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20 juin 2019 4 20 /06 /juin /2019 05:30

L'actuel ministre de l'Éducation nationale n'est pas n'importe qui et n'est pas n'importe quoi. Il a été formé sept années durant à Stanislas, établissement catholique où les formateurs ne font pas que violer les élèves. Les Evangiles sont enseignés à tous les étages à des enfants de bonne famille. Qu'un tel individu s'occupe, au plus haut niveau depuis Sarkozy, de l'enseignement public est en soi une provocation. C'est par l'entremise de Brigitte Macron, elle-même professeuse dans l'enseignement catholique à Amiens puis à Paris, qu'il a été présenté au banquier éborgneur.

 

 

En France, la dépense nationale d’éducation est d’environ 150 milliards d’euros. Un marché très important que les financiers qui nous gouvernent veulent s’approprier, aidés par le gouvernement et l’Union européenne. Á la condition que baissent le coût incontournable des salaires (3/4 des 150 millions que l'éborgner et sa bande veulent précariser, sachant que les salaires des enseignants français sont déjà globalement inférieurs de 20% à ceux de la moyenne européenne).

 

Les 120 000 suppressions de postes prévues par le gouvernement dans la Fonction Publique sont inscrites dans les directives européennes.

 

Dans l’école de la République, tous les élèves reçoivent théoriquement les mêmes enseignements à l’issue desquels sont délivrés des diplômes nationaux. Ceci est insupportable à notre banquier, pourtant petit-fils de Manette, pur produit de l’école républicaine.

 

Le dogme des macroniens, Blanquer au premier chef, c’est la sélection. Sélection dès l’école primaire, sélection avant le baccalauréat, d’où une “ réforme ” concoctée dans la précipitation et qui ne répond à aucune logique pédagogique. Des changements totalement arbitraires sont imposés dans les programmes. Le premier degré est lui aussi “ réformé ”, sans aucune cohérence. Les parents qui ont les moyens retirent leurs enfants d’un enseignement public terriblement affaibli depuis 20 ans – et auquel le banquier veut donner le coup de grâce – pour les beaux yeux du privé. Á Lyon, par exemple, les élèves du secondaire sont plus nombreux dans le privé que dans le public. Comme les enfants du maire, qui fut socialiste, fils d’un ouvrier CGTiste et d’une femme de ménage, pur produit de l’école républicaine lui aussi puisqu’agrégé de lettres ayant enseigné une vingtaine d’années dans des lycées d’État.

 

Les filières s’effacent devant des “ spécialités ”, sésames obligatoires pour accéder à l’enseignement supérieur. Comme en Grande-Bretagne depuis des dizaines d’années, ce sont les universités qui choisissent les étudiants, et non plus l’inverse. Le ParcourSup est un parcours d’aveugles. Des sociétés spécialisées monnaient – fort cher – la compréhension du dédale cryptique qui mène au graal.

 

Nous allons assister à la fin des diplômes nationaux, à des enseignements de plus en plus différenciés selon les exigences socio-économiques des territoires où les universités sont situées. Le destin des étudiants sera, selon le concept cher à l’ancien Premier ministre britannique Anthony Blair, l’employabilité.

 

Le monde de l’école maternelle que – je ne plaisante pas – le monde entier nous enviait, va être bouleversé. Cette école proposait, entre autres, un préalable à l’enseignement de la lecture, la socialisation de l’enfant, un gros travail sur la motricité. Pour allécher les électeurs de la prochaine élection présidentielle, le gouvernement propose de rendre obligatoire la scolarité dès trois ans. Effet d’annonce puis qu’actuellement 97% des enfants sont scolarisés en maternelle. Mais cet accueil plus important se fera sans dotation supplémentaire pour les communes. L’enseignement privé se frotte les mains, qui pourra ouvrir de nouvelles classes financées pour une large part par l’argent public.

 

Une spécialisation toujours plus forte dans l’enseignement secondaire aura des conséquences lourdes. Des élèves devront suivre des cours dans d’autres lycées que le leur, parfois à 30 kilomètres de leur lieu d’habitation. Ils pourront toujours se replier sur leurs particularismes. Les Alsaciens peaufineront leur alsacien, les Corses leur corse, les Bretons leur breton. Le latin et le grec continueront d’agoniser puisque, de toute façon, ces langues sont mortes. Les classes bi-langues ou internationales, quant à elles, vont à terme disparaître du public et faire les choux gras du privé. Les options artistiques comme le théâtre ou la musique sont en voie de disparition. Et ne parlons pas des enfants handicapés, de plus en plus maltraités par le système.

 

Le directeur d’école, actuellement primus inter pares, va devenir un vrai manager supérieur hiérarchique, responsable de la gestion comptable des moyens matériels et humains. Les écoles seront évaluées par un Conseil d’Évaluation composé de dix personnes dont huit nommée par le ministre. Une évaluation permanente, dès le cours préparatoire, s’inscrira dans une culture du résultat, autre dogme cher au macronisme.

 

Dans l’enseignement public, l’expérimentation, la liberté pédagogique vont se tarir. Pour ce qui est de la lecture, les méthodes syllabiques seront imposées, en contradiction avec un rapport de l’Inspection Générale de l’Éducation Nationale

 

Les postes au concours de professeur des écoles sont en chute libre : moins 9% alors que le privé bénéficie d’une hausse de postes de 35%.

 

Dans la France autocratique du banquier éborgneur, la liberté d’expression des fonctionnaires va être réduite comme peau de chagrin. Les personnels seront empêchés de s’exprimer dans les réunions de parents. Plusieurs enseignants ont déjà été sanctionnés pour avoir critiqué la réforme Blanquer.

 

Éducation nationale : un bref bilan
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commentaires

O
Une récente affaire de viol en réunion concernant une jeune élève du collège Lamartine de Toulouse jette une lumière assez crue sur le fonctionnement de l'Education Nationale,une institution en piteux état où règnent à l'évidence la "loi du plus fort" ainsi que celle du silence.Comment se fait-il que la loi commune s'arrête au seuil de (trop)nombreux établissements scolaires ?Pourquoi cette situation ne cesse d'empirer année après année ?Comment se fait-il que le pouvoir administratif fonctionne en vase clos,telle une citadelle assiégée et préfère fermer les yeux sur les agissements criminels de voyous patentés voire chevronnés plutôt que d'écouter les personnels d'éducation ?Pourquoi l'omerta qui règne sur la violence inouïe de certains établissements scolaires n'est-elle pas dénoncée avec force par les acteurs sociaux ainsi que les représentants des pouvoirs politiques ?
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