Un texte très intéressant de Juan Branco tourne en ce moment sur internet. Sidonec en a offert un résumé succinct sur Mediapart.
Je propose ici une version abrégée nettement plus longue de ce texte de 117 pages qui décrit les liens qui unissent Macron – et Bri-Bri d’amour – à la banque et à l’hyperbourgeoisie. Branco a intitulé son texte “ Crépuscule ”. Acceptons l’augure que Macron, son système, ses obligés, ses affidés, ses “ henchmen ”, comme il dirait, lui qui pense en anglo-ricain, vont bientôt débarrasser le plancher.
Le pays entre en des convulsions diverses où la haine et la violenceont pris pied. Cette enquête sur les ressorts intimes du pouvoir machiniste écrite en octobre 2018, vient donner raison à ces haines et violences que l’on s’est tant plus à déconsidérer.Impubliable institutionnellement, elle l’est du fait des liens de corruption, de népotisme et d’endogamie que l’on s’apprête à exposer.Tous les faits, pourtant, ont été enquêtés et vérifiés au détail près.
Ils exposent un scandale démocratique majeur : la captation du pouvoir par une petite minorité, qui s’est ensuite assurée d’en redistribuer l’usufruit auprès des siens, en un détournement qui explique l’explosion de violence à laquelle nous avons assisté. Qui l’explique car le scandale dont il est sujet n’a pas été dit ni révélé,nourrissant à force de compromissions successives une violencequi ne pouvait qu’éclater. En un pays où 90% de la presse est entre les mains de quelques milliardaires, l’exposition de la vérité est affaire complexe, et la capacité à dire et se saisir du réel ne cesse, pour les dirigeants et les « élites » tout autant que pour le « peuple », de se dégrader.
Macron n’a respecté que formellement notre système démocratique, et l’a au contraire effondré. L’illégitimité ressentie par une majorité de nos concitoyens correspond à une réalité. Cela, nos journalistes et commentateurs, partis politiques, se refuseront toujours à le dire et à le croire, à l’enquêter. Cela est naturel, car, nous allons le montrer, ils ont été complices et principaux vecteurs du viol démocratique qui est intervenu, jeu d’apparences où l’on a présenté un être au peuple pour en masquer la réalité.
Il n’y a nulle sédition dans l’appel au départ d’Emmanuel Macron, car c’est lui, et les intérêts qui l’ont formé, qui pour prendre le pouvoir se sont comportés en séditieux. Mesurons l’importance de ces mots, qui nous départissent d’un quelconque désaccord politique : c’est le sens même de notre confrontation à cet être, l’idée même que nous appartiendrions à un même ensemble, qui s’en trouve affectée.
Remarquez la chose suivante. Aucune parole institutionnelle, dans les médias, les partis politiques ou ailleurs, ne se fait la porteuse de ce désir de destitution, alors que, nous l’avons vu, il concerne a minima la moitié de la population. Aucun, à l’exception des gilets jaunes que l’on invite et traite avec folklore pour les décrédibiliser sur les plateaux télévisés, ne s’est saisi de cette revendication principielle.
Tous semblent pris dans la nasse de ce qu’il conviendra d’appeler, et nous le justifierons, un système oligarchique. A savoir un espace public dominé par des individus dont la fortune dépend directement ou indirectement de l’État, et qui l’ont investie pour prendre le contrôle des médias et ainsi s’assurer de la préservation de leurs intérêts au détriment du bien commun.
Ce qu’il s’agit pour nous maintenant de démontrer, c’est qu’Emmanuel Macron a été « placé » bien plus qu’il n’a été élu. Que la presse a agi en ce domaine avec complicité. Et que la colère et la volonté de destitution qui anime une majorité de nos concitoyens s’en trouve légitimée.
Ce que nous nous apprêtons à révéler ici, c’est la factualité qui a permis la mise en place de ce pouvoir. La façon, dont, par exemple, Edouard Philippe, sorti de nulle part, a accédé au poste de premier ministre, après s’être piteusement perdu entre des missions de lobbying pour une grande entreprise nucléaire et apparatchikismes divers auprès de Les Républicains. Comment et pourquoi Ludovic Chaker et Alexandre Benalla ont été recrutés à l’Elysée afin de mettre en place une garde prétorienne agissant en « police privée » d’Emmanuel Macron, selon le modèle que lui avait fait découvrir Bernard Arnault en le présentant à Bernard Squarcini, ancien directeur de la DGSI, actuellement mis en examen pour avoir mis au service de son nouveau patron, LVMH, ses réseaux et parfois les services secrets de notre pays.
Nous allons montrer comment un être, Jean-Pierre Jouyet, que tous les journalistes politiques connaissent, sur lequel aucun n’a enquêté en ses rapports à la Macronie, comment cet être a fait, avec Henry Hermand – millionnaire chargé de financer la vie privée de Macron – et Xavier Niel, le Président Macron.
