Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 février 2014 2 04 /02 /février /2014 06:20

Dans son éditorial, Serge Halimi nous dit qui sont les censeurs et les scélérats :

La liberté d’expression n’existe que quand on l’applique aux propos qu’on réprouve. Les atteintes à son principe survivent d’ailleurs très longtemps aux motifs qui les ont justifiées et aux gouvernants qui s’en sont emparés pour sévir. Le 25 octobre 2001, dans le climat de quasi-panique consécutif aux attentats meurtriers du 11 septembre, un seul sénateur américain, M. Russell Feingold, vota contre le Patriot Act, arsenal de dispositions liberticides que le prétexte du combat contre le terrorisme permit de faire adopter en bloc par les élus du Congrès. Treize ans et un président plus tard, ces mesures d’exception demeurent la loi des États-Unis.

On sait que les ministres de l’intérieur se soucient davantage d’ordre et de sécurité que de libertés. Chaque menace les encourage à exiger un nouvel attirail répressif qui rassemblera autour d’eux une population inquiète ou scandalisée. En janvier, la France a ainsi interdit à titre préventif plusieurs réunions et spectacles jugés contraires au « respect dû à la dignité de la personne humaine ». S’élevant contre les tirades antisémites de Dieudonné, qui « n’est plus un comique » et dont la démarche « ne relève plus de la création », M. Manuel Valls a menacé : « Je ne veux écarter aucune possibilité, y compris un durcissement de la loi (1). » Mais un État démocratique peut-il accepter sans frémir que le ministre de la police juge, ès qualités, l’humour et la création – y compris quand l’un et l’autre sont absents ?

 

Thomas Frank décrit la “ Révolte américaine contre les ogres du fast-food ” :

Le président Barack Obama a récemment fait de la réduction des inégalités l’objectif principal de son second mandat. Il devra pour cela augmenter le salaire minimum, dont la stagnation depuis plus de sept ans a conduit les employés de la restauration rapide à lancer un mouvement de grève dans plus de cent villes des États-Unis.

 

 

 “ La Corée du Nord se rêve en futur dragon ”, selon Patrick Maurus :

Souvent, les dirigeants de la République populaire démocratique de Corée s’acharnent à ressembler à leur caricature, comme lors des récentes purges au sein du Parti du travail ou de l’essai nucléaire de l’an dernier. Mais derrière ces actions spectaculaires se dessine un nouveau paysage économique. Pour longtemps ?

 

 

Vincent Descombes réfléchit sur le concept de “ Crises d’identités ” :

Selon le dictionnaire Larousse, l’identité désigne le « caractère permanent et fondamental » d’une personne ou d’un groupe. Or il n’est pas inhabituel aujourd’hui de considérer que nous avons des identités plurielles, produites par l’histoire, les rencontres, la multiplicité des liens que nous tissons. Que signifie alors cette notion paradoxale, tant pour l’individu que pour la collectivité au sein de laquelle il s’exprime ?

 

 

En Roumanie, Bruxelles évangélise les campagnes (Pierre Souchon) :

Des millions de Roumains vivent de l’agriculture de subsistance. Au nom de la compétitivité, l’Union européenne a décidé d’y mettre un terme. Rappelant des temps anciens, des « agents d’européanisation » parcourent le pays. Loin de leurs spots publicitaires, la population, qui subit l’austérité imposée par les institutions internationales, fait de la résistance.

 

 

Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin relient le malaise français à la colère bretonne :

Bastion électoral de la gauche de gouvernement, la BrÉtatgne fut longtemps le terrain d’expérimentation d’une social-démocratie centriste. Or, durant tout l’automne, les « bonnets rouges » ont animé une contestation aux formes les plus diverses. Ce mouvement traduit le malaise provoqué par le vacillement d’un modèle agricole fondé sur le productivisme et le libéralisme.

 

 

A Sotchi, on va produire de l’or blanc sur la mer Noire (Guillaume Pitron) :

« Plus vite, plus haut, plus fort. » La devise olympique s’applique aussi bien aux performances des skieurs qu’au budget des Jeux d’hiver organisés à Sotchi. Pour M. Vladimir Poutine, il s’agit à la fois de célébrer l’identité nationale et de réaffirmer la puissance de l’Étatt dans le Caucase du Nord. Mais les rebelles islamistes du Daghestan ont juré de saboter la fête.

 

Posée à un chef de chantier œuvrant sur les sites olympiques, la question du respect des droits humains et des réglementations environnementales nous vaut un regard incrédule, tant ce sujet paraît loufoque. S’il avait fallu commencer par éradiquer la corruption systémique et consulter la population à chaque décision administrative, nous répond-on en substance, les fondations de la patinoire olympique seraient aujourd’hui à peine sèches. « Le Comité international olympique a paralysé toute initiative démocratique en cautionnant la réalisation de travaux colossaux en un temps record ! », confirme Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue de diplomatie Russia in Global Affairs. « Dès lors, par essence, ce qui se passe à Sotchi ne pouvait en aucun cas constituer un test pour l’Étatt de droit dans notre pays. »

 

 

Hicham Ben Abdallah El-Alaoui pense que “ le « printemps arabe » n’a pas dit son dernier mot ” :

Trois ans après le début d’un mouvement qui a emporté les dictatures de MM. Zine El-Abidine Ben Ali, Hosni Moubarak et Mouammar Kadhafi, la contestation dans le monde arabe, menacée par les ingérences étrangères et par les divisions confessionnelles, cherche un second souffle. Si la Syrie vit le pire des scénarios, la Tunisie confirme que l’aspiration à la citoyenneté et la recherche de compromis peuvent déboucher sur des avancées réelles.

