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12 janvier 2015 1 12 /01 /janvier /2015 06:38

 

 

Une revue de presse entièrement consacrée au massacre de Charlie Hebdo.

 

Je suis en deuil, nous dit Jean Ortiz dans les colonnes du Grand Soir. Le crime de ces assassins vise notre République, celle des Lumières, du contrat social, des droits de l’homme, de l’égalité entre eux, de la liberté pleine et entière... Cette « gueuse » que sociaux et néolibéraux n’ont de cesse, depuis plus de trente ans, de dépecer, de démonter, d’affaiblir par l’explosion des inégalités, le communautarisme, l’instrumentalisation du racisme, la concurrence à tout crin, par le rabougrissement de l’Etat, la multiplication des brisures sociales, la ruée contre les services publics et les biens communs, la casse de l’ascenseur social scolaire, jadis intégrateur, la pratique de l’amalgame délétère « Islam = terrorisme » , le « no future » pour des millions de jeunes Français, quelle que soit leur origine.

Oui, l’islamisme, comme tous les intégrismes, est un danger. Mais qui arme et entraîne ces monstres ? Le Qatar, l’Arabie Saoudite, les Emirats, ces Etats voyous, extrémistes, obscurantistes, valets de l’impérialisme français, qui blanchissent les milliards sales dans des paradis fiscaux, garantissent aux multinationales occidentales une chasse gardée pétrolière, piétinent les droits de l’homme et des femmes, combattent les laïques et la gauche...

 

Dans les colonnes de Mediapart, Mireille Azzoug rend hommage à son collègue et ami Bernard Maris, né à Toulouse, comme on le sait : « Il séduisait son auditoire par l’originalité et la hardiesse de sa pensée, rétive à toute orthodoxie, par la clarté pédagogique de son exposé, qui ne sacrifiait en rien la finesse et la sophistication de l’analyse. Il enseignait avec brio le fonctionnement des marchés financiers, les rouages de l’économie financière et boursière, l’économie du développement durable, l’économie européenne. Il savait mettre au jour la fonction de légitimation du discours dominant. »

 

Jacques Sapir fait de même dans le Huffington Post : Fils de Républicains espagnols émigrés en France, il fit des excursions dans le cinéma, collaborant avec Jean-Luc Godard en particulier. L'étendue de ses connaissances, non seulement en économie mais aussi en histoire et dans les diverses sciences sociales frappait tous ceux qui le lisaient. Bernard avait fait sienne la démarche d'Adam Smith qui considérait que l'économie était une science morale et impliquait des liens étroits avec les autres disciplines des sciences sociales. Rien ne lui était plus étranger que le fumeux concept « d'économie pure » mis à la mode par Léon Walras et dont s'inspire tout une tradition d'économistes qui brillent autant par la formalisation de leurs raisonnement que par l'irréalisme de leurs déductions.

 

Nommé en 2011 au Conseil Général de la Banque de France, il devait franchir le pas au début de 2014 et expliquer pour quelles raisons il était désormais favorable à une dissolution de la zone Euro et à un retour aux monnaies nationales.

 

Mediapart rend hommage à Moustapha Ourrad, correcteur de presse, assassiné dans les locaux de Charlie Hebdo : Son nom a peu été cité. C'était un homme discret, plus que discret, mais toujours présent et efficace. Un vrai professionnel que tous respectaient. Toujours aimable et optimiste.
Il n'aurait pas aimé d'hommage. Mais au lendemain de ce jour terrible, nous pensons à lui, mort pour la seule liberté d'expression.

 

 

Enfin, Philippe Arnaud, dans le Grand Soir, évoque le « paradoxe de Charlie Hebdo : Il y a un certain paradoxe, à ce que Charlie Hebdo, grossier, scatologique, gaulois, irrévérencieux, athée, bouffeur de curés (de papes, surtout), pourfendeur de toute autorité, au mauvais goût assumé, soit aujourd’hui salué par les autorités civiles (deuil national, déblocage d’un million d’euros par le gouvernement, drapeaux en berne), béni le pape, l’archevêque de Paris, les cloches de Notre-Dame, et même (abomination de la désolation !) par Marine Le Pen et Florian Philippot (qui s’indignent de ne pas avoir été conviés à la manifestation d’hommage à Charlie)... Charlie Hebdo pleuré par le Front National : n’est-ce pas plus inouï que le débarquement sur la lune ? Que doivent en penser Cavanna et le professeur Choron ?

Sauront-ils se préserver, se raidir contre la reconnaissance ? En les visant, les terroristes n’ont-ils pas porté à Charlie un autre coup terrible : pousser le journal du côté des notables, des forts, des puissants, du côté du manche ? Cette déviation n’était-elle pas envisageable dès lors qu’en 1999 le journal avait pris partie pour l’intervention contre la Serbie ?

 

Par ce crime atroce, la rédaction aura échappé à cette déchéance : Cabu à l’Académie française et Charb avec la légion d’honneur. Leurs successeurs résisteront-ils à la dérive ?

Revue de Presse (113)
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