Comme un enfant de cinq ans qui donne des grands coups de pied dans une porte qui ne veut pas s’ouvrir, le banquier ne supporte pas l’obstacle, la contradiction.
L’extrême violence de la police à ses ordres – qui a utilisé des armes de guerre contre des manifestants Gilets-jaunes, ne l'oublions jamais – ne fut (n’est, ne sera ?) que la traduction de son désarroi face à une expression collective hostile qu’il n’avait pas envisagée.
« Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder » est la dernière des petites phrases assassines sorties de la bouche d’un individu en perpétuelle recherche d’équilibre, et que certains vont jusqu’à qualifier de psychopathe. Mais il s’agit de psychologues étrangers qui ne risquent rien.
Alors, récapitulons ce florilège indigne tout en violence, en mépris pour ceux qui s’opposent, mais aussi pour ses soutiens lorsqu’ils ne sont pas assez empressés.
En juin 2017, à Mayotte, une île lointaine peuplée de gens sans aucune sensibilité, peut-on penser, il compare les migrants comoriens à des animaux : « « Le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent ».
Toujours en juin 2017, tombe de sa bouche, à la surprise générale, la tristement célèbre (et meurtrière si on y réfléchit bien) métaphore de la gare « un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien ».
En août 2017, il s’en prend – à l’étranger – à la France dans sa globalité en pensant accéder aux « rêves de Français » qu’il croit connaitre, lui le petit-bourgeois du quartier chic d’Henriville à Amiens : « La France n’est pas un pays réformable. Beaucoup ont essayé et n’y ont pas réussi, car les Français détestent les réformes. Transformer le pays en profondeur pour retrouver le destin qui est le sien, ça, c’est un combat qui fait rêver les Français ».
En septembre 2017, il s’en prend aux « fainéants » qui, on le sait depuis le XIXe siècle, sont responsables du chômage car ils ne veulent pas travailler : « Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes ».
En octobre 1917, il s’en prend à des syndicalistes CGTistes qui accompagnent des salariés licenciés (pour lui, un adhérent de ce syndicat doit être un alien extrêmement malfaisant) : « Certains, au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas ».
En juin 2018, dans une vidéo, il déplore qu’on mette « un pognon de dingue dans les minima sociaux » et que « les gens pauvres restent pauvres ». « On doit avoir un truc qui permet aux gens de s’en sortir. » Ah, si l’on pouvait gouverner par des « trucs », comme au Café du Commerce…
Lors de l’affaire Benalla – qui s’éternise sûrement parce que la Justice veut la décortiquer à la perfection – le banquier éborgneur attaque ceux qui doutent devant ses propres godillots LREM : « On ne peut pas être chef par beau temps et vouloir s’y soustraire lorsque le temps est difficile. S’ils veulent un responsable, il est devant vous, qu’ils viennent le chercher. Et ce responsable, il répond au peuple français, au peuple souverain ».
Deux mois plus tard, dans les jardins de l’Élysée, chez lui donc, il suggère à un chômeur horticulteur de rechercher un emploi dans l’hôtellerie, les cafés et la restauration. Et il a le front d’ajouter qu’en traversant la rue il va lui trouver du travail.
Á la même époque, il critique, à l’étranger, les Français « Gaulois réfractaires au changement ».
Je l’ai dit et redit, mais quand je pense à la distinction naturelle avec laquelle sa grand-mère s’exprimait, mes bras ballent. Sacré retour du refoulé chez cet enfant choyé…