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28 novembre 2020 6 28 /11 /novembre /2020 06:03

Le banquier éborgneur aime le football. C'est son droit. Il aurait pu soutenir l'Amiens Sporting Club. Il a préféré jeter son dévolu sur l'OM : « Est-ce que j'aurais rêvé être à la place de Di Meco lors de la finale 1993? Ce n'est pas faux. J'ai joué à ce poste (de latéral gauche, ndlr) de manière beaucoup plus modeste que Di Meco, mais je me souviens avec beaucoup d’émotion de ce match, parce que je me souviens aussi du match perdu et des larmes un peu avant. J’ai d’ailleurs une photo du but (de Boli) qui m’a été offerte, prise depuis derrière les buts. C’est un merveilleux souvenir… »

Á l'occasion de la mort de Maradona, il s'est lancé dans une élégie dithyrambique, ampoulée, limite pindarique : « La main de Dieu avait déposé un génie du football sur terre. […] « Diego Armando Maradona fait rêver sa famille et son quartier par ses passements de jambes qui crucifieront [petit anglicisme en passant] bientôt les meilleurs défenseurs européens. » […] « C’est à Naples que Diego devient Maradona. » […] « Joueur somptueux et imprévisible, le football de Maradona n’avait rien de récité. Avec une inspiration toujours renouvelée, il inventait sans cesse des gestes et des frappes venus d’ailleurs. Danseur en crampons, pas vraiment athlète, plutôt artiste, il incarnait la magie du jeu. » […] « Il y avait un roi Pelé [qu’écrira le banquier éborgneur à la mort de Pelé ?], il y a désormais un Dieu Diego. »

Le banquier éborgneur explique, à juste titre, que Maradona fut un étendard antifasciste : « Avec la même grâce, la même insolence superbe, il se faufile jusqu’à la finale qu’il marque par le plus beau geste du football : la passe décisive, le but des numéro 10. Lorsqu’il soulève le trophée, un mythe est né : l’enfant terrible est devenu le meilleur joueur du monde. Et la coupe du monde retrouve l’Argentine : cette fois, c’est celle du peuple, pas celle des généraux. »

Mais chassez le naturel, il revient au galop : « Ce goût du peuple, Diego Maradona le vivra aussi hors des terrains. Mais ses expéditions auprès de Fidel Castro comme de Hugo Chavez auront le goût d’une défaite amère. C’est bien sur les terrains que Maradona a fait la révolution. »

Chaque groupe de mots donne la nausée. Maradona n’avait pas « le goût du peuple », il en était partie intégrante. Il faut être un banquier ou une dame patronnesse pour avoir le goût du peuple. Et puis, de manière implicite, le banquier éborgneur associe les échappées du footballeur vers le peuple à ses dérives dans l'alcool et la drogue. Maradona n’a jamais été « en expédition » auprès de Castro et Chavez : il se rendait auprès de compañeros. Où donc le banquier éborgneur a-t-il perçu une « défaite amère » ? Cuba et le Vénézuéla sont toujours debout et résistent obstinément aux menées impérialistes. Enfin, Maradona n’a pas fait la «révolution » : il a joué mieux que les autres. Qui a jamais fait la révolution sur un terrain de sport ? On reconnaît bien là une forme de dérive populiste sous la plume d'un grand bourgeois.

 

PS : Je n'aime pas trop quand on prend un homme et qu'on en fait un dieu...

Le banquier éborgneur et Maradona
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commentaires

A
Je ne connais rien en foot. Je suis allé une seul fois voir un match important adolescent ( Réal de Madrid/ Reims. kopa / Di Stéphano ). J'ai beaucoup de critiques à faire au Foot business, sur l'idéologie embarquée. À dire egalement sur des regrets personnels à propos du goût de mon petit fils pour cette activité. Enfin bref, plein de choses à regretter.<br /> Mais concernant Maradona j'ai surtout en mémoire cette séquence d'un film de Kusturica avec la chanson de Manu chao qui est d'autant plus émouvante que le footballeur n'était pas au courant, qu'il est ému et qu'il nous émeut. Et puis la chanson ..<br /> Donc : https://youtu.be/c9tTjR4zY_c
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G
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