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8 septembre 2022 4 08 /09 /septembre /2022 05:01

J'ai posté ce texte sur ma page Mediapart. Il a été déprogrammé pour diffamation et propagation de fausses nouvelles. Je m'étais abondamment servi de la page Wikipedia consacré à Woerth. Je vais donc cesser ma collaboration avec Mediapart car c'est le troisième texte en un an qu'il me censure sans prendre la peine de me dire précisément quels sont les passages litigieux.

L'expression "toute honte bue" date du XIIIe siècle. Il s'agit donc de boire sa honte, de subir des avanies tout en ravalant sa pudeur. Aujourd'hui, on retiendra la notion d'une action déshonorante commise sans aucune honte.

 

Je n'irai pas jusqu'à dire que cette expression fut forgée pour Éric Woerth, mais enfin, tout de même...

 

Avec les députés de l'Oise, et ses électeurs, soit dit en passant (ceux de Chantilly en particulier, ville dont il fut le maire pendant plus de 20 ans), nous sommes en présence de ce que la politique française a pu offrir de plus vulgaire, de plus grossier, de plus antirépublicain.

 

Y a-t-il une relation de cause à effet, mais Woerth est l'un de nos hommes politiques les plus riches, vous savez, ce patrimoine qu'on acquiert en dormant comme disait Mitterrand. Selon le site Mediamass, "l'homme politique-entrepreneur pèserait près de 145 millions d'euros. Outre ses gains professionnels il devrait son immense fortune à de judicieux placements boursiers, un patrimoine immobilier conséquent et le très lucratif contrat publicitaire avec les cosmétiques CoverGirl. Il possèderait également plusieurs restaurants à Paris (dont la chaîne « Chez l'gros Éric »), un club de Football à Creil, et serait également impliqué dans la mode adolescente avec une ligne de vêtements « Woerth Séduction » ainsi qu'un parfum « L'eau d'Éric », autant de succès financiers.

 

Et pourtant, il a grandi dans un quartier difficile de Creil, avec un père médecin du travail et une mère femme au foyer.

 

Après une terminale économie au lycée de Chantilly, Éric Woerth suit des études à l'université Paris II Assas (la fac la plus à droite de France) et sera diplômé de l'IEP de Paris et de HEC.

 

Il épousera Florence Henry, analyste financière et gestionnaire de fortune au sein de la Banque Palatine puis à la banque Rothschild & Cie Gestion. En 2007, elle deviendra directrice de la holding financière de Liliane Bettencourt, puis entrera au conseil de surveillance d'Hermès.

 

En 2008, elle participe à la création de l'Écurie Dam's, une société détenue uniquement par des femmes et dont le but est d'acquérir et de faire courir des chevaux pur sang et en devient la présidente.

 

Éric Woerth mène à partir de 1981 une carrière professionnelle dans le domaine du conseil en entreprise (optimisation fiscale) en étant recruté chez Arthur Andersen (il s'occupe de la feuille d'impôts d'Elton John). Il réalisera également des audits de collectivités locales et d'administrations publiques.

 

En 2002, lé cabinet ayant sombré dans le scandale Enron, Woerth se consacre à sa carrière politique en étant responsable de la direction financière de la campagne présidentielle de Jacques Chirac.

 

Entre 1986 et 1990, il est successivement directeur général, vice-président, puis président de l'Agence pour le développement de l'Oise avec comme adjointe la trésorière occulte du RPR, Louise-Yvonne Casetta (dite "La Cassette"). Sa gestion est mise en cause par la Chambre régionale des comptes de Picardie. Il résilie son contrat en 1990, reçoit une prime de fin de contrat équivalent à cinq mois de salaire, que la Chambre qualifie de « pure libéralité ».

 

Gaulliste, Éric Woerth s'engage au RPR en 1981 et s'installe politiquement à Creil. Il est battu aux élections municipales de 1983 et se translate vers la très bourgeoisie Chantilly où il est élu conseiller municipal. Malheureusement, le Conseil d'Etat annulé son élection pour conflit d'intérêt. En 1992, il est élu conseiller régional puis, en 1995, maire de Chantilly. De 1995 à 1997, il est conseiller parlementaire du premier ministre Alain Juppé. En 2002, il est éu député et se rapproche de Nicolas Sarkozy qui lui confie de monter pour le compte de l'UMP « une structure dédiée à la collecte de l'argent auprès des plus grandes fortunes, sur le modèle des Charity dinners qui ont prospéré aux États-Unis ». Il crée alors le « Cercle France », dont le droit d'entrée varie de 300 à 3 000 euros et le « Premier Cercle » dont le droit d'entrée minimal est fixé à 3 000 euros, mais peut aller jusqu'à 7 500 euros comme le prévoit la réglementation sur le financement des partis. So far away from les quartiers populaires de Creil... Le candidat Sarkozy reçoit 9 125 105 euros de dons de personnes physiques, loin devant les 743 432 euros de Ségolène Royal. En , il est réélu député dès le premier tour avec 57,40 % des suffrages, mais nommé ministre du Budget dans le gouvernement de François Fillon, il cède sa place à son suppléant, Christian Patria.

 

Éric Woerth retrouve son siège de député en . Il est réélu en . Le , il rejoint le groupe parlementaire R-UMP de François Fillon à la suite des résultats contestés du congrès de l'UMP. Il est secrétaire d'Etat à la réforme de l'État (toujours moins d'Etat, n'est-ce pas ?) dans le gouvernement Raffarin III en 2004-2005. Sa mission principale est le non remplacement de la moitié des fonctionnaires partant à la retraite.

 

Le , il est nommé ministre du Budget, des comptes publics et de la Fonction publique (admirez l'intitulé) dans le gouvernement Fillon, portefeuille auquel s'ajoute celui de la réforme de l'État. Il déclare lutter contre l'évasion fiscale, possédant « les noms de 3 000 contribuables détenteurs de comptes dans les banques suisses, dont une partie correspond très probablement à de l'évasion fiscale ». Mais en janvier 2012, la Cour de cassation déclare « illicite » la liste des 3000, le fichier réquisitionné ayant initialement été volé, et interdit donc à l'administration de s'en servir.

 

Toujours dans le souci de faire des économies, Woerth se félicite régulièrement que le gouvernement ait