Des travailleurs d'avant les luttes syndicales, des travailleurs livrés pieds et poings liés au patronat voyou, sous l'œil indifférent des politiques.
Les photos qui suivent ont été prise par Lewis Hine, sociologue et photographe. Aux États-Unis, vers le début du XXe siècle. Elles auraient pu être prises en France, au Royaume-Uni, en Allemagne et dans bien d'autres pays.
Je les adresse à ceux qui pensent que les luttes syndicales ne servent à rien, alors qu'elles ont grandement fait progresser la cause de l'humanité. Et, à un degré moindre, à ceux qui, syndicalistes, pensent que le syndicalisme n'est pas, n'est plus, un sport de combat. Ils sont malheureusement de plus en plus nombreux, jusque dans les organisation qui, dans leurs statuts, prônent la transformation sociale.
PS : un lecteur instituteur me remet en mémoire ce très beau poème de Victor Hugo :
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs, que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : « Petits comme nous sommes,
« Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! »
Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil !
Progrès dont on demande : « Où va-t-il ? Que veut-il ? »
Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l'homme !