L'immigration coûte-t-elle ou est-elle bénéfique à la fois aux immigrés et aux population d'accueil ?
C'est une question à laquelle il est très difficile d'apporter une réponse objectivement satisfaisante, d'autant que les économistes qui étudient ces questions de près ne sont pas d'accord entre eux.
Tant qu'on utilisera les travailleurs immigrés pour tirer les salaires des travailleurs d'origine vers le bas, on contribuera à l'appauvrissement général des populations et de nos pays. Malheureusement, la spirale est toujours aussi infernale. On va ainsi bientôt voir arriver des travailleurs asiatiques via la Roumanie... Pour qu'il y ait enrichissement, il faut, au contraire, que le niveau moyen de qualification des travailleurs immigrés soit supérieur au niveau moyen de qualification des travailleurs du pays d'accueil. Et ce, dans la durée, car, on le sait bien, une forte proportion d'immigrés ne retourne pas au pays. Il faut donc que ce qui est valable pour eux soit également valable pour leurs enfants et petits-enfants.
Si l'immigration de masse n'a pas posé de graves problèmes des années cinquante jusqu'au milieu des années soixante-dix, c'est parce qu'il n'y avait quasiment pas de chômage et donc parce que les immigrés venaient soulager des mains-d'œuvre autochtone pléthoriques. Voir l'exemple des usines Renault et, avant cela, des Polonais dans les mines de charbon.
Aujourd'hui, les travailleurs immigrés qui parviennent à trouver un vrai emploi sont bénéficiaires. Les employeurs de même. En revanche, les pays d'origine sont dans l'ambiguïté : ils perdent des forces vives, ce qui est très regrettable à terme mais, dans le même temps, ils se soulagent d'une démographie excédentaire et de jeunes, parfois turbulents et intenables dont ils ne savent plus quoi faire. Dans les deux cas : un gâchis.
Si le regroupement familial est, humainement, une très bonne chose, il a souvent pour conséquence un afflux de mères et d'adolescents sans vraie qualification, difficilement adaptables au monde de l'emploi des pays développés. Et on ne parle même pas des demandeurs de faux asiles ou des clandestins qui occupent désormais dans nos sociétés la majorités des postes ubérisés.
Quant à la question de savoir, si les immigrés payent ou vont payer les retraites des locaux, la réponse fait débat. Elle ne pourrait être positive que si les immigrés repartaient immédiatement à la fin de leur période d'activité professionnelle.
Aujourd'hui, des économistes et démographes de gauche pensent que le besoin d'immigration n'est pas vital pour faire tourner la machine économique car les sociétés du Nord disposent de réserves d'activité considérables : chômeurs, femmes, robots. Par ailleurs, la main d'œuvre issue de l'immigration est sous-employée. Les enfants sont majoritairement peu ou mal éduqués. Cette sous-éducation crée du chômage chez les jeunes issus de l'immigration, ce qui débouche, là encore, sur une baisse généralisée des salaires, facteur d'appauvrissement général et sur une stagnation de la productivité. Sans parler du développement d'une économie parallèle.
Comme tout individu, comme tout être social, l'immigré représente un coût pour la collectivité. Il doit être soigné, logé, ses enfants éduqués etc. Ce qui pose problème quand il paye très peu d'impôts ou qu'il transfère une partie de ses revenus vers son pays d'origine. L'immigré n'est pas responsable de la saturation des services publics car le système a été organisé avant lui et sans lui. S'il n'y avait pas d'immigrés dans les cellules de prison ou dans les rames de métro, c'est d'autres prolétaires – blancs pour parler vite – qui encombreraient ces lieux.
L'économiste Maurice Allais posait en son temps les problèmes dûs, en France, à une soudaine immigration de masse, suite à l'indépendance de l'Algérie, par exemple : “ Sans entrer dans les différents types d’immigration (immigration de travail, de peuplement, regroupement familial…), les principaux effets de l’immigration apparaissent clairement :
L’arrivée d’immigrants ne modifie pas immédiatement le niveau du PIB. Le PIB doit alors être partagé entre les citoyens et les nouveaux arrivants.
L’arrivée des immigrants nécessite des investissements supplémentaires qui réduisent la part de la consommation de tous les ménages (construction de logement, infrastructures…). Elle conduit donc, au moins temporairement, à un appauvrissement de la population locale dont la valeur est supérieure à la contribution directe de l’immigration au taux d’accroissement de la population (à long terme 3 à 4 fois ce taux d’immigration). L’arrivée de nouveaux travailleurs ne peut être valorisée qu’à long terme.
Pour autant, il ne faudrait pas en conclure que l’immigration est nuisible en elle-même. L’arrivée d’immigrants en Amérique du Nord a indiscutablement contribué à l’essor de l’économie du nouveau monde, même si cela s’est fait au détriment des premiers habitants, les Indiens.
Une immigration temporaire peut permettre de faire face à un manque temporaire de main d’œuvre ou à un déséquilibre de la pyramide des âges. Toutefois, celle-ci est évidemment contre-indiquée dans un pays qui, comme la France, souffre d’un important chômage de masse. ”
Allais observait que, dans le contexte de la mondialisation, les employeurs étaient contraints d'embaucher des travailleurs immigrés : “ Pour l'employeur, il est transitoirement préférable d'embaucher un immigré, moins exigeant qu'un citoyen. Il est naturel qu'il fasse ce choix. qui lui est quasiment imposé par une concurrence exacerbée par la mondialisation. Cet employeur peut même délocaliser sa production et ainsi éviter de payer les salaires nationaux et les charges sociales associées. Il contribuera ainsi au déséquilibre des comptes sociaux, au déficit de la balance commerciale et à la désindustrialisation de la nation. ” Et Allais estimait à 32 milliards de biens publics à produire chaque année pour accueillir les immigrés et leurs familles dans des conditions normales.
La question est de savoir si l'accueil des immigrés sera toujours compatible avec l'esprit et la lettre de l'État social que la France a connu depuis l'après-Deuxième Guerre mondiale.