La France est un pays où le PDG d’une entreprise nationale (quoique largement privatisée), Air France pour ne pas la nommer, peut se permettre, devant un aéropage (sic) de patrons qui gloussent discrètement leur approbation, de se prononcer contre l’interdiction du travail pour les enfants et pour des peines de prison pour les grévistes.
Du temps de De gaulle, un tel butor aurait été mis à pied dans les deux heures.
Cela ne semble pas gêner nos sociaux-traîtres. Et ce ne sont pas les rodomontades hystériques de Valls en campagne électorale – même si le piteux Guedj voit en lui un « rebelle », qui y changeront grand-chose.
Aujourd’hui, les entreprises privées peuvent tout se permettre. Comme certains présidents d’université qui précarisent volontairement leurs personnels ouvriers et de service alors que rien ne les y oblige.
Sur les murs de Lyon, on peut voir actuellement une campagne publicitaire déclinée par la mutuelle Adréa. Je ne connais pas vraiment cette société mais j’imagine qu’elle est plutôt locale. Je n’en avais jamais entendu parler dans d’autres régions de France que le Lyonnais. Elle semble s’adresser en priorité aux employés des entreprises privées. À ce titre, elle sait leur parler.
Le message de l’affiche qui suit est très clair : dans un pays qui n’est que contraintes et obligations, Adréa « agit ». Les pouvoirs publics ne sont que bureaucratie et amorphisme, mais leur mutuelle les « libère ».
L’affiche suivante nous affirme qu’Adréa « agit » « quand les Français sont inquiets pour leur santé ». Cette formulation massue est ambiguë. Y a-t-il des moments où les Français ne sont pas inquiets pour leur santé ? Est-ce qu’Adréa n’agit pas lorsque les Français ne sont pas dans l’inquiétude ? Ceci n’est pas clair, contrairement aux yeux de la personne qui nous regarde sagement et intensément. Et ce, même si des remboursements « fortifiés » (qu’est-ce à dire ?) nous sont proposés.
Le message de la dernière affiche que j’ai croisée est franchement politique. Il part du principe que la collectivité n’offre pas de couverture santé optimale et que la mutuelle Adréa pallie les déficiences du système, se substitue à l’État (qui n’agit pas, comme de coutume) en proposant une « surcomplémentaire » (qu’est-ce à dire, one more time ?).
Cette campagne d’une entreprise privée défie clairement les pouvoirs publics. Elle critique ses déficiences, mais avec la subtilité d’« Omo lave plus blanc ». Nous ne sommes jamais dans la dialectique ou la mise en perspective. L’important étant à mes yeux qu’elle peut se le permettre et que son message recouvre sans peine le discours quasi inexistant du pouvoir (vous avez dit « pouvoir » ?) solférinien.
PS : Ici, le durcissement dans l'austérité et la précarité que préparent Hollande et Valls selon Mélenchon (je doute qu'il se trompe) pour le lendemain des élections départementales.
BM 18/03/2015 19:12
Daniel 18/03/2015 10:23