Y a-t-il une entreprise plus française que Christofle ? Pas sûr. Cette orfèvrerie fut fondée par Charles Christofle en 1830. Très vite, elle se spécialisa dans l’argenture et la dorure. Ses successeurs introduisirent la galvanoplastie. Depuis Christofle est synonyme de qualité, d’excellence française, de l’époque où l’on ne travaillait pas plus pour gagner plus mais où l’on avait le culte du travail bien fait.
Ces temps-ci, la société Christofle s’est lancée dans une campagne de pub avec un slogan, je vous le donne en mille, mâtiné d’anglais. Avec Christofle, on vit des « Silver Moments ». « Instants Argentés » ? C’était l’horreur ! En plus, en français, on pouvait jouer sur le double sens d’« argent » (le métal et la monnaie), ce qui n’est pas possible avec l’anglais. Faut tout leur dire à ces concepteurs neuneux.
PS : deux petites remarques qui n’ont rien à voir sur des faits de langue qui me hérissent. Il semble que les cadres dynamiques, du privé comme du public, affectionnent les mots qui se terminent en « du ». On ne dit plus les « attentes » (« nos attentes en matière de résultat ») mais les « attendus ». On ne se contente plus de la « remise » (d’un dossier ») mais du « rendu » de ce dossier. Quand on remplace un bon mot par un faux mot, cela cache quelque chose. Je ne sais pas trop quoi, mais je trouverai.
On sait que l’université française est de moins en moins républicaine et de plus en plus managériale, tant elle se décroche le cou en regardant du côté des States. On en veut pour preuve les nouveaux noms d’établissement universitaire qui fleurissent actuellement. Plusieurs établissements normands se sont récemment regroupés. Ils auraient pu appeler leur nouvelle communauté universitaire « Université de Normandie ». Pas assez Wall Street. Ils ont préféré « Normandie Université ».
Avec ce symbole de toute beauté :