Il semble que cette ville de 85 000 habitants connue dans le monde entier symbolise au plus haut point ce qui se dessine au Parlement : l'alliance de la droite et de l'extrême droite sous l'égide du macronisme.
A lire un très bon article de David Garcia dans Le Monde Diplomatique d'août 2022 dont je livre ici les premières lignes.
La droite se recompose à Versailles
Le cœur de la droite française a toujours battu à Versailles. Il bat aujourd’hui pour M. Emmanuel Macron, auquel le maire de la ville ressemble. Incarnation du bloc bourgeois, il godille avec élégance entre une extrême droite catholique hantée par l’islam et des classes supérieures plus soucieuses d’espaces verts, de pistes cyclables et de pièces de Molière.
Monsieur François de Mazières, maire de Versailles depuis 2008, aime la bicyclette et l’architecture. Sexagénaire aux allures d’étudiant sage, il mène une croisade contre la laideur urbaine et contre la réputation conservatrice de sa ville. Pourtant, lors de l’élection présidentielle de cette année, avec 18 % des suffrages, le candidat d’extrême droite Éric Zemmour a réalisé un score supérieur de plus de dix points à sa moyenne nationale. Dans les beaux quartiers, il a siphonné les voix des Républicains, le parti de la droite parlementaire, un signe de la porosité politique et sociale qui peut exister entre ces deux univers. Néanmoins, M. Zemmour est arrivé en deuxième position, loin derrière M. Emmanuel Macron (33 % des voix), que la bourgeoisie locale, hégémonique, a jugé plus apte à défendre ses intérêts et dont une fraction, constituée de nouveaux habitants, est moins attachée aux traditions réactionnaires.
« La ville jouit d’une aura sans commune mesure avec son importance démographique. Elle porte à elle seule le poids de l’image de tout le bassin de population de la frange est des Yvelines, qui va jusqu’à Saint-Germain-en-Laye »,observe l’évêque auxiliaire de Versailles, M. Bruno Valentin. Un « même particularisme sociologique », bourgeois et catholique. La ville doit sa notoriété au palais bâti sur ordre de Louis XIV au XVIIe siècle, à la suite des travaux inauguraux de son père. Chaque année, quelque huit millions de visiteurs, dont 81 % d’étrangers, visitent le château et son parc. Versailles fut le siège du gouvernement de 1682 à 1789, théâtre des débuts de la Révolution française. L’Assemblée nationale monarchiste élue en 1871 s’y réfugia, s’arrangea avec l’occupant prussien et donna mandat à Adolphe Thiers pour noyer dans le sang la Commune de Paris, républicaine et sociale.
Et puis n'oublions pas que le banquier éborgneur et emmerdeur passe ses fins de semaine à Versailles, dans le pavillon de la Lanterne (autrefois réservé aux Premiers ministres mais confisqué par Sarkozy), avec Madame.