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26 novembre 2021 5 26 /11 /novembre /2021 06:24

Je ne partage pas tout ce qui suit à 100%, mais il y a là forte matière à réflexions.

 

Vous avez certainement vu la publicité pour « the fork », un site de réservation de restaurants. Une publicité ni pire ni meilleure qu’une autre, mais qui se termine par cette phrase remarquable : « ‘the fork’, anciennement ‘La fourchette’ ». Et depuis que j’ai entendu cette formule, un doute cruel me poursuit : que s’est-il passé pour que le site change de nom ? Pourquoi cette bonne vieille « fourchette » est devenu « fork », qui après tout n’est que la traduction anglaise du même mot ? N’est-il pas paradoxal que dans un domaine ou la primauté française est toujours reconnue, au point que les restaurants britanniques ou américains prennent souvent des noms français, un site qui vante les plaisirs de la table se sente obligé d’angliciser son nom ?

Cet exemple est loin d’être isolé. La banque en ligne de la Banque Postale s’appelle « my French bank ». Lorsque EDF lance son site permettant de trouver des artisans pour réaliser vos menus travaux, le site s’appelle « Izy » (déformation phonétique du mot « easy », qui signifie « facile »). Et pour ajouter l’insulte à l’injure, on ajoute à cette marque la précision « by EDF » (1). Et là encore, on se prend à rêver. Les publicitaires pensent vraiment qu’en prenant un nom à consonance anglish et en mettant « by » plutôt que « de » ou « par » ils attireront plus de clients ?

Ce phénomène donne un éclairage particulier sur l’état mental de notre société, et de nos classes intermédiaires en particulier. Les publicitaires, les cadres supérieurs des entreprises sont convaincus qu’on vend plus avec un slogan en amerloque qu’avec un joli nom français. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, il ne s’agit pas vraiment d’une pénétration de la langue de Shakespeare ou plutôt de Columbo – que la plupart de ces gens ne dominent pas – mais d’un snobisme ridicule. Car ces emprunts à l’anglais sont souvent remplis d’erreurs, de fautes de traduction, de faux-amis. Le pompon est probablement détenu par une « European Communication School », dont les dirigeants ne semblent pas réaliser que le mot français « communication » se traduit en anglais « public relations », le mot « communication » étant plutôt réservé aux télécommunications…

La langue, c’est bien connu, c’est l’un des supports essentiels de l’identité. Chacun de nous a une langue maternelle, cette langue qui, quelque soient les avatars de notre vie, nous n’oublions jamais. Une langue dans laquelle nous avons appris à penser, qui a donné forme à nos processus intellectuels. C’est pourquoi les batailles linguistiques ne sont jamais banales. Le mépris – oui, c’est le mot juste – dans lequel nos classes dirigeantes tiennent le français, leur conviction qu’un restaurant ou un site de travaux deviennent plus attractifs dès lors qu’ils sont désignés par un nom anglicisé, leur idée que notre « nation » doit devenir une « néishon » nous parle donc de leur identité.

Un article paru dans Le Monde le 20 octobre 2021 sous le titre “ L’Ikastola, l’école où l’on grandit en basque ” donne un aperçu intéressant sur ces questions. L’article relate combien l’enseignement immersif en basque séduit… les nouveaux arrivants au Pays basque. Ainsi, on a un couple de parisiens arrivés à Bayonne par le hasard d’une mutation professionnelle qui déclare : « quand s’est posée la question de l’école, on a voulu que Manon, née à Bayonne, parle [le basque] aussi, qu’elle soit proche de sa culture ». Un autre couple, originaire elle de Normandie, lui des Pays de Loire, explique avoir inscrit ses enfants à l’Ikastola parce que « On avait envie de transmettre quelque chose de ce territoire à nos enfants, même si nos racines n’étaient pas là » (notons au passage que la fille de ce couple, elle, dit « préférer le français »…). L’auteur de l’article tire de tout ça une conclusion étrange : « un grand nombre de parents d’ikastola ont connu cette rupture générationnelle et tiennent à transmettre à leurs enfants l’héritage dont ils ont été dépossédés ».

Mais attendez une minute… de quel « héritage » ces parents auraient-ils été « dépossédés », puisque rien dans leurs origines ne les connecte au pays basque, qu’ils ne sont arrivés que « au hasard d’une mutation professionnelle » ? Comment peuvent-ils prétendre « transmettre » un patrimoine qui n’est pas le leur ? Cela veut dire quoi vouloir que son enfant « soit proche de sa culture » en apprenant une langue qui n’a absolument aucun rapport avec celle-ci au seul motif qu’elle serait « née à Bayonne » ?

