Chaque voiture-radar rapporte plus de 200 000 euros par an à l’État. Á raison de six heures par jour, conduite par le salarié d’une société privée. Pour ne plus y revenir, l’information selon laquelle le frère de l’ancien ministre de l’Équipement et des Transports, le vicomte Gilles-Marie-Ghislain-Louis Gauteron de Robien, serait partie prenante est fausse.
Plus le nombre de ces voitures augmentera, ce qui est prévu, plus les déplacements des automobiliste seront anxiogènes. Je donne un exemple personnel de ce qui peut arriver. Il y a quelques années, je suis « flashé » à 40 km/heure dans une zone urbaine limitée à 30. Je reçois une amende que je paye et qu’ensuite je conteste devant la juridiction idoine. J’explique à la présidente de ce tribunal que la zone péri-urbaine par laquelle je passais était passablement animée. J’avais donc concentré mon attention, non sur la limitation de vitesse mais sur ce qui pouvait débouler à tout instant sur la chaussée. La présidente ne voulut rien entendre et confirma l’amende. « Fort bien », dis-je. « La prochaine fois, je regarderai mon compteur et tant pis pour un enfant qui se précipitera sur la route pour récupérer un ballon ou pour une vieille dame sourde et mal-voyante qui traversera la route inopinément. »
Ce qui compte pour nos gouvernants, ce n’est pas la sécurité routière mais la sécurité des constructeurs et gestionnaires de radars (Atos, Safran). La multiplication des radars fixes ou mobiles n’a pratiquement aucune incidence sur le nombre de morts et de blessés. Dans la mesure où la majorité des infractions concerne des dépassements de quelques kilomètres, il faut voir la règlementation comme une punition. Une punition dangereuse pour la collectivité car la hausse de la mortalité routière en France a augmenté en 2014, 2015, 2016, 2019. Cette punition rapporte 900 millions par an d’euros à l’État dont 240 sont réinjectés dans les radars. Mais 8% seulement des amendes servent à améliorer l’état des routes.
La propagande gouvernementale nous cite une statistique magique : 1% de vitesse en moins déboucherait sur 4% de morts en moins. Ce pourcentage nous vient de la Suède des années 1960 ! Á noter également que lorsque la maréchaussée ne parvient pas à déterminer de manière sûre la cause d’un accident, il lui est loisir d’indiquer la vitesse comme responsable. On a aujourd’hui le même phénomène – même si comparaison n’est pas raison – avec des morts à l’hôpital qui sont déclarés COVID…
En 2008, Atos est gérée par l’ancien ministre Thierry Breton. Celui-ci deviendra commissaire européen d’extrême justesse : la commission chargée d’examiner sa candidature décidant à 12 voix contre qu’il n’y avait pas de conflit d’intérêt entre sa participation à Atos et sa nomination comme commissaire pour le marché intérieur. Or, de 2008 à 2019, Breton (pour un salaire annuel de 6 millions d’euros – salaire fixe, part variable et rémunérations en actions) a dirigé une entreprise fournissant des solutions en télécommunication et électronique, pour la défense ou l’aéronautique, ainsi que pour des fichiers administratifs. Comme, par exemple, le fichier français TES qui contient les données personnelles et biométriques des Français pour les cartes d’identité et les passeports. Cette entreprise sévit également outre-Manche dans le secteur des services sociaux privatisés où l’on a licencié à tour de bras tout en réduisant les dépenses sociales. Autre ancien ministre des Finances, Francis Mer, a été nommé vice-président du groupe Safran en 2011. Quant à l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, qui a imposé la limitation de vitesse à 80 km/h, il a intégré le conseil d’administration d’Atos en octobre 2020. Tout se tient et explique pourquoi les « copains et les coquins » nous infligent 13 millions de PV pour excès de vitesse par an.
Les radars ne sont pas les grands responsables de la baisse de la mortalité routière. Entre 1972 et 2003, année de l’apparition du premier radar, celle-ci a chuté spectaculairement de 17 799 à 6 126, ce malgré l’augmentation importante et constante du traffic. Á l’occasion de la révolte des Gilets jaunes et de l’annonce de la limitation à 80 km/h, 581 radars ont été détruits. Dans la logique de nos gouvernants, la mortalité aurait dû faire un bond en 2019. Or elle a baissé, avec 186 morts en moins qu’en 2018. Pour la raison très simple que 70% des accidents mortels ne sont pas dûs à la vitesse.
Pour une meilleure sécurité routière, le flicage des automobilistes ne sert à rien. Il faut entretenir les routes, faire entrer dans les écoles une véritable culture de la conduite automobile. Il faut cesser de considérer les conducteurs comme des robots uniquement préoccupés des panneaux de limitation de vitesse (il n’est pas rare de voir cinq changements de vitesse en deux kilomètres) afin qu’ils n’écrasent pas les vieilles dames. Il faut expulser du paysage routier les voitures pièges conduite par des employés du privé. Il faut que l’État, donc les citoyens, se réapproprient pleinement la sécurité routière.