Eleanor Roosevelt exista avant, pendant et après son mari. Elle était issue, comme lui de la bonne bourgeoisie étasunienne et s’appelait, comme lui, Roosevelt, car elle était, comme lui, parente de Theodore Roosevelt.
Sa mère mourut à 28 ans et son père, qu’elle adorait, à 32 ans, alcoolique et drogué. Elle se trouvait laide et indésirable (on la surnommait « le vilain petit canard »), d’autant que ses parents auraient préféré un fils. Jeune, elle ne fut heureuse que dans une pension sélecte d’Angleterre, sous l’autorité d’une directrice française, Marie-Claire Souvestre, homosexuelle notoire.
Elle épousa Franklin Delano, qui la trompa rapidement et hardiment. Elle s’éloigna de lui et découvrit l’amitié – et plus si affinités – des femmes.
C’est en 1919 que sa vie s’effondre : elle découvre en effet la passion qui lie son mari à Lucy Mercer, qu’elle avait recrutée comme secrétaire et qui sera le grand amour de Franklin qu’elle accompagnera jusque dans ses derniers instants. Eleanor pensait avoir bien mérité après avoir donné six enfants à son mari. Elle demande le divorce que son mari et sa belle-mère refusent. Les deux époux deviennent alors des partenaires de travail.
Avant de devenir Première dame des États-Unis, elle visite des maisons insalubres, des ateliers clandestins. Elle milite pour le suffrage des femmes. En 1921, elle décide d’aider son mari atteint de poliomyélite (ou peut-être du syndrome de Guillain-Barré). En 1922, passionnée par le droit du travail, elle rejoint la Ligue des syndicats féminins. Elle se prononce en faveur d’un salaire minimum féminin.
En 1933, elle œuvre pour le rétablissement des relations diplomatiques avec l’Union soviétique. En 1934, elle lance une émission de radio où elle aborde notamment l’éducation des enfants. Elle sillonne le pays, toujours dans l’optique d’aider les plus pauvres. Elle abandonne les cachets de ses conférences à des familles frappées par le chômage. Son influence dans le volet social du New Deal est déterminante. Elle crée, au sein de l’administration un « cabinet noir », avec des conseillers exclusivement afro-américains.
Durant la Seconde Guerre mondiale, elle est favorable à l’entrée en guerre de son pays. Elle rend visite aux troupe sur le front. Elle soutient la création d’une escadrille de chasse composée de pilotes noires et une autre de pilotes femmes.
Après la mort de son époux, elle accepte de rejoindre la délégation des EU à l’ONU, un poste qu’elle occupera jusqu’en 1952. Elle y préside la Commission des droits de l’Homme. Elle inspire la Déclaration universelle des droits de l’Homme en compagnie de René Cassin.
À sa mort en 1962, le New York Times considère qu'elle était devenue, à la fin de sa vie, « l'une des femmes les plus estimées du monde ».