On apprend le latin et le grec pour lire Homère ou César. On apprend l’anglais pour lire Shakespeare, l’Italien pour lire Dante, l’Allemand pour lire Goethe. Ces apprentissages ouvrent sur le monde, mais n’ont rien à voir avec l’identité. Personne n’apprend le grec, le latin, l’anglais, l’italien ou l’allemand pour être « proche de sa culture », pour « transmettre quelque chose du territoire ». Mais où sont le Dante basque, le Cervantes provençal, le Shakespeare breton ? Si l’on apprend les langues régionales, ce n’est pas pour s’ouvrir au monde mais au contraire pour se refermer sur un collectif qui délimite par la langue son « dedans » et son « dehors ». C’est une question purement identitaire. L’engouement de nos classes intermédiaires – car on ne trouve pas un seul ouvrier, un seul employé parmi les témoins de l’article en question – pour les langues régionales, que ce soit les Ikastolas au Pays basque, les Diwan en Bretagne ou les Calandretas en Provence, illustrent la difficulté des « gens de nulle part » à se constituer une identité, autrement dit, une réponse à la question lancinante que l’humanité se pose depuis des millénaires : « qui suis-je, d’où viens-je ». Dès lors que l’identité française est dévalorisée et méprisée – et il suffit d’entendre le discours martelé par les médias pour s’en convaincre – au point que « La fourchette » voit un intérêt à devenir « The Fork », il faut se trouver une identité de substitution. Les « identités régionales » n’offrent que des avantages. Car contrairement à l’identité française, ce sont des identités « victimaires », qui vous permettent de vous situer du côté des opprimés, et donc valorisées. Bien plus facile d’avoir les mains propres quand on n’a pas de mains.

Cette question identitaire traverse notre société. Car ce qui peut être dit de l’identité culturelle peut aussi être dit de l’identité sexuelle ou civile. Il fut un temps où le sexe était donné par la biologie, et le nom était transmis par vos parents. Ce n’est plus le cas : la catégorie des « non binaires » apparait de plus en plus dans les enquêtes et les formulaires, et fera certainement son apparition à un moment où un autre dans le droit. Déjà une circulaire de l’éducation nationale permet aux enfants qui se déclareraient d’un « genre » différent de leur sexe biologique d’être reconnus et de se faire appeler par un prénom correspond à leur « genre » et choisi librement par eux (2). De plus en plus vous avez le choix de votre nom – celui de votre mère, de votre père, d’une combinaison des deux. D’ailleurs, la CEDH a décidé que le nom d’une personne fait partie de la sphère personnelle (CEDH, 6 juillet 2017, Affaire A.P., Garçon et Nicot c. France), ce qui suppose qu’il puisse être changé par la volonté de la personne. Et certains vont plus loin. Ainsi, Jean-Luc Mélenchon propose d’inscrire dans la Constitution – rien de moins ne saurait suffire – le « droit de choisir son genre ». Autrement dit, on est en train de renverser une idée née avec la Révolution, celle qui veut que notre statut public soit lié à des éléments objectifs, et non à nos croyances ou nos opinions. Pour la première fois depuis bien longtemps, on inscrirait dans nos documents non pas ce que les personnes sont objectivement, mais ce qu’elles pensent être.

Pourquoi tant de trouble avec les identités ? Parce que l’identité est l’angle mort de l’idéologie libérale-libertaire. Pour le dire très schématiquement, l’identité c’est ce qu’on ne choisit pas. C’est un héritage qui nous est imposé par le processus de transmission dans notre famille, dans notre pays, dans notre culture. Marx écrivait que « les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé ». Or, l’idéologie libérale-libertaire se refuse à admettre que quelque chose puisse échapper à la toute-puissance de l’individu. L’idée même que l’être humain soit le produit non pas de sa propre volonté, mais d’une histoire sur laquelle il n’a aucun contrôle hérisse les partisans de cette idéologie. Il faut donc en finir avec les identités et leur substituer des pseudo-identités qu’on peut se fabriquer à volonté. 

