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6 mai 2022 5 06 /05 /mai /2022 05:10

«... le 5 mai 1981, au terme de soixante-six jours de grève de la faim, mourait Bobby Sands, en Irlande du Nord, dans la prison de Maze. Cette prison, installée sur l’ancienne base de la Royale Air force nommée Long Kesh, fut d’abord un lieu de détention où l’armée britannique pouvait enfermer sans procès tout opposant à sa présence. Ainsi, en 1971, lors de l’opération « Démetrius », 450 hommes des quartiers catholiques de Belfast y furent parqués dans les H Blocks, des bâtiments en forme de H, dans des conditions très rudes. Bobby Sands avait vingt-sept ans. Après lui, dans les jours qui suivirent, moururent neuf autres prisonniers politiques qui, à son exemple, menèrent jusqu’au bout leur mouvement de protestation. »

(L’Humanité) 

."... c’est à 18 ans que Bobby Sands rejoint l’IRA (en 1972) et connait sa première arrestation de 1972 à 1976, période durant laquelle il est emprisonné.

A sa sortie de prison, Bobby Sands décide de s’impliquer davantage dans les actions de l’IRA, devenant ainsi l’un des principaux leaders activistes du mouvement.

Il est cependant arrêté très rapidement, en 1977, pour détention d’arme à feu et attentat.

Bien que l’accusation d’attentat soit rapidement rejetée par le tribunal en charge de son dossier, il est toutefois condamné à 14 ans de prison (à la prison de Maze, aussi nommée Longh Kesh).

Bobby Sands souhaite être reconnu comme un prisonnier politique.

Dans ce centre pénitentiaire, Sands commence alors à écrire des textes politiques engagés, ainsi que quelques poèmes. De nombreux textes de sa composition sont même publiés tout au long de sa détention dans l’An Phoblacht , le journal officiel de l’IRA.

La vie carcérale à Maze est particulièrement difficile, et les tensions entre les prisonniers et les surveillants sont palpables. Dès le début, les prisonniers tentent de protester avec le « Blanket Protest (1976-1981) » et le « Dirty Protest (1978-1981) ». Il s’agit d’une technique de protestation par laquelle les prisonniers refusent de se vêtir de l’uniforme de prisonnier et vivent nus enveloppés dans seulement une couverture. A ce refus de porter l’uniforme s’ajoute ensuite une véritable guerre à l’hygiène, où les prisonniers refusent de se laver, urinent et défèquent partout afin de placer la prison dans un état sanitaire déplorable.

Bobby Sands participe également à cette lutte, mais semble vouloir aller plus loin pour se faire entendre.

Conscient du puissant levier médiatique que peut être celui de la grève de la faim, Bobby Sands décide d’y avoir recours le 1er mars 1980, afin de sensibiliser l’opinion publique aux actions de l’IRA et à l’attitude du gouvernement londonien vis à vis de l’Irlande du Nord. Bobby Sands est alors accompagné par d’autres membres de l’IRA, fermement décidés à aller jusqu’au bout pour se faire entendre, acceptant la possibilité de mourir.

Durant cette grève, la mort d’un député républicain du Fermanagh et du Sud du Tyrone donne à Bobby Sands l’occasion de briguer son siège. Les catholiques proposent alors Sands comme candidat : le 9 avril 1981, il l’emporte sur Harry West.

Face à cette victoire inattendue, le gouvernement londonien décide de contrer Bobby Sands en votant une loi électorale visant à interdire aux prisonniers toute possibilité de rôle politique et de présentation à des élections durant leur incarcération (cette loi est connue sous le nom de Representation of the People Act).

Perdant ainsi son siège de député, Bobby Sands décide de poursuivre sa grève de la faim et de continuer à protester. Son état se détériore sur une soixantaine de jours, où il perd beaucoup de poids, et connait un fort affaiblissement. Il décède le 5 mai 1981, après 65 jours de grève.

L’annonce de son décès fait la Une des journaux et provoque alors un immense tollé en Irlande du Nord et dans le reste du Monde, faisant de Bobby Sands et de ses compagnons, de véritables martyrs.

A l’annonce de sa mort, de nombreuses émeutes éclatèrent dans tous les quartiers nationalistes de l’Ulster, et notamment sur Falls Road, à Belfast, où un « murals » (ces fresques à la mémoire des activistes républicains ou loyalistes) lui rend d’ailleurs hommage.

Margaret Thatcher, la « Dame de fer », Premier ministre en Angleterre, déclara cyniquement à la Chambre des Communes : « Monsieur Sands était un criminel condamné. Il a fait le choix de s’ôter la vie. C’est un choix que l’organisation à laquelle il appartenait n’a pas laissé à beaucoup de ses victimes. ».

[Vu sur Facebook]

 

 

 

 

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commentaires

A
La respect dont bénéficie Margareth Thatcher de la part de toute la bonne société, non seulement chez elle mais à l'étranger, tient au capital culturel et symbolique dont bénéficie justement la Grande Bretagne. Comment les institutions d'un pays au passé prestigieux malgré, comme chez nous, des périodes et des choix moins brillants, pourrait être gouverné par quelqu'un qui ne respecterait pas la vie humaine ? <br /> Comment une personne à l'expression tranquille, si respectueuse des règles sociales, à l'apparence vestimentaire si classique pourrait-elle être réduite à des décisions et à des actes qui relèvent de la sauvagerie. <br /> Pourtant au bout du bout, débarrassé de tout contexte qui ne sert qu'à noyer dans des arguments souvent spécieux, il ne reste au final qu'une décision et une indifférence criminelles.<br /> C'est ainsi et ce n'est pas une spécificité britannique. Il suffit de constater le sort que réservent nos médias aux exploits répressifs et régressifs de notre camarade Macron. Mais cette situation se constate non seulement par la bienveillance qui est accordée à ce genre de politiciens mais surtout par contraste au sort réservé à leurs opposants.<br /> Nous avons sous les yeux la preuve de ces comportements. Sans aucune retenue et jusqu'au ridicule on va jusqu'à évoquer le Diable en parlant de Mélenchon. Et puis sans honte chroniqueurs de l'officialité après des années à nous emmerder avec l'Union sont aujourd'hui à la trouver extravagante et contre nature. <br /> Nous vivons quand même un grand moment de plaisir à les voir aussi furieux et déchaînés devant cette nouvelle situation.
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