Je reprends ici une analyse du syndicat CGT des impôts.
Cette retenue à la source causera de nouvelles inégalités et exposera la vie privée des travailleurs au regard des employeurs. En outre, elle n’amènera aucun « choc de simplification », la marotte du Grand Timonier solférinien (quand on pense que c’est pour cela – et pour cela uniquement – qu’il risque d’entrer dans l’histoire …).
Même si l’administration fiscale aura une connaissance automatique des salaires, il faudra cependant toujours faire une déclaration pour informer les agents du fisc des changements de situation familiale, de déductions fiscales (frais de garde d’enfant, cotisation syndicale), ou de la fin de ces déductions. Les revenus locatifs devront nécessairement faire l’objet d’une déclaration.
Il y aura toujours un décalage entre la perception des revenus et le paiement de l’impôt. Par exemple en cas de baisse des revenus, un phénomène rare à l’époque des Trente Glorieuses au Royaume-Uni qui pratiquait la retenue à la source. Comme aujourd’hui, le décalage sera d’un an.
Le contribuable n’aura plus le choix, comme actuellement entre le paiement en trois fois ou en douze fois.
La CGT estime par ailleurs que l’impôt sur le revenu deviendrait un impôt indirect car il ne serait plus payé directement par le contribuable à l’État. Il deviendrait donc moins visible. Or il est actuellement l’impôt le moins injuste.
La retenue à la source permettra à l’employeur d’en savoir toujours plus sur l’employé : divorce, personnes à charge, revenus du conjoint, des informations qui ne sont pas, aujourd’hui, officiellement connues de l’employeur.
La CGT pense par enfin que la collecte de cet impôt par les employeurs pourra poser de vrais problèmes. Comme pour la TVA, les entreprises pourront faire de la rétention de trésorerie, voire carrément frauder. Comme pour la TVA et les « charges » sociales, il y aura inévitablement une déperdition des recettes. Mais le surcroît de travail pour cette collecte amènera forcément les patrons à réclamer des compensations que l’État, donc les contribuables, devront payer.