Cette idéologie n’arrive pas par hasard. L’approfondissement du capitalisme repose sur la capacité de mettre tous les individus, tous les biens en situation de « concurrence libre et non faussée ». Et pour cela, il a fallu abattre les barrières qui « faussent » cette concurrence, et tout particulièrement ces « conditions données et héritées du passé ». Autrement dit, la société capitaliste idéale est faite d’individus tous identiques, même s’ils se croient tous singuliers, libres de toute détermination historique, consommant les mêmes produits et capables de fournir le même travail. Cela suppose d’effacer toute forme de filiation – nationale, familiale, culturelle – et toute forme de différentiation pour ne laisser subsister que l’illusion d’une identité, illusion nécessaire pour satisfaire le besoin humain de savoir d’où on vient, qui on est, et où on va. Alors, on consomme partout les mêmes produits avec les mêmes noms angliches, les mêmes séries à l’américaine, mais on se raconte que nos enfants sont « proches de leur culture » parce qu’ils apprennent à l’école la langue des bergers des Pyrénées, ou qu’ils sont en harmonie avec leur « genre » choisi parce qu’ils peuvent l’inscrire sur leur carte d’identité.

Mais les identités résistent. C’est ce qui explique pourquoi un Zemmour peut faire 16% des intentions de vote sans avoir à véritablement faire campagne, et surtout pourquoi Zemmour ne laisse personne indifférent, au point que ceux qui hier opposaient à ses outrances un silence méprisant se sentent obligés à réagir. Zemmour est « le soupir de la créature accablée, l’âme d’un monde sans coeur, de même qu’il est l’esprit d’un état de choses où il n’est point d’esprit. Il est l’opium du peuple », et pardon pour la paraphrase. Le discours zemmourien est puissant parce que dans une société où les élites passent le temps à renier leurs origines, leur culture, leur histoire bref leur filiation, il la revendique et dans les termes les plus crus. Dans le chaos intellectuel provoqué par la surenchère des « pseudo-identités », il parle d’un monde organisé où les esprits étaient vaillants, les hommes étaient des vrais hommes, les femmes étaient des vraies femmes, et les petites créatures poilues d’Alpha Centauri étaient des vraies petites créatures poilues d’Alpha Centauri (3).

Une montre arrêtée donne l’heure exacte deux fois par jour. Zemmour, c’est une montre arrêtée. Depuis plus de dix ans il répète le même discours. Mais il y a dix ans, il passait pour un hurluberlu parce que l’opinion n’avait pas encore réalisé à quel point l’idéologie libérale-libertaire – qui est celle du capitalisme mondialisé – nous conduit à la psychose. Aujourd’hui, cela devient de plus en plus évident. Tiens, prenons la dernière amusette de nos classes intermédiaires, ce pronom « iel » fait de la contraction de « il » et « elle » censé représenter ceux qui, selon la formule consacrée, « ne se reconnaissent pas dans les identités binaires », et que le Robert a fait entrer dans son dictionnaire – du moins dans la version en ligne.

Cette affaire est d’abord un formidable coup de pub. Même en admettant que le dictionnaire n’est pas l’indication de ce qui est jugé correct par les académies mais le reflet des usages, l’inclusion du pronom en question est absurde, tant son usage est marginal et limité à certains cercles militants. Mais avec ce geste, le Robert a bénéficié d’une publicité gratuite, son nom étant répété une et autre fois dans toutes les émissions d’actualité, sans parler des débats enflammés sur les réseaux sociaux. Autrement dit, la pseudo-identité « trans » sert tout simplement à vendre du dictionnaire.

 Mais au-delà du fait, cette affaire a permis sur les plateaux des différents médias des échanges qui font douter sérieusement de la santé mentale de nos élites. Ainsi, par exemple, on a vu un militant « trans » expliquer sur une chaine de grande écoute et sous les applaudissements de la foule que l’apparition d’un pronom non binaire était un grand progrès, puisque le fait d’être appelé par un pronom dans lequel on ne se reconnaît pas constitue une « violence ». On peut se demander si parler de « violence » à propos de l’usage d’un pronom est raisonnable. Mais on voit mal comment l’usage du « iel » réglerait le problème.  Le pronom en question est un pronom de la troisième personne. Et personne ne peut donc être « appelé » par lui (4). Mais surtout, le pronom en question ne fait pas disparaître la distinction genrée tout simplement parce qu’en français il est obligatoire en général d’accorder l’adjectif ou le participe avec le sujet. Quelle différence entre « il est beau » et « iel est beau », puisque l’adjectif « beau » accordé avec le sujet nous indique son « genre » ? Faut-il écrire « iel est beau/belle » ? Ou bien « iel est beau et belle » ? Plus drôle encore : le petit Robert spécifie à propos de « iel », que le pronom a… une forme féminine (« ielle »). Ce qui revient à refaire le chemin à l’envers, puisque c’est déjà le cas en français : le masculin est indifférencié, le féminin marque la différence.

