Une de mes préférées : Aliénor d’Aquitaine.
Née en 1122. Á 13 ans, héritière de l’Aquitaine et du Poitou, elle épouse le roi de France Louis VII avec qui elle a deux filles. Elle est alors une jeune femme moderne, très à l’aise dans la compagnie des hommes. Elle favorise les troubadours, l’amour courtois (qui est un amour adultère, tout de même) et la langue d’oc, et elle participe à la deuxième croisade, un échec. Son mari est très amoureux d’elle mais, semble-t-il peu attaché aux plaisirs de la chair. La reine et ses suivantes portent des tenues jugées indécentes.
Le mariage est annulé au motif qu’il n’y a pas d’héritier mâle. Aliénor épouse en 1152 Henri II Plantagenêt, futur roi d’Angleterre. Ils auront trois filles et cinq garçons. Aliénor règne alors sur un empire qui s’étend de l’Espagne à l’Écosse. Mais le roi la trompe avec Rosemonde Clifford, sa maîtresse préférée.
La suite est dramatique. Avec ses trois fils, Aliénor ourdit un complot contre l’époux et père. Ce complot est soutenu par les barons anglais. Mais Aliénor est capturé et l’un des fils, Richard, rejoint le camp de son père. Aliénor est emprisonnée pendant 15 ans à Chinon puis à Salisbury. Henri tente de faire annuler le mariage mais essuie un refus du nonce apostolique.
Á la mort du roi en 1189, Richard, le fils préféré et futur Cœur de Lion, hérite du trône et fait libérer sa mère. Celle-ci parcourt le royaume d’Angleterre, y libère les prisonniers d’Henri II et leur fait prêter serment au nouveau roi. Alors que Richard est aux croisades, Aliénor empêche son plus jeune fils, Jean sans Terre, de trahir son frère. De fait, elle va occuper les quatorze dernières années de sa vie à régler les conflits entre les deux frères.
Sur le chemin du retour des croisades, Richard est capturé en Autriche. Aliénor apporte elle-même au roi d’Autriche Henri VI une rançon équivalente à deux années de recette du Royaume.
Aliénor jette les bases du droit maritime moderne et se retire à l’abbaye de Fontevraud en 1200. Elle y meurt à l’âge de 82 ans et y repose. Son gisant en tuffeau polychrome (que j’ai vu) a quelque chose de saisissant. La reine y est représentée à l’âge d’une trentaine d’années. Ses yeux sont fermés mais elle lit un ouvrage, vraisemblablement religieux. C’est la première fois en Occident qu’une femme est représentée avec un livre.
Á voir le film Le Lion en hiver de 1968 avec Katharine Hepburn, Peter O'Toole et Anthony Hopkins.