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1 novembre 2021 1 01 /11 /novembre /2021 06:08

L'Obs relate longuement le témoignage – lors du procès de Salah Abdeslam – des médecins qui ont réussi à « sauver sous la menace » des victimes du Bataclan. 

 

Au Bataclan, il était « Méd 1 » : l’un des deux médecins du RAID entrés dans la fosse gémissante à 23 heures, une bonne heure après la tuerie, le 13 novembre 2015. Samy Amimour est mort. Ses deux comparses sont à l’étage, où ils se sont retranchés avec des otages. L’attaque n’est pas finie. Avec un collègue, « Méd 2 », Matthieu Langlois, 51 ans, va, quarante minutes durant, évoluer entre les deux cents victimes, vivantes et mortes, allongées dans la fosse. A la barre, le docteur, carrure de policier des forces spéciales, contrôle psychologique de celui qui s’est entraîné à agir sur les terrains de crise, raconte sa nuit de sauvetage, alors que le Bataclan est encore sous la menace.

 

Le but n’est pas de pratiquer des soins sur place (à part poser des garrots en cas d’hémorragie à stopper), mais de rassembler les victimes dans le « nid de blessés » et d’extraire au plus vite celles qui ont une chance de survivre. C’est un « triage », même si les médecins préfèrent parler de « priorisation ». 

 

« Ceux qui pouvaient marcher étaient déjà évacués. A la voix, je demande si des victimes peuvent venir vers nous, nous rejoindre. Je vois un bras qui se lève, un jeune qui me regarde. Je me dis avec “Méd 2” qu’il va falloir y aller ; que si on n’y va pas, il sera trop tard. On ne peut pas attendre que l’assaut soit donné.»”

 

«Nous parlons ici de sauver sous la menace. C’est souvent en faisant des choses très simples : en évacuant. L’objectif est de sortir au plus vite les blessés de la zone rouge, ce qui demande beaucoup d’expertise médicale. »

 

« Je me souviens d’une jeune femme blessée à la tête, ramenée au nid de blessés, raconte le médecin du RAID. J’ai décidé de faire évacuer d’autres blessés. Les policiers à côté d’elle m’ont regardé avec des yeux [ronds]. Pour moi, elle était tellement atteinte que je préférais donner une vraie chance à ceux qui avaient des lésions “survivables”. Cette femme, nous l’avons évacuée aussi, ensuite, à la Pitié. J’ai su qu’elle était malheureusement décédée le lendemain matin. »” 

 

« En exercice, avec un feutre, je mettais un “1”, un “2”, sur le front. Mais là, malheureusement, sur le front, il y avait du sang, de la sueur ; pour les pompiers, ça ne voulait plus rien dire à l’arrivée, quelques minutes plus tard… » 

 

« La victime est-elle capable de parler ? Est-elle pâle ? Ses muqueuses sont-elles décolorées ? Comment respire-t-elle ? Je peux dire si c’est “Tout de suite maintenant” ou si, pour l’instant, ça va aller. Au premier étage, je trouve un jeune homme qui a reçu une balle là [en haut du thorax, côté gauche]. Il dit : “Je saigne derrière”. Je regarde parce qu’il peut y avoir un petit trou devant et un comme ça [énorme, mime-t-il avec ses mains] derrière. Mais c’est un petit trou. Je l’ai assis le dos acculé au mur. Je ne m’en suis pas occupé tout de suite mais je le gardais à l’œil. Je l’ai pris en charge une demi-heure plus tard. »”

 

« Un policier de la BRI est venu me chercher parce qu’il y avait une jeune femme très gravement blessée derrière la cuvette des toilettes ; elle avait un bras quasiment arraché. Il ne fallait surtout pas la tirer. Mais lui parler, la rassurer, car elle souffrait considérablement. Le policier l’a chargée sur ses épaules et l’a descendue au rez-de-chaussée pour la remettre aux secours.  »

 

Revue de Presse 378
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