Comme pour la langue, il y a du snobisme dans les pseudo-identités sexuelles. On se souvient du personnage de Brétecher qui pleure parce qu’il ne peut inclure dans ses mémoires une expérience homosexuelle, n’ayant eu aucune. Aujourd’hui, on nous raconte avec gourmandise qu’un adolescent sur cinq dit ne pas se reconnaître dans la description « binaire ». L’explication de ce phénomène est simple : comme le disait un garçon anglais, « heterosexual is boring » (« l’héterosexualité, c’est barbant »). Le « non binaire », c’est être à la page, c’est « branché », c’est sortir du lot et attirer les projecteurs vers soi, sans parler de l’attention de ses parents et des institutions. Dans la société du spectacle, qui pourrait résister ? Dans une société de marché, l’identité est un bien de consommation comme n’importe quel autre. De la même façon qu’on choisit librement sa lessive ou son jean, il faut pouvoir choisir librement ses “racines”, son “genre”, son prénom et sa filiation, changer sa langue comme on composerait une pizza chez Pizza Hut. 

Mais après tout, si cela les amuse de penser qu’ils sont « non binaires », qu’ils peuvent transmettre des racines qui ne sont pas les leurs, de parler un volapük qu’ils imaginent être de l’anglais, pourquoi s’en préoccuper ? Cela pourrait apparaître comme des gentilles petites lubies qui ne font de mal à personne. Et bien, ce n’est pas le cas. Parce que ces développements ont un point commun, ils prétendent nier le réel. Et ils nous conduisent tout droit à une forme de psychose. Une société dont les élites, c’est-à-dire ceux qui en sont le moteur intellectuel, perdent contact avec la réalité va vers de sérieuses difficultés.

On peut prétendre ne pas se reconnaître dans la description « binaire », mais la réalité est que l’homme est un mammifère à reproduction sexuée. Il y a des individus de notre espèce qui possèdent un pénis, et des individus qui possèdent un utérus. On peut refuser d’appeler les premiers « hommes » et les seconds « femmes », prétendre que chacun a le droit de se dire homme, femme ou refuser de choisir, le fait n’en demeure pas moins. Et notre appartenance à l’un ou l’autre de ces groupes est décidée bien avant notre naissance, et nous n’avons pas voix au chapitre. Et de la même manière, nous héritons une langue – et les processus mentaux qu’elle structure – qui existe depuis bien avant notre conception, et à travers laquelle nous accédons à un patrimoine local, national, universel qui existait bien avant nous – et continuera à exister quand nous ne serons plus.

Que des gens refusent de reconnaître la réalité, ce n’est pas nouveau. Il y a toujours eu des hommes persuadés d’être femmes, des êtres humains persuadés d’être des chiens, des Blancs persuadés d’être noirs, des humbles paysans persuadés d’être Napoléon. Mais en général, ces personnes étaient regardées avec la commisération qu’on réserve aux malades. Ce qui est nouveau, c’est que l’idéologie dominante admet ces comportements, quand elle ne les encourage pas, et cela à tous âges. Or, dans la construction de la personnalité la capacité de l’environnement à indiquer des limites, à faire la distinction entre fantasme et réalité, est essentielle. En faisant croire aux gens que tous leurs désirs non seulement peuvent devenir réalité, mais que c’est là un droit que la société doit garantir (5), on forme des psychotiques.

Mais des psychotiques qui consomment. Et dans notre société de marché, n’est-ce pas là l’essentiel ?

