En France, 130 000 divorces sont prononcés chaque année. Il y a en gros 1,8 mariages pour 1 divorce. La courbe ne cesse de croître puisqu’on comptait environ 40 000 divorces en 1970.
C’est peu dire que le modèle n’est plus un modèle universel, ni même la référence. C’est un cas de figure parmi d’autres.
Il y a bien longtemps que, de par le monde, on réfléchit à d’autres manières de s’accoupler. A Mexico, par exemple, où 40% des mariages se terminent par un divorce et où les procédures juridiques sont extrêmement lentes, on a mis au point des mariages à l’essai, ce qui s’apparente à des CDD de deux ans. Des CDD renouvelables, fort heureusement pour les couples qui souhaitent durer.
L’Eglise catholique est fortement opposée à cette formule qu’elle assimile à un contrat commercial qui s’inscrit dans la culture du jetable.
En 2007, une députée allemande avait proposé une proposition similaire, refusée en bloc par le parti chrétien démocrate. Cela n’avait rien d’absurde puisque ce mariage CDD a cours en Iran et au Liban.
Les économistes Stefania Marcassa et Grégory Ponthière, ont publié, dans Population Review, un article qui étudie la pertinence des contrats de mariage courts par rapport aux mariages « CDI ». Sans a priori moraux ou religieux, évidemment. Ils ont examiné, dans un contexte où le divorce coûte cher, le bien-fondé de la mise en place de contrats qui s’achèvent, à l’issue d’un terme prédéterminé, sans les dépenses conséquentes qu’entraîne une séparation. Le résultat des courses est que les contrats courts sont préférables pour les gens qui se marient, comme pour ceux qui ne se marient pas (union libre).
Dans l’esprit des législateurs du XIXe siècle, dans un pays comme la France, le mariage était un contrat comme un autre. A une époque où les femmes n’avaient pas, ou très peu, d’autonomie financière, elles s’engageaient à enfanter en contrepartie d’une protection et de la garantie de la fourniture de moyens de subsistance. Les femmes devenant plus autonomes, le nombre des mariages a diminué tandis que celui des divorces a fortement augmenté.
Ce sont aujourd’hui les femmes qui demandent le plus souvent le divorce : elles sont à l’origine des trois quarts d’entre eux. Autrefois, c’était l’inverse, parce que les femmes dépendaient économiquement, donc affectivement, des maris. Aujourd’hui, les trois quarts des femmes qui prennent l’initiative d’un divorce exercent une activité professionnelle. Dans plus de 80% des cas, elles obtiennent la garde des enfants et deux fois sur trois la résidence du ménage leur est attribuée.
A une époque où l’espérance de vie a considérablement augmenté, certains se demandent s’il est bien raisonnable de placer au-dessus de tout la valeur d’un engagement dans un mariage CDI. En France, l’Eglise exige la vie commune jusqu’à ce que la mort sépare les contractants mais elle ferme les yeux sur les doubles vies et les guerres intestines dans les couples qui ne fonctionnent plus. Les féminicides, les violences physiques et morales quotidiennes sont rendus possibles, encouragées, par le mariage CDI.