Je fais le plein hier à la station Total proche de chez moi. Au moment de payer, je plaisante avec le caissier : « alors, la baisse du carburant, c'est pour quand ? Vous qui êtes un professionnel, vous devez le savoir... »
— Non, me dit-il, je ne suis qu'un collaborateur.
Hé oui, quand tu t'exprimes avec la langue de l'autre, tu es aliéné, c'est-à-dire manipulé sans en avoir conscience. Le caissier est tout bêtement un employé, donc quelqu'un recruté sur un emploi. Mais dans le monde lisse, bisounours mais tellement cruel du capitalisme libéral, il n'y a que des collaborateurs, en d'autres termes, des gens qui travaillent ensemble, au même niveau.
Mon cher caissier se situe – malgré lui je n'en doute pas – au même niveau que Patrick Pouyanné, le PDG de l'entreprise.
Je ne suis pas certain qu'il ait pleinement conscience de la personnalité de celui avec qui il collabore.
En 2018, Patrick Pouyanné assiste, contrairement à d'autres grands patrons, au forum économique de Riyad au moment où l'Arabie saoudite est fortement soupçonnée d'avoir commandité l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
Fin septembre 2019, il annonce vouloir augmenter le dividende versé aux actionnaires de Total, de 5 ou 6 % contre 3 % jusqu'alors.
En janvier 2020, il déclare que le débat sur le réchauffement climatique est « trop manichéen, trop faussé», et invite à ce que « tout le monde retombe un peu sur Terre sur ce sujet énergétique. »
Lors de la crise liée au Covid, et alors que l'État le lui demande, Pouyanné refuse de réduire les dividendes versés à ses actionnaires (Total est la plus grande entreprise française avec 900 filiales dans le monde). Il envisage de leur verser 7 milliards d'euros en 2020 alors que les profits de l'entreprise sont en baisse.
Dans le contexte de crise économique liée à la pandémie de covid-19, l’État invite les entreprises à réduire les dividendes versés aux actionnaires. Patrick Pouyanné s'y refuse et prévoit de leur verser 7 milliards d’euros en 2020 malgré des profits en baisse. Il envisage de licencier 700 salariés (pardon : collaborateurs) pour équilibrer les finances du groupe.
Greenpeace France, Anticor et l’association La Sphinx portent plainte en avril 2021 contre Patrick Pouyanné pour prise illégale d’intérêts. Elles lui reprochent d’avoir profité de sa position de membre du conseil d’administration de l'École polytechnique pour favoriser les intérêts de Total, emploi particulier son implantation d’un centre de recherche et d’innovation au cœur du campus de l’établissement. Le Parquet national financier ouvre en mai 2021 une enquête préliminaire.
Durant l'invasion russe en Ukraine de mars 2022, Patrick Pouyanné prend la décision de poursuivre l'importation de gaz russe contre la volonté du ministre de l'Économie Bruno Le Maire (pauvre Nono !).
PS : à propose de La Sphinx. Il s'agit d'une association d'élève.e.s et ancien.ne.s élève.e.s progressiste.e.s de Polytechnique. Je suis persuadé qu'il ne leur a pas échappé – iel.les qui pratiquent l'écriture inclusive – que “sphinx ” est un mot masculin, dont le.a féminin.e est “ sphinge ”. Qui trop embrasse mal étreint.e