Descartes

(1) Les exemples sont légion. Ainsi, par exemple, les superettes de Carrefour se voient rebaptisées « Carrefour city », le service SNCF adressé aux familles est appelé « SNCF Family ». La palme revient peut être à une étrange affiche placardée par la RATP dans le cadre de l’opération « on aime, on partage » pour faire la publicité d’une rencontre destinée à promouvoir les « industries créatives françaises » (sic !). Voici le texte complet de l’affiche : « WE ARE THE FRENCH TOUCH/Talk-Masterclass-Live/Mode, musique, cinema, jeux vidéo, édition, art et patrimoine, 2 jours pour construire le futur des Industries Créatives françaises. A suivre sur/wearethefrenchtouch.com ». Si les « industries créatives françaises » (une formule mal traduite de l’anglais) ne sont même pas capables de trouver des mots français pour « talk », « masterclass » et « live », elles ne doivent pas être si « créatives » que ça.

(2) Circulaire DGESCO du 29 septembre 2021 portant lignes directrices « Pour une meilleure prise en compte des questions relatives à l’identité de genre en milieu scolaire ». Je conseille la lecture de cet étrange document qu’on peut trouver ici : https://www.education.gouv.fr/bo/21/Hebdo36/MENE2128373C.htm

(3) “In those days spirits were brave, the stakes were high, men were real men, women were real women and small furry creatures from Alpha Centauri were real small furry creatures from Alpha Centauri.” (Douglas Adams, The Hitchickers Guide to the Galaxy)

(4) Vous noterez qu’en général les pronoms ne sont genrés que pour la troisième personne. La raison est simple : la première et la deuxième personne sont présentes dans l’échange, et il n’y a donc pas d’ambiguïté sur leur genre. Il n’y a que la troisième personne, censée être absente, pour laquelle cette précision est nécessaire.

(5) Incidemment, on ne peut que s’étonner, dans une société où l’on conteste sans cesse la légitimité des institutions, de constater combien les demandes de reconnaissance institutionnelle se multiplient. L’exigence de voir changé le sexe sur la carte d’identité est de ce point de vue caricaturale. Un peu comme si mon identité dépendait non de ce que je suis, mais du fait que cela soit reconnu par l’institution étatique. Et on pourrait aligner les exemples : le « mariage pour tous », ou l’on nous explique « qu’il ne faut pas interdire aux homosexuels de s’aimer », comme si l’amour avait besoin d’une reconnaissance de l’Etat pour exister, en est un autre.

La France Psychotique (par Descartes)
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commentaires

A
Je me demande si ceux qu'on appelle les élites et qui font les choix qui sont décrits ici sont si particulières à notre temps. Les élites n'ont-elles pas de tout temps cherché à se distinguer du reste des populations. Sous Louis XIV non seulement la cour mais tous les nobliaux de province ne cherchaient-ils pas à être différents des autres sujets ? À cette époque, pour les cours anglaises ou russes, parler français n'était-il pas une sorte de mondialisation et un signe de distinction ?<br /> Même plus : tout individu ne revendique -t-il pas sa particularité ?<br /> Finalement n'est-ce pas à la fois un comportement naturel et intemporel ?<br /> Sauf qu aujourd'hui encore plus qu'hier cette recherche de la distinction et finalement d'originalité consciente ou inconsciente est tellement massif qu'elle en devient une forme de conformisme.<br /> L' exemple des nouveaux basques souligne se désir ridicule de faire partie d'un cercle le plus réduit possible, une forme d'aristocratie. Dans la région de Nimes et jusqu'aux Cévennes, être protestant était porté fièrement, par ceux qui l'étaient, en souvenir de leur martyrs( Marie Durand ) sans doute mais aussi pour sa valeur symbolique et surtout distinctive. D'autant plus que cette religion se confondait avec la bourgeoisie locale. Le pèlerinage en septembre au musée du désert c'est l'expression satisfaite d'être de ceux-là en dehors de tous les autres.<br /> Gunter Grass note, dans son livre "Toute une histoire " à propos des protestants français immigrés en Allemagne suite aux dragonnades, le capital symbolique dont ils bénéficient et qui s'explique par les classes sociales dont ils étaient issus.<br /> Il y a donc eu toujours se besoin d'être différent, en mieux évidemment.<br /> Mais ce qui est insupportable aujourd'hui ce sont ces quarantenaires diplômés qui sans se rendre compte qu'ils sont de plus en plus nombreux s'imaginent être encore des spécimens rares alors forcément ils épousent les idées et les comportements supposés de ceux dont ils pensent qu'ils en sont et qui sont eux réellement peu nombreux.<br /> Oula ! Je crains que ce jugement manque un peu de nuance...
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G
et pendant ce temps là , les moutons se ruent sur la 3ème dose ....
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