Le banquier éborgneur et emmerdeur, de concert avec Mario Dragui, président du Conseil des ministres en Italie, ont demandé aux pays de l'UE de réformer les règles budgétaires définies par les critères de Maastricht, pour permettre davantage de dépenses d'investissement, sans oublier pour autant l’impérieuse obligation de réduire le niveau d'endettement : « De la même façon que ces règles n’ont pas bridé notre réponse à la pandémie, elles ne doivent désormais pas nous empêcher de réaliser tous les investissements nécessaires », ont asséner les deux dirigeants dans une tribune publiée par le Financial Times.
La présidente de la Commission européenne, Ursula van der Leyen, veut réviser la gouvernance économique de l'UE, entre autres en redéfinissant les “ critères de Maastricht ” (discours du 15 septembre 2021). Elle souhaite un consensus « bien avant 2023 ». Cette échéance correspond à la fin théorique des critères de Maastricht, à savoir l’obligation pour les États membres de limiter leur déficit budgétaire à 3% de leur produit intérieur brut (PIB), et leur endettement à 60% de celui-ci. Selon le bulletin d’Eurostat daté de fin juillet, le taux d’endettement moyen des Etats membres, était, à la fin du premier trimestre 2021, de 100,5% dans la zone euro et de 92,9% dans l’ensemble de l’Union européenne (118% pour la France, 60% aux Pays-Bas, 210% pour la Grèce).
Ce changement de politique n’a rien à voir avec le Covid car il a été proposé dès septembre 2019 par le Comité budgétaire européen afin « d’ajuster au mieux le Pacte de stabilité et de croissance à la réalité des différentes économies nationales. » Mais la pandémie a interrompu les discussions entre les divers partenaires (gouvernements et syndicats) et instances européennes (banques centrales nationales). Le Comité budgétaire européen avait néanmoins eu le temps de proposer une feuille de route : oublier le critère du déficit public fixé à 3% en le remplaçant par un plafond annuel de dépenses.
Tout comme Mario Draghi, le banquier éborgneur et emmerdeur estime que le 3% de déficit est « dépassé ». Ce qui est une quasi provocation pour les pays du nord de l’Europe les plus attachés à la “ rigueur ”. Les dirigeants français et italien estiment que « Nous devons réduire notre niveau d’endettement mais nous ne pouvons pas espérer atteindre cet objectif en augmentant les impôts ou en réalisant des coupes insoutenables dans les dépenses sociales, ni tuer la croissance dans l’œuf en rééquilibrant les finances publiques par un ajustement budgétaire qui ne serait pas viable. Nous devons disposer d’une plus grande marge de manœuvre et pouvoir réaliser les dépenses clés nécessaires à notre avenir et à notre souveraineté. Les règles budgétaires devraient favoriser la dette créée pour financer ces investissements, qui contribuent indéniablement au bien-être des générations futures et à la croissance à long terme, étant donné que ces dépenses publiques participent de fait à la viabilité de la dette à long terme ». Notre banquier compte faire « une estimation quantifiée des besoins d’investissement, et des règles qui devront évoluer en conséquence dont les règles de concurrence et les règles commerciales, mais aussi les règles budgétaires européennes [...] qui doivent être adaptées aux enjeux de l’époque ».
Un bras de fer intéressant en perspective entre le Nord et le Sud. Qui l’emportera ? Les paris sont ouverts…