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22 février 2020 6 22 /02 /février /2020 06:14

 

J’aborde aujourd’hui l’un des mots dont l’utilisation me fait sortir de mes gonds : dédier (dédié).

 

Il s’agit non seulement d’un anglicisme, mais d’un faux anglicisme au sens où les anglophones en font un usage beaucoup plus raisonné que nous.

 

Á l’origine, « dédier » connote la religion. Une chapelle est dédiée à saint Antoine de Padoue. On peut aussi dédier un objet profane : Victor Hugo dédiait « aux dents blanches d'Ève Tous les pommiers de [son] verger ». On peut se dédier corps et âme à un club de sport. Et même à un blog. On peut dédier un poème, un roman à un dédicataire.

 

C’est là que sont intervenus, il y a une trentaine d’années, les neuneux des médias. Tout fiérots, ils avaient repéré le verbe anglais « to dedicate ». Ce verbe a deux sens : consacrer (une église) et dédier : “ Dedicated to the One I Love ” (chanson de 1957 du groupe de blues et gospel les “5” Royales, superbement reprises par les Mamas et les Papas dix ans plus tard).

 

Donc, à cause des neuneux, finis les « consacrer », les « dévouer », les « offrir », les « réserver », les « vouer ». La chaîne parlementaire est dédiée aux débats. La place de parking est dédiée aux handicapés. On peut même faire l’économie d’un complément : « les cyclistes doivent utiliser une voie dédiée. Au bureau, ils se brancheront sur un serveur dédié.

 

Tout est bon quand il s’agit d’appauvrir la langue française.

 

 

Les mots chéris des médias et des politiques (11)
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