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22 avril 2016 5 22 /04 /avril /2016 05:33

Dès lors qu’un fait inattendu se répète, il faut être attentif et ne pas s’en remettre aux caprices du hasard. Ma femme vient de connaître, en quelques semaines, la même surprise, le même léger désagrément.

 

Professeur des universités, elle a récemment siégé dans deux jurys de thèse. Les deux thésards étaient citoyens de pays d’Afrique du Nord, tous deux musulmans. Depuis Robert de Sorbon (1201-1274) – j’exagère un peu – il est d’usage qu’après la soutenance et les délibérations, le nouveau docteur (pardon : le-a nouv-eau-elle docteur-e) offre le champagne au jury et au public. De petits amuse-gueule ne sont pas de refus.

 

Il n’est évidemment pas question d’obliger des musulmans stricts à boire de l’alcool. On peut néanmoins attendre d’eux qu’ils offrent ce précieux breuvage tellement français à des éminences universitaires qui viennent de leur accorder un titre de docteur. A deux reprises, ma femme et ses collègues durent se contenter d’une orangeade sucrée pour faire passer les cornes de gazelle (le Coran ne savait rien du diabète).

 

 

Nous sommes en présence d’une démarche politique et non religieuse. Il y a près de quarante ans, lorsque je fus recruté à la Faculté des Lettres de l’Université Nationale de Côte d’Ivoire, mon doyen invita tous les collègues à fêter le nouvel an chez lui. Ce musulman très pieux, nommé depuis recteur de l'Université Musulmane de Côte d'Ivoire, appartenait à ce que Maurice Druon aurait appelé une « grande famille ». Il nous reçut avec ses deux femmes en nous gratifiant de son meilleur champagne, sans en boire une goutte. Pour ce qui est des collègues ivoiriens musulmans, ce fut selon. Certains burent le pétillant breuvage, d’autres pas.

 

J’ajoute que l’un des deux candidats au titre de docteur était un homme. Peu de temps après la soutenance, il s’adressa à ma femme en ces termes : « Nathalie, je te remercie. J’espère qu’on aura l’occasion d’écrire quelque chose ensemble. » Ben voyons ! Il lui avait donné du « Madame le Professeur » en la vouvoyant (ils se rencontraient pour la première fois). Son titre en poche, il pouvait désormais la considérer comme à son service.

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commentaires

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Moui.<br /> <br /> Vous avez peut-être tort de faire un parallèle entre un doyen de faculté - ie un type au sommet de sa carrière, avec les moyens matériels afférents :-) , qui a du rouler un minimum sa bosse et donc être au courant des usages, d'autant plus qu'il appartient à une "grande famille" - et un jeune docteur, sans doute quelque peu désargenté… <br /> L'orangeade et les cornes de gazelle maison, ça revient tout de même moins cher que le Dom Pérignon….<br /> <br /> Perso, des pots de thèse, j'en ai vu un certain nombre, je n'ai jamais eu le sentiment que le champagne ni même l'alcool était un must , à moins que ce ne soit une particularité des thèses littéraires ? :-)) <br /> Dans le même ordre d'idées, je ne me serais pas offusquée d'être "condamnée" à un buffet végétarien ou cacher, l'essentiel étant tout de même que ça ait l'air "festif".<br /> <br /> Quant au tutoiement intempestif, ça me rappelle les réflexions d'une ancienne cheffe, qui s'indignait de ce qu'un jeune thésard la tutoyât par mail, elle qui était Professeur des Universités… Je lui avais alors demandé si ce jeune inconscient n'était pas un étranger, qui n'aurait pas encore maitrisé le " je vous serais obligé de bien vouloir etc…." : c'était précisément le cas. <br /> Pas sûr donc que ce soit là le machisme qui montre le bout de son (vilain) nez. :-))
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