Toujours préciser le lieu d’où l’on parle : comme les syndiqués du Snuipp (professeur des écoles) de Haute-Garonne, je suis affilié à la FSU. Par ailleurs, je suis un parfait mécréant, depuis tout petit. Enfin, alors que je résidais encore à Toulouse, je n'ai pas voté pour l'actuelle municipalité de droite.
Je suis d’autant plus sidéré par la démarche de ces camarades toulousains, choqués que les édiles municipaux aient pu distribuer dans les écoles du département, parmi 16 250 livres CD, la chanson québécoise de “ La poule à Colin ”.
Il s'agissait pour les syndiqués, au nom d’un principe ayatollesque de défense de la laïcité, de ne pas laisser entrer dans les établissements scolaires une comptine qui parle de curé et de paroisse.
Le texte de la chanson :
Colin a une poule qui pond tout les matins
Colin a une poule qui pond tout les matins
Ha elle a été faire sa ponte dans la cour à Martin
Tu l'entend pas mon Lanlire tu l'entend pas mon lapin
Tu l'entend pas mon Lanlire tu l'entend pas mon lapin
Ha elle a été faire sa ponte dans la cour à Martin
Ha elle a été faire sa ponte dans la cour à Martin
Pis Martin a pris sa fourche et lui a cassé les reins
Tu l'entend pas mon Lanlire tu l'entend pas mon lapin
Tu l'entend pas mon Lanlire tu l'entend pas mon lapin
Pis Martin a pris sa fourche et lui a cassé les reins
Pis Martin a pris sa fourche et lui a cassé les reins
Puis il a fait une bonne sauce pour le dimanche matin
Tu l'entend pas mon Lanlire tu l'entend pas mon lapin
Tu l'entend pas mon Lanlire tu l'entend pas mon lapin
Puis il a fait une bonne sauce pour le dimanche matin
Puis il a fait une bonne sauce pour le dimanche matin
Puis tout le monde de la paroisse son venu saucer le pain
Tu l'entend pas mon Lanlire tu l'entend pas mon lapin
Tu l'entend pas mon Lanlire tu l'entend pas mon lapin
Puis tout le monde de la paroisse son venu saucer le pain
Puis tout le monde de la paroisse son venu saucer le pain
Ainsi que Monsieur le curé qui est venu saucer le sien
Tu l'entend pas mon Lanlire tu l'entend pas mon lapin
Tu l'entend pas mon Lanlire tu l'entend pas mon lapin
Ainsi que Monsieur le curé qui est venu saucer le sien
Ainsi que Monsieur le curé qui est venu saucer le sien
Pis trouva la sauce si bonne qui s'y trempa les mains
Tu l'entend pas mon Lanlire tu l'entend pas mon lapin
Tu l'entend pas mon Lanlire tu l'entend pas mon lapin
Pis trouva la sauce si bonne qui s'y trempa les mains
Pis trouva la sauce si bonne qui s'y trempa les mains
Pis des mains ben jusqu'aux coudes, des coudes jusqu'au
reins
Tu l'entend pas mon Lanlire tu l'entend pas mon lapin
Tu l'entend pas mon Lanlire tu l'entend pas mon lapin
Pis des mains ben jusqu'aux coudes, des coudes jusqu'au
reins
Pis des mains ben jusqu'aux coudes, des coudes jusqu'au
reins
Puis il a fait la messe avec ses paroissiens
Tu l'entend pas mon Lanlire tu l'entend pas mon lapin
Tu l'entend pas mon Lanlire tu l'entend pas mon lapin
Puis il a fait la messe avec ses paroissiens
Puis il a fait la messe avec ses paroissiens
À toutes ses bonnes vieilles qui en ont besoin
Tu l'entend pas mon Lanlire tu l'entend pas mon lapin
Tu l'entend pas mon Lanlire tu l'entend pas mon lapin
Puis il a fait la messe avec ses paroissiens
Puis il a fait la messe avec ses paroissiens
À toutes ses bonnes vieilles qui en ont besoin
Tu l'entend pas mon Lanlire tu l'entend pas mon lapin
Que nous disent ces valeureux militants ? Au moment de poser cette question, je m’aperçois que le titre de ce billet n’est pas bon. Les ayatollahs n’ont pas peur (de Dieu, peut-être). Ces camarades, eux, sont morts de trouille : « Un curé bon vivant, des paroissiens rassemblés autour de leur berger et des vieilles qui ont bien besoin de la messe, ça peut prêter à sourire, mais nous pensons au contraire que les institutions laïques se doivent d'être exemplaires. »
Jean-Philippe Gadier, secrétaire départemental du syndicat, dit n’avoir « rien contre cette chanson ». Il ajoute : « On trouve simplement qu'elle est mal venue dans la période qu'on traverse. Le fait religieux est enseigné à l'école, ce n'est pas la question, il l'est dans sa neutralité. La mairie aurait été bien inspirée de ne pas faire référence qu'à une seule religion explicite. Elle devrait respecter toutes les religions dans leur neutralité. Nos écoles sont quand même multiculturelles et cette chanson ne va pas de soi, c'est un malentendu ». La voilà la sainte trouille : « malvenue dans la période qu’on traverse ».
Non, nos écoles ne sont pas « multiculturelles ». Elles sont les écoles de la République française. Sinon, demain, il faudra expliquer la reproduction chez les diptères, “ Le Corbeau et le Renard ” ou le “ Petit Chaperon rouge ” d’une certaine manière aux enfants d’origine judéo-chrétienne, et d’une autre manière aux enfants d’origine musulmane. Et, après-demain lorsque le camarade Gadier emmènera ses ouailles dans l’un des nombreux musées de Toulouse, il cachera à la vue de ses élèves d’origine culturelle musulmane, les innombrables tableaux inspirés par la religion catholique. Que seraient nos musées si Jésus n’avait pas existé ? Et puis, quand il aura un moment, ce camarade relira attentivement la chanson ci-dessus (je pourrai l’y aider, éventuellement). Il s’apercevra qu’il s’agit d’un texte à l’érotisme particulièrement criard – bien plus que “ Savez-vous planter les choux ? ” (« On les plante avec le nez ») – comme quantité de comptines que nous enseignons à nos chères têtes blondes et brunes.