J’en ai un peu ras le bol de dénoncer ce travers politiquement correct (donc de droite), mais je doute que ça leur passe avant que ça me reprenne.
Dans le n° 32 des Zindigné(e)s ! (sic) que j’adore, on le sait, un article collectif (dont je partage largement l’argumentaire concernant la nécessité de primaires vraiment citoyennes afin de rompre avec la fausse gauche) signé, entre autres, par une collègue dont j’admire la personne et le combat depuis longtemps. Article bourré d’horreurs. Je cite :
« l’irruption active des citoyen.nes »
« pour désigner un.e candidat.e »
« la vainqueur.e »
« un.e leader charismatique »
« un.e alter-ministre »
« ce.tte candidate »
« la guerre des chef.fes »
« dénicher un.e sauveur. »
Lorsqu’on se lance dans une logique aussi crétine, même si on est soi-même quelqu’un d’intelligent, on ne va jamais au bout des choses. On prétend innover en français mais on utilise le mot “ expertise ” dans son sens anglais. Et puis on rate son coup. En dénonçant, par exemple, la figure d’« un monarque républicain », qui ne saurait être féminin ou transsexuel, ou de dix membres « dont chacun aura été préalablement sélectionné ». Les femmes passent alors à la trappe.
Certains mots du français n’ont pas de féminins (d’autres n’ayant pas de masculin). C’est le cas de “ vainqueur ”, encore que le mot “ vainqueresse ” a existé. Dans ce cas, on peut prendre un dictionnaire de synonymes pour les nuls et on trouvera “ la gagnante ”.
Marre de ce zèle grotesque, de ce désir du beurre et de l’argent du beurre, de cet accaparement symbolique des attributs virils. Récemment, une universitaire signait un article « X, chercheure ». La chercheuse Marie Curie (qui était une tête) a dû se retourner dans sa tombe.