Ce n'est pas la première fois que l'armée israélienne tue de sang froid une personne parfaitement innocente ne représentant strictement aucun danger pour elle. Sauf si l'on considère que la vérité et les porteurs de vérité représentent un danger mortel pour le pays le plus militarisé au monde. Cela m'a ramené 22 ans en arrière quand Jacques-Marie Bourget, fidèle collaborateur du site Le Grand Soir dont je suis un des administrateurs, était fauché par une balle de M16 (une arme qui tue à 800 mètres) alors qu'il se trouvait en reportage en Palestine. Tsahal (acronyme de “ Forces de défense – sic – israéliennes) fait des cartons quand elle veut et où elle veut. Elle n'est surpassée dans l'horreur que par la police israélienne qui s'est permise d'attaquer violemment le cortège funéraire des proches et amis de la journaliste au motif qu'ils avaient entonné des chants de libération. Je ne suis pas certain que de telles abominations se soient produites dans la Pologne occupée par les Allemands.
Le témoignage de Jean-Paul Bourgès est précieux car il nous rappelle que, bien malheureusement, l'histoire se répète.
Mercredi matin, Shireen ABU AKLEH, journaliste palestinienne d’Al-Jazeera, vient d’être tuée par l’armée israélienne lors d’une opération en Cisjordanie. Un autre journaliste, présent à côté d’elle et visé lui aussi, fut blessé au même moment.
Le 21 février 1973, le Boeing 727 des Libyan Air Lines que pilotait mon frère, Jacques BOURGÈS, avait été descendu par la chasse israélienne au moment où il s’apprêtait à refranchir le canal de Suez. Il avait dépassé Le Caire et le canal de Suez en raison d’un dérèglement de ses appareils de navigation créé par une tempête de sable. Bilan 103 morts civils.
Quel lien y a-t-il entre ces deux événements dont l’armée israélienne n’a pas de motif de se vanter ?
Dans un cas, comme dans l’autre, l’armée israélienne dégaine le mensonge après avoir fait une connerie.
Tout démontre, et avec plein d’autres journalistes sur place il y a pléthore de témoignages, que la journaliste d’Al-Jazeera a été visée très précisément par un militaire israélien … alors que sa tenue et celle de ceux qui l’entouraient montraient clairement que c’était une journaliste en reportage (Casque, gilet pare-balles, mot ‘PRESS’ écrit en gros caractères sur son gilet). La confusion était impossible … et, pourtant, l’armée israélienne prétend que la journaliste a été tuée par des Palestiniens alors qu'en face du groupe des journalistes, ce sont des militaires israéliens qui se trouvaient.
Lorsque Jacques est mort aux commandes du B727, l’armée israélienne qui avait immédiatement transporté son corps dans un de leurs hôpitaux, prétendit d’abord qu’il avait consommé de la drogue (Ils avaient dû lui en injecter post-mortem) … si la situation avait été drôle, elle aurait fait se tordre de rire ceux qui connaissaient ce pilote depuis plus de vingt ans (Il avait été le dernier pilote à décoller de Dien Bien Phu, dix-neuf ans plus tôt). Puis ils mirent en doute sa qualification pour piloter un B727 … alors que c’est en tant que commandant de bord d’Air-France sur B727, qu’il formait les pilotes des Libyan-Air Lines et que c’est dans ce rôle qu’il pilotait le vol 114 de cette compagnie avec pour élève un copilote libyen. Bien sûr ces simagrées firent long feu et le général DAYAN, ministre qui avait donné l’ordre d’abattre l’avion, finit au bout de quelques jours par reconnaître « une erreur de jugement » qui se traduisit, d’ailleurs, par une indemnisation des familles des victimes.
Mentir et tenter de reporter la faute sur les victimes est, décidément, une manie israélienne … et les Israéliens ne comprennent pas pourquoi ils sont si peu aimés.
C’est vrai, c’est étrange !