Alors que l’on a compté récemment plusieurs suicides chez les étudiants, que nombre d’entre eux crèvent littéralement de faim et que l’avenir semble bouché à la majorité de tous ces jeunes, la ministre Frédérique Vidal a demandé au CNRS – qui n'a pas apprécié cette patate chaude – d’enquêter sur l’islamo-gauchisme dans l’université.
Que le gouvernement ait fait mine de critiquer cette démarche ne trompe personne : elle s’inscri(vait) dans le cadre d’une politique générale de flicage de la population, de la jeunesse plus particulièrement. Mais pas uniquement. Si cette enquête avait pu se dérouler selon les vœux de la ministre et du banquier éborgneur, c’est tout le corps enseignant qui eût été épié de près puis mouchardé.
Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, a eu une carrière de chercheuse plus qu’honorable. Mais elle fait partie de ces quinquagénaires sans complexes pour qui l’idéal républicain est une vieille histoire à consulter dans les livres de Marc Bloch quand on a le temps. Elle fait partie de ces universitaires pour qui les concours nationaux sont une survivance du passé – après tout, il n’en existe pas outre-Atlantique – et qui rêvent de manipuler des millions.
Avant d’être appelée au gouvernement, Frédérique Vidal avait présidé l’Université de Nice. Son initiative la plus remarquée fut l’instauration de « diplômes d’établissement » acquis en deux ans pour la modique somme de 4 000 euros alors que les diplômes usuels, comme les masters, coûtent 256 euros de frais d’inscription. Vidal a donc transformé – au nom de « l’expérimentation », naturellement – une formation qui était publique, et donc presque gratuite, en une formation payante mais qui pourront recevoir une équivalence nationale.
Comment mieux privatiser sans vergogne une université, par ailleurs exsangue, qui recrute à tour de bras des personnels sans statut percevant des salaires de Zimbabwéens ? Comment faire payer aux étudiants, et à leurs parents, le remplissage des caisses vides de l’université – en attendant, demain, celles des lycées puis des écoles primaires – alors que que cela doit rester l’apanage de l’État ?
PS : Rappelons que Vidal a confié l’organisation de tests d’anglais à l’université à une entreprise immatriculée à Chypre et adepte de l’optimisation fiscale, pour plus de 8 millions d’euros par an.
Par ailleurs, les nominations et promotions des enseignants du supérieur sont décidées par le Conseil national des universités (CNU), un organe démocratique composé d'universitaires élus par leurs pairs. Au service des désidérata du banquier éborgneur, Vidal veut vider ce conseil de sa substance, l'empêchant, par exemple, de se prononcer sur la nomination des professeurs des universités (en attendant celle des maîtres de conférences). Ceux-ci seraient choisis par les universités elles-mêmes, selon des critères locaux et changeants (d'une élection du président à une autre). C'est ce qui se passe dans des “ grands ” pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne. L'objectif final – et à peine caché – du banquier étant que cette procédure soit appliquée à tous les recrutements dans l'Éducation nationale.