Ce qui va être démontré ici, c’est que ceux qui sont qualifiés par les petits soldats de l’ordre établi comme des « violents », tous ces gilets jaunes qui ont été tant raillés, sont ceux qui mieux que les autres ont compris. Parce qu’ils se tiennent loin des jeux d’influence qui pourrissent le petit-Paris. Parce qu’ils ne bénéficient pas directement ou indirectement des prébendes qu’offre l’État à qui en accepte l’asservissement : ils ont vu tout de suite les entourloupes que l’on tentait de leur imposer. Ils ont compris sans avoir à l’entendre, entre autres, que la taxe carbone n’était qu’un habillage pour faire payer à tous ce que quelques-uns, par l’ISF, l’exit, la flat taxet mille autres dispositifs récupéraient.
En une société où ce sont toujours les mêmes qui souffrent de l’incertitude, de la crainte de la perte de leur position et de la précarité, la violence a inversé les rôles. Voilà que les bourgeois et les installés, que les pilleurs et les profiteurs, se mettaient à trembler. Voilà que ceux qui s’étaient allègrement, joyeusement, sans ne jamais craindre de contrecoup, compromis, se trouvaient exposés.
Le pouvoir présidentiel entre en son crépuscule. Avec un temps de retard paraissent les épîtres décryptant les rouages d’une ascension présentée en son temps comme miraculeuse, celle d’un jeune homme aux tempes blondes et aux yeux de ciel qui, par la seule grâce du talent et de l’audace, conquît tout un pays. L’innocent récit de cette immaculée conception, repris en boucle et de façon unanime par une presse aux abois se fêle avec la douceur des commencements.
L’affaire va plus vite qu’espéré, les révélations se succèdent, et voilà que le pari qui consistait à prendre le pouvoir assez vite pour que les machines de propagande d’État sussent recouvrir à temps les laideurs de la démarche, s’apprête à être perdu. Les tempes juvéniles de l’intrigant semblent perler. Il est temps pour nous de l’achever.
Les hostilités sont lancées via la publication de l’ouvrage Mimi, chez Grasset. Le texte, œuvre de deux journalistes d’investigation et d’une romancière, met en lumière, à la rentrée 2018, l’une des principales pièces de la « fabrique du consentement » qui a permis la victoire d’Emmanuel Macron, à travers un matraquage inédit, quasi-physique, qui fut imposé par une certaine caste aux Français. L’enquête expose la figure de Michèle Marchand, pièce centrale d’une immense entreprise de communication qui fut mise en place avec l’aide du milliardaire Xavier Niel, dans le but de faire connaître et adouber par le peuple français un inconnu absolu qui venait d’être coopté par les élites parisiennes, pur produit du système transformé en quelques mois en icône adulée par les rédactions de Gala,VSD, Paris Match de quelques autres magazines mobilisés avec soin.
L’enquête nous révèle comment Xavier Niel, un ancien proxénète devenu milliardaire puis oligarque, avait rencontré à l’orée des années deux-mille une femme du milieu, Michèle Marchand, emprisonnée notamment pour trafic de drogues, et avait décidé de s’allier à elle pour en faire un rouage dans son ascension fulgurante vers les plus grandes fortunes de France.
Rappelons que Xavier Niel est aujourd’hui détenteur des plus importants médias de notre pays, et qu’il a placé à leur tête un homme de main, Louis Dreyfus, chargé non pas de censurer ou de faire dire directement, mais de recruter et de licencier, promouvoir et sanctionner. Ce qui nous le verrons, est bien plus important.
Mimi « révèle » un élément quelque peu gênant pour les apparences bienséantes de notre élite. Apparences dont on rappellera l’importance : nos dominants sont considérés comme légitimes en ce qu’ils prétendent donner le la. Leur exemplarité – qu’elle soit morale, intellectuelle ou performative – légitime les privilèges qui leurs sont accordés, et apparaît comme la clef du pouvoir que la société leur attribue. Si cet imperium venait à s’effondrer, ce serait tout l’édifice qui par ricochet tomberait.
Xavier Niel et Emmanuel Macron sont amis longue date, et le premier a mobilisé sa fortune et son réseau pour faire élire le second alors que celui-ci était encore un parfait inconnu. Que Xavier Niel soit le propriétaire du groupe Le Monde, mais aussi de l’Obs et possède des participations minoritaires dans la quasi totalité des médias français n’étant pas détenus par un autre oligarque, y compris Mediapart, n’est probablement pour rien dans le fait que nos journalistes, fort pudiques, n’aient jamais révélé leurs liens, et a fortiori que ces liens auraient nourri la mise à disposition de certaines de ses ressources au service d'Emmanuel Macron, qui auraient dû être comptabilisés en argent comptant. Pourtant, cette mise à disposition remonterait a minima à l’orée des années 2010. Soit entre trois à six ans avant l’élection d'Emmanuel Macron.
(A suivre)