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6 janvier 2021 3 06 /01 /janvier /2021 06:19

 

 

Tout a commencé il y a une trentaine d’années environ quand on a cessé de parler de chandail pour adopter une horreur inspirée de la langue anglaise et imposée par l’impérialisme langagier zunien “ sweater ”.

 

Par ignorance, par contamination et par paresse, sweater est devenu sweat, et on l’a prononcé [swi:t], comme sweet qui signifie bonbon. « T’as pas vu mon sweat ? » est passé très facilement dans la langue.

 

Sweater vient du substantif sweat qui signifie sueur et du verbe to sweat qui signifie suer. Sweat se prononce [swet].

 

Un sweater est donc un habit de laine qu’on enfile pour suer, pour transpirer. Ce qui est beaucoup moins ragoûtant que chandail, le tricot que portaient les marchands d'ail bretons. Par aphérèse, le “ mar ” a sauté. C’est un bonnetier d’Amiens qui adopta le mot chandail pour désigner les sweaters qu’il fabriquait. Utiliser des mots français, c’est baigner dans notre culture et dans notre histoire. L’histoire de la langue c’est la langue de l’Histoire. Adopter des idiomes improbables fait de nous des barbares. Un marchand de sweet/sweat ne vendra pas un article de plus parce qu’il se coule dans le moule de l’acculturation.

 

Stricto sensu, un sweater est un gilet en mailles, à manches longues, boutonné devant. J’aime bien l’origine du mot tricot. Il vient du verbe tricoter (XIVe siècle) qui signifie remuer vivement. Lorsque l’on dit d’un cycliste qu’il tricote des jambes, c’est littéralement vrai. Le verbe a donné le substantif. Les linguistes appellent celui-ci un déverbal (quand le nom est tiré du verbe). Un tricot implique que l’objet a été fabriqué avec deux aiguilles, sauf lorsqu’il est rond et que trois ou quatre aiguilles sont disposées en circuit fermé. Dans l’entre-deux-guerres, outre-Manche comme chez nous, on utilisait sweat-shirt pour signifier un survêtement d’athlète.

 

La culture du pauvre ou, plus précisément, la culture pour les pauvres, c’est toujours l’imprécision, le flou, l’amalgame, la frime.

Un bonbon ou un chandail ?
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commentaires

J
J'aime particulièrement la formule finale : "la culture pour les pauvres, c’est toujours l’imprécision, le flou, l’amalgame, la frime"..
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A
Puisqu'on est au chapitre des mots il y a un qui revient régulièrement dans le discours de certains hommes politiques et beaucoup dans la bouche des journalistes, celui d'état providence. Il va de pair souvent avec le mot " charges (sociales ) ".<br /> Le choix de ce mot plutôt que, ou pire encore contre celui d'état social fait courir dans les esprits l'idée selon laquelle la protection sociale aurait une origine divine et serait par ailleurs et surtout déraisonnable. L'état providence relèverait donc d'une inconséquence religieuse contre laquelle les esprits forcément pragmatiques doivent mettre fin : " Nous n'avons plus les moyens de cette générosité et par conséquent tranchons dans toutes ses dépenses tout ce gras qui nuit au dynamisme d'une société performante. "<br /> La répétition obsessionnelle de ce mot " état providence " est autrement plus efficace que des démonstrations économiques ou sociales. Il est certain qu'il a un effet magique sur l'opinion comme les gyrophares sur les véhicules d'urgence.<br /> Pour me résumer je ne supporte plus " état providence ".
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G
Les Anglais, qui ont inventé le concept, parlaient d'état du bien être.