8 décembre 2019
7
08
/12
/décembre
/2019
06:19
Le numerus clausus fut progressivement mis en place pour plusieurs raisons :
- limiter le nombre de prescripteurs afin d'alléger les dépenses de la sécurité sociale ;
- limiter la concurrence de façon à garantir aux professionnels en activité une quantité de travail suffisante pour vivre ;
- limiter le nombre d'étudiants dans des filières avec beaucoup de stages, dont la qualité serait amoindrie par un surnombre (par exemple pendant l'externat obligatoire que doivent suivre tous les étudiants en médecine) ;
- limiter le nombre d'étudiants afin de maintenir un certain prestige de la profession et de « rétablir l'ordre » dans les facultés de médecine après les évènements de mai 1968 ;
- limiter le nombre d'étudiants afin qu'il ne dépasse pas les capacités de prise en charge des établissements d'enseignement : capacité des salles de cours et amphithéâtres, nombre de professeurs…
La modalité d'application du numérus clausus est le concours d'entrée aux études médicales organisé en fin de première année d'étude.
Le numerus clausus a perdu de sa pertinence pour plusieurs raisons :
- la liberté d'installation restant complète, le numerus clausus est inefficace pour réguler géographiquement la densité médicale et conduit à l'apparition de déserts médicaux ;
- cela créé une situation de pénurie qui met les médecins en position de force face aux patients et permet le développement de dépassements d'honoraires abusifs ;
- l'obligation de reconnaissance des diplômes des autres pays européens, alors qu'aucun contrôle ne peut s'exercer sur la délivrance de ces diplômes, parfois même il n'y a pas de numerus clausus dans ces pays;
- l'insuffisante vitesse d'adaptation du numerus clausus entraîne une alternance de périodes « fastes » et de périodes « creuses » ;
- la sécurité offerte par des professions protégées attire de nombreux candidats. Cela pose problème pour les concours de médecine et de pharmacie qui laissent sur le carreau des milliers d'étudiants recalés avec une, deux voire trois années non valorisables (des efforts sont faits depuis quelques années dans les universités pour assurer des passerelles pour les « reçus-collés ») ;
- de même, la massification des concours les rend moins pertinents, moins en adéquation avec les qualités requises par les professions et leurs formations ;
- le numerus clausus subit énormément l'influence des lobbies et des syndicats professionnels ;
- cela met en avant les qualités académiques d'un étudiant au détriment de ses qualités humanistes ;
- les relations « offre de soins / nombre de praticiens » et « dépenses de santé / nombre de praticiens » ne sont pas linéaires, voire non déterministes ;
- les limites du numerus clausus et celles des concours sont les principales raisons qui poussent les étudiants français à faire leurs études de médecine à l'étranger : Belgique, Roumanie, Hongrie ou Australie.