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14 septembre 2019 6 14 /09 /septembre /2019 05:26

En fait, il ne paraît pas. C'est une certitude. Et il en eut d'autant plus de mérite qu'il était issu d'un milieu très modeste. C'était l'époque – la mienne – où un fils de femme de ménage et d'ouvrier-métallurgiste (cégétiste) pouvait, par ses dons et son travail, passer au travers des mailles serrées du filet d'une école en fait conçue pour la bourgeoisie.

 

On ne peut pas ne pas s'étonner qu'une fois devenu maire de Lyon Collomb ait battu tous les records, au niveau de la com', de la pub et du buzz, en terme d'américanisation de la ville. D'où, par exemple, cette proclamation en sabir atlantique : “ Le New York Times [ah, le New York Times !] place Lyon dans le top 50 mondial des lieux à visiter en 2019." Plus près de 50 que de 1 ? La pub ne le dit pas.

 

C'est plus fort que lui. Collomb a inspiré le jeu de mots bilingue, facile mais efficace,  ONLYLYON. Il faudrait qu'un sociolinguistiques de poids explique à Collomb et à tous les faiseurs de com' que les touristes, les étrangers, sont flattés et heureux de baragouiner des mots dans les langues des pays qu'ils visitent. Installez-vous à la terrasse d'un café à Prague. Commandez une bière. Si vous dites Bier en allemand (langue que beaucoup de Praguois connaissent et pratiquent) vous avez l'air d'un occupant. Si vous dites beer en anglais, vous ne faites qu'utiliser la langue poubelle du tourisme de masse. Mais si vous dites pivo en tchèque, vous faites plaisir au serveur qui vous regarde d'un autre œil et un délicieux frisson de satisfaction vous descend le long de la colonne vertébrale.

 

Ceci est incompréhensible pour notre agrégé de lettres classiques, tout asservi à l'anglo-ricain qu'il est. De retour de brèves vacances, je suis tombé sur ces deux posters de street (on pardonnera la mauvaise qualité des photos). En regardant la première, j'ai eu un petit espoir. Il était écrit : "Portes ouvertes escalade". On m'avait changé mon Collomb. Mais non, mais non. Le communicant conditionné avait bien soin d'ajouter en haut à gauche "Climb Up" au cas où les badauds pouvaient prendre cela pour de la pétanque ou de la lutte gréco-romaine.

Quelques dizaines de mètres plus loin, je retrouvais mon vrai Collomb, dans toute la splendeur de son agrégation de lettres classiques. Une affiche nous proposait un "Lyon Street Food Festival", dans la langue de l'Empire, sans un mot de français. Cette langue que le maître de Collomb, le banquier éborgneur, parle désormais en pratiquement toutes circonstances.

 

Il paraît que Gérard Collomb fut agrégé de lettres classiques
Il paraît que Gérard Collomb fut agrégé de lettres classiques
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commentaires

L
Nous avons les mêmes délires de communication à Lille avec un marché de producteurs appelé: "marché made in MEL" (métropole européenne de Lille). Navrant!
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A
J'ai vécu longtemps avec, à l'esprit, l'équation selon laquelle le développement de l'éducation, de la connaissance donc de la culture produirait mécaniquement un monde meilleur.<br /> Je ne pense pas être le seul.<br /> Le constat contredit malheureusement cette naïveté car l'appartenance récente, par les études entre autres, à une classe sociale est en majorité plus déterminante que celle dont on est issue. C'y ajoute le besoin ( inconscient ? ) du " Meilleur des mondes " où les Bêta ont la satisfaction de n'être pas ni des Gamma ni des Delta.<br /> Il faudra d'ailleurs que je le relise, il y a si longtemps que j'ai beaucoup oublié.
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G
comme ce que vous dites est juste .... le plaisir de baragouiner qques mots dans la langue du pays où l'on se trouve est visible dans les yeux meme de votre interlocuteur autochtone . je l'ai expérimenté durant de nombreuses années . et je confirme !!
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