Ne pas "laissez faire", comme dans le libéralisme classique, mais imposer à la société la direction qu'elle doit prendre. Cette direction, c'est celle de son adaptation progressive à la division mondialisée du travail.. Et sa destination finale, c'est celle d'u n grand marché mondial dans lequel devront désormais prévaloir les règles d'arbitrage d'une compétition fair-play où, comme dans le spot, tous doivent avoir les chances égales de révéler leurs talents. Car ce que les nouveaux libéraux comprennent, dans le sillage de la crise de 1929 et à la suite de la décennie noire qui lui succède, c'est que le marché ne se régule pas tout seul. C'est qu'il n'y a aucune main "invisible" qui harmonise spontanément la lutte des intérêts, et qu'il faut donc impérativement en appeler à la mains des États, architectes et arbitres de ce nouveau marché à construire.
Ce tournant étatiste séduira les sociaux-démocrates du monde entier. C'est lui qui leur permettra de se convertir massivement au néolibéralisme, consciemment ou non, tout en continuant à parler d'"État social" et d'"égalité des chances".
[...] Il n'y a aucune relation logique entre la grève et la masse, et c'est même plutôt le contraire. Car la grève n'aura jamais lieu à la fin, elle n'aura jamais lieu tant qu'on attendra d'être très nombreux, des centaines, des milliers ou des millions, pour être finalement des milliards. La grève n'est pas générale, mais elle est très spéciale. Elle a lieu maintenant, et avec les quelques uns qui sont là, ou bien elle n'a pas lieu.
Du cap aux grèves. Récit d'une mobilisation, 17 mars 2018- 17 mars 2020.