Une bonne partie de la fine fleur du sport de compétition français est passée, passe et passera par l’INSEP.
Cet organisme fut créé en 1975 sous le nom d’Institut national du sport et de l’éducation physique. Cet intitulé était un peu bizarre car il donnait à penser que l’éducation physique n’était pas partie constituante du sport. « Institut national du sport » aurait suffi. Mais il avait le mérite d’être neutre et d’appeler un chat un chat. En d’autres termes, il ne connotait pas, il ne faisait que dénoter.
Cette grande maison a été rebaptisée Institut national du sport, de l’expertise et de la performance. Il fallait bien y plaquer un anglicisme, le mot « expertise » étant utilisé dans le sens qu’à en anglais le mot « expertise ». Mais dans le sport, des anglicismes inutiles on en trouve à tous les étages : on ne jure plus, par exemple, que par les teams (équipes) et les rankings (classements).
Pour ce qui est de performance, les sportifs de haut niveau n’ont presque que cela à l’esprit. Autour des stades ou des bassins, on entend souvent : « j’ai battu ma meilleure perf » (mieux : ma PB, Personal Best), « j’ai perfé », « je n’ai pas perfé ». Était-il nécessaire d’inclure le mot « performance » dans le nouvel intitulé, quelle fut la signification – en amont et en aval – de ce changement, la perplexité m’habite.
Le fait que l’INSEP soit actuellement secoué en son sommet par de graves remous d’ordre financier est-il le résultat d’une politique qui aurait pour socle cette obsession de la performance, la ministre des sports Maracineanu, qui a lancé une enquête sur le train de vie de la direction de l’institut, pourrait sûrement nous éclairer.