Je le suis depuis 25 ans et il ne me déçoit jamais. Deux points positifs face à son torrent d'inepties langagières : il est passionné par ce qu'il présente et il s'améliore. Il y a dix ou quinze ans, il était inaudible ; aujourd'hui, il est amusant. Autrefois, il était accompagné d'un conseiller technique, un "consultant", comme on dit. Aujourd'hui, ils sont trois ou quatre à lui servir de déambulateur. Il faut bien ça quand on pense que, pour lui, Jimmy Vicaut est antillais alors qu’il est d’origine ivoirienne…
Il faut dire que ces championnats du monde resteront pour Montel un grand moment épiphanique : il a découvert l’existence du pianiste Lang Lang ! Soyons juste, Patrick Boyen, l'autre journaliste, ne connaissait pas non plus Lang Lang qui venait de jouer 10 secondes pour 100 000 Chinois : «Ça doit être une vedette, j'imagine, on ne met pas un inconnu comme ça, y a beaucoup de virtuoses en musique classique, un virtuose très jeune...», déclare-t-il devant un Patrick ironique : « Oh ben je le connais, j'ai tous ses disques ! ».
Le premier jour des championnats du monde, c'était plié, Bolt allait devoir tourner la page, craquer devant l'ancien dopé Gatlin. Bolt gagna. A vingt mètres de la ligne d’arrivée, Montel le proclama battu. Il fallut que Diagana lui explique que, d’une part Bolt avait réussi son départ et que, d’autre part, Gatlin s’était complètement désuni en fin de course. Juste avant cette course, où il fallait attendre des « chronos stratosphériques », où Bolt faisait face à un « challenge juste incroyable », Montel se fendit, sans le savoir, d’une superbe anacoluthe (à l’université de Rouen, il enseigne le Management et le sport de haut niveau, pas la grammaire française) : « je voulais vous faire gagner 5 000 euros en répondant à cette question ».
Le lendemain, Lavillenie avait « les 6 mètres dans les jambes ». Il perdit lamentablement. Et pourtant, cocardier comme pas deux, Montel s'égosilla tant et plus. lorsque le champion français franchit 5m80. Il hurla : "ça va aller très haut". Normal, pour un perchiste… Lorsqu'il tenta 5m90, Montel brailla "il va le faire, Renaud", avant de murmurer dans un râle : "il est maudit". Rien que ça ! Et il ajouta : « quelle malédictions ces championnats, c’est invraisemblable. »
Heureusement, telle autre championne française avait « répondu présent » grâce à une performance « juste hallucinante ». Lors de la finale du 10 000 mètres féminin, en début de course, pardon : durant « le premier kilo », le train était un peu lent, alors le bon Patrick décida de « switcher » vers la perche. La course s’anima lorsque les Ethiopiennes prirent « le leadership ». On entra alors « dans le moneytime » ( ?). Les athlètes de la corne de l’Afrique venaient de « mettre le feu à la course ». Dans le 3 000 steeple, les Kényans faisait soudainement exploser le coureur étasunien, que Montel avait vu vainqueur 30 secondes plus tôt.
Après les épreuves, les athlètes vont à la rencontre des journalistes de télévision. Ce n’est jamais la pagaille car il y a un ordre de préséance. Montel nous expliqua, ce qui était gentil de sa part, dans quel ordre étaient placées les caméras : « d’abord, ce sont les Chinois, ensuite les Anglais, ensuite ce sont nous ».
Vivement demain, la hâte m’habite.