 

 

Au Soudan du Sud, Gérard Prunier observe “ l’écroulement des espoirs démocratiques ” :

Une féroce guerre civile a éclaté fin 2013 au Soudan du Sud, moins de trois ans après l’indépendance du pays. Opposant les partisans du président Salva Kiir à ceux de son ancien vice-président, M. Riek Machar, elle menace la stabilité régionale. Un fragile cessez-le-feu a été annoncé le 23 janvier pendant que, de l’autre côté de la frontière, l’armée soudanaise provoque des déplacements massifs de populations.

 

 

Tandis que Jean-Baptiste Gallopin  est allé en reportage avec les réfugiés du Nil Bleu :

En ce matin de mai 2012, le village de Gabanit, au pied des monts Ingessana, dans l’Étatt soudanais du Nil Bleu, est sur le point de subir une offensive de l’armée. C’est un Antonov qui lance l’attaque. Volant à haute altitude, l’avion-cargo largue plusieurs bombes artisanales – des barils remplis d’explosifs et de métal, qui roulent hors de sa soute. Puis c’est au tour de l’artillerie, qui pilonne aveuglément le village et les collines avoisinantes, où se sont réfugiés les rebelles du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan nord (Sudan People’s Liberation Movement/Army North, SPLM/A-N). Les civils s’enfuient, pris de panique, tandis que l’infanterie envahit le village, tirant à vue. Ceux qui sont trop lents ou trop faibles sont abattus ou brûlés vifs quand l’armée met le feu aux habitations. Il ne reste du village que son école, transformée en base de l’armée. Même la mosquée est en ruine.

 

 

“ Que viva Mexico ! ”, proclame Laurent Courtens :

Dans le sillage de la révolution mexicaine du début du XXe siècle, des artistes s’unissent afin de créer des œuvres qui rendent sensibles ses causes et ses aspirations. En choisissant la fresque, peinte sur les murs des lieux publics, ils offrent à tous la rencontre de la tradition et de la modernité, la transformation de la réalité commune en légende. Ils signent ainsi l’un des grands manifestes de l’engagement.

 

 

“ Pourquoi l’Uruguay légalise le cannabis ”, demande Johann Hari :

Le 23 décembre dernier, le président uruguayen José Mujica a approuvé un projet de loi visant à créer un marché réglementé du cannabis. Il devient ainsi le premier chef d’Étatt à autoriser la production et la vente – dans un réseau de pharmacies – d’une drogue interdite ailleurs.

 

 

Pendant que François Polet perçoit “ la fin de la « guerre contre la drogue » ” :

Longtemps, Washington a imposé sa solution au fléau des stupéfiants : la guerre, de préférence menée sur d’autres territoires que le sien. Depuis quelques années, toutefois, le consensus se fissure.

 

 

L’Agence France-Presse survivra-t-elle au déclin des journaux ?, se demande Marc Endeweld :

Membre du trio de tête des agences mondiales d’information, l’Agence France-Presse (AFP) subit de plein fouet la crise de la presse écrite française et la concurrence des réseaux sociaux ou des vidéos de particuliers. A l’heure où la plupart des médias sacrifient l’actualité internationale aux potins et aux faits divers, son maillage mondial la rend pourtant irremplaçable. Mais son équilibre économique n’est pas assuré.

 

 

Timour Muhidine est allé observer “ Les apaches d’Istanbul ” :

Le mouvement autour du parc Gezi d’Istanbul, au printemps dernier, a fait émerger les multiples visages d’une société turque volontiers contestataire. Surnommés « apaches », les jeunes banlieusards, en particulier, peuplent les récits d’une nouvelle génération de romanciers.

 

 

Enfin, Évelyne Pieiller nous invite à faire la sieste :

 

« Souffrant insomnie, échangerais matelas de plumes contre sommeil de plomb. » Cette petite annonce de Pierre Dac dans L’Os à moelle, en 1938, ne peut qu’aller droit au cœur, ou plutôt au réseau neuronal, du tiers des Français qui dorment mal. Et qui tentent d’y remédier en faisant un usage conséquent de psychotropes, ces substances qui agissent sur le système nerveux central et contribuent à modifier l’humeur. Le Français est le plus opiniâtre consommateur européen de cette chimie psychique, que dédaigne massivement l’Allemand, ce dont on ne saurait tirer de conclusion. Et il élit parmi ces molécules de secours les hypnotiques – ou somnifères – avec un enthousiasme qui le place dans le peloton de tête de leurs usagers, juste derrière le citoyen belge. Hypnotiques et antidépresseurs ont beaucoup en commun ; on peut donc supposer sans excès de hardiesse que ces nuits agitées ont plus à voir avec le souci qu’avec la qualité de la literie. Et, comme l’enquête qui a établi ce pourcentage date de 2012, il est à craindre que la proportion de bons dormeurs ne tende encore à se réduire.

 

Partager cet article
Repost0

commentaires