Dans la doxa de la classe dominante, la dette est le mal absolu. Un mal sournois dont nous sommes tous responsables, donc coupables.
En fait, on évoque la dette surtout depuis Giscard/Barre (l’homme le plus intelligent au monde et le meilleur économiste de France). Avec eux, il allait falloir se serrer la ceinture, nous les salariés. Pas les actionnaires dont les dividendes n’avaient pas encore explosé. Puis nous eûmes François Fillon (condamné à cinq ans de prison, dont deux ans ferme et à des amendes faramineuses, et qui remboursait des dettes fiscales grâce à l’aide de sa fille). Un homme exemplaire qui nous faisait la leçon en nous expliquant que la France était en faillite.
Sciemment, la classe dominante politique et médiatique nous faisait prendre des vessies pour des lanternes en nous faisant confondre dette publique et dette privée.
En France, ou ailleurs, la dette publique n’est pas celle d’un État dilapideur, prodigue jusque’à la débauche, celle d’un héros de Balzac ruinant sa famille jusqu’à la dixième génération. La dette publique, ce sont des investissements à long terme. Certes, nos descendants devront rembourser ce que nous avons emprunté mais ils bénéficieront des écoles, des hôpitaux, des routes que nous avons construits pour nous et pour eux.
En France, la dette publique est très alléchante pour les opérateurs financiers qui en redemandent et qui disposent de tous les relais politiques pour voir leurs impôts minorés. Mais le peuple n’a pas fini de ployer : 130 milliards de la dette Covid seront transférés au budget de la Sécurité sociale. Et l’important demeurera que les « ménages » – le peuple, en d’autres termes – continueront à financer toute nouvelle baisse des cotisations patronales, pardon des « charges des entreprises ».