Cette histoire m’a été racontée il y a une cinquantaine d’années.
Dans une ville du sud-ouest, résidait une femme arabe d’un certain âge, femme de ménage de son état, totalement illettrée. Elle était veuve et n’avait qu’un fils qui avait fini par trouver un emploi de mitron dans une boulangerie parisienne.
Un jour, la dame eut une nouvelle importante à communiquer à son fils, dont elle n’avait ni l’adresse ni le téléphone de son employeur. Elle fit écrire une petite lettre par une voisine et lui dit d’écrire sur l’enveloppe : « Á mon fils, ifilaficelle à Paris ».
Je garantis l’authenticité de tout ceci.
Normalement, les lettres qui n’arrivent pas à leur destinataire sont regroupées à Libourne. Environ 20 000 lettres par jour sont épluchées, avec plus ou moins de succès, par les fins limiers postiers. Dans le cas présent, les postiers parisiens qui avaient reçu cette étrange missive, se lancèrent le défi d’une enquête. Ils firent le pari que « laficelle » n’avait peut-être rien à voir avec une entreprise de fabrication de cordages, ce qui eût simplifié leur tâche, mais avec le monde de la boulange.
Á leurs moments perdus, des chercheurs en brigade écumèrent les boulangeries parisiennes à la recherche d’un jeune employé arabe recruté récemment.
Au bout de deux mois, ils trouvèrent.
« De mon temps », le service public, c’était ça !
Dans mon immeuble, c'est ainsi que les facteurs distribuent le courrier. Ces préposés dépendent du bureau de poste du 7ème arrondissement de Lyon.