur le danger de la langue anglaise obligatoire. Souvenons-nous qu’en 1999 le PDG de Renault, Louis Schweitzer (proche de Fabius), avait imposés l'anglais dans les comptes rendus de réunions de direction. Une mesure sur laquelle il serait obligé de revenir, à la plus grande satisfaction de Claude Hagège. "Les entreprises qui ont adopté cette mesure ont perdu en efficacité. Pour une raison simple, que décrit très bien l'ancien patron de Sanofi-Aventis, Jean- François Dehecq : "Si nous imposons l'anglais à tous, les natifs anglophones fonctionneront à 100 % de leur potentiel, ceux qui le parlent bien en seconde langue, à 50 %, et les autres, à 10 %.""

 

 

Comment décide-t-on, comme vous, de consacrer sa vie aux langues?

 

Je l'ignore. Je suis né et j'ai grandi à Tunis, une ville polyglotte. Mais je ne crois pas que ce soit là une explication suffisante : mes frères, eux, n'ont pas du tout emprunté cette voie.

 

Enfant, quelles langues avez-vous apprises?

 

A la maison, nous utilisions le français. Mais mes parents m'ont fait suivre une partie de ma scolarité en arabe - ce qui montre leur ouverture d'esprit, car l'arabe était alors considéré comme une langue de colonisés. J'ai également appris l'hébreu sous ses deux formes, biblique et israélienne. Et je connaissais l'italien, qu'employaient notamment plusieurs de mes maîtres de musique.

 

Combien de langues parlez-vous?

 

S'il s'agit de dénombrer les idiomes dont je connais les règles, je puis en mentionner plusieurs centaines, comme la plupart de mes confrères linguistes. S'il s'agit de recenser ceux dans lesquels je sais m'exprimer aisément, la réponse sera plus proche de 10.

 

Beaucoup de Français pensent que la langue française compte parmi les plus difficiles, et, pour cette raison, qu'elle serait "supérieure" aux autres. Est-ce vraiment le cas?

 

Pas du tout. En premier lieu, il n'existe pas de langue "supérieure". Le français ne s'est pas imposé au détriment du breton ou du gascon en raison de ses supposées qualités linguistiques, mais parce qu'il s'agissait de la langue du roi, puis de celle de la République. C'est toujours comme cela, d'ailleurs : un parler ne se développe jamais en raison de la richesse de son vocabulaire ou de la complexité de sa grammaire, mais parce que l'Etat qui l'utilise est puissant militairement - ce fut, entre autres choses, la colonisation - ou économiquement - c'est la "mondialisation". En second lieu, le français est un idiome moins difficile que le russe, l'arabe, le géorgien, le peul ou, surtout, l'anglais.

 

 

L'anglais ? Mais tout le monde, ou presque, l'utilise!

 

Beaucoup parlent un anglais d'aéroport, ce qui est très différent ! Mais l'anglais des autochtones reste un idiome redoutable. Son orthographe, notamment, est terriblement ardue : songez que ce qui s'écrit "ou" se prononce, par exemple, de cinq manières différentes dans through, rough, bough, four et tour ! De plus, il s'agit d'une langue imprécise, qui rend d'autant moins acceptable sa prétention à l'universalité.

 

Imprécise?

 

Parfaitement. Prenez la sécurité aérienne. Le 29 décembre 1972, un avion s'est écrasé en Floride. La tour de contrôle avait ordonné : "Turn left, right now", c'est-à-dire "Tournez à gauche, immédiatement !" Mais le pilote avait traduit "right now" par "à droite maintenant", ce qui a provoqué la catastrophe. Voyez la diplomatie, avec la version anglaise de la fameuse résolution 242 de l'ONU de 1967, qui recommande le "withdrawal of Israel armed forces from territories occupied in the recent conflict". Les pays arabes estiment qu'Israël doit se retirer "des" territoires occupés - sous-entendu : de tous. Tandis qu'Israël considère qu'il lui suffit de se retirer "de" territoires occupés, c'est-à-dire d'une partie d'entre eux seulement.  

 

Lire la suite ici.

 

 

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