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6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 06:17

 

Une autre idée-force traverse les consciences en frôlant le mythe : celle d’une renaissance gothique, c’est-à-dire d’un esprit, d’une tradition inspirés de la forêt des Goths, antérieure à l’invasion normande, donc anti-française. Alors que dans la France du XVIIe siècle l’art gothique était l’art barbare par opposition à l’art de l’Antiquité, au début du XIXe siècle, en Grande-Bretagne, un courant gothique romantique, généralement germanophile, réhabilite le Moyen Âge et son art ogival. On s’intéresse désormais, on s’inspire de l’architecture, de la peinture, de la sculpture gothiques.

 

Être gothique comme Walter Scott, l’auteur d’Ivanhoe, c’est s’affirmer patriote contre une certaine France. Scott, qui parlait la langue des Lowlands, obtiendra un fort succès en France en inspirant Balzac et Victor Hugo. Son Quentin Durward, vendu chez nous à 30 000 exemplaires, ce qui était considérable, évoque la France du XVe siècle, la lutte entre Louis XI et Charles le Téméraire, par le prisme de l’histoire d’un garde écossais au service du roi.

 

Bref, les choses bougent, et dans les jardins, des créations “ gothiques ” (comme les temples, les bosquets sombres) vont cohabiter avec des motifs d’inspiration antique (colonnes, statues) avant de les supplanter.

 

 

 

En outre, posséder un jardin est un acte d’affirmation. La propriété foncière gagne en effet en importance politique. Pour être membre du Parlement, il faut justifier d’un “ estate ”, un domaine, une propriété. Aujourd’hui, l’équivalent de “ bien immobiliers ” est “ real estate ”. Du bon, du vrai, du réel. Il est bon que le domaine comporte des fermes, des bois, sources de revenus. Les parcs, les résidences, les manoirs deviennent le symbole du dynamisme d’une classe dirigeante en plein état de grâce et le conservatoire du génie anglais.

 

Politiquement parlant, abandonner la géométrie à la française, c’est, après la Glorieuse Révolution de 1688 (encore appelée “ bloodless ”, sans effusion de sang), refuser l’absolutisme, le centralisme à la Colbert, et préférer un plus juste équilibre des pouvoirs entre les Chambres et le roi.

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commentaires

A
"A la brune", elle doit même carrément épouvanter. Ann Radcliffe - suivie par Ducray-Duminil et l'inépuisable vicomte d'Arlincourt - aurait adoré la photo de cette tour et les broussailles qui la ceignent permettant d'imaginer toutes les perversions...
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G
Entre chien et loup, elle doit faire frémir...
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M
La tour néo-gothique au milieu des broussailles me fait rêver. Un Lord Byron n'y serait pas déplacé...
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