Sur une aire d’autoroute du sud-est. Je viens de conduire 250 kilomètres. Il fait une chaleur post-trumpienne. Je suis un peu abruti par cette canicule et les deux heures de volant. J’ai le cerveau lent (ouaf !).
Un type d’une cinquantaine d’années tenant une gamine par la main s’approche poliment de moi. Il me demande si je parle espagnol. Je réponds que non. Il s’adresse alors à moi dans un français compréhensible. Il me montre sa voiture, garée à côté de la mienne, une Laguna immatriculée en Haute-Garonne. Il m’explique qu’elle est tombée en panne sèche, qu’il aimerait rejoindre ses fils à Lyon et me demande 10 euros pour commencer à faire le plein de sa voiture.
Un habitué de cette aire d’autoroute me regarde d’un air amusé. Je flaire désormais l’arnaque.
Un Polonais se gare de l’autre côté de la voiture de l’Espagnol. Celui-ci lui met le grappin dessus. Il lui sert le même boniment. Le Polonais, qui ne parle que polonais et anglais, ne comprend pas. Je lui explique l’embrouille. L’Espagnol ne comprend pas un mot d’anglais. Malgré cela, le Polonais donne 5 euros à l’arnaqueur et va se désaltérer.
L’Espagnol croit que j’ai plaidé sa cause auprès du Polonais, me remercie chaleureusement et taille la route au volant de sa Laguna qui était en panne sèche…
Je m’informe sur le truand ibérique. Je peux expliquer au Polonais qu’il fait partie d’un petit gang de truands à la sauvette qui résident à demeure sur l’autoroute.
Le Polonais me dit qu’il a fait l’aumône, tout en flairant la combine, car il craignait, au retour de la cafétéria, de voir sa voiture rayée par l’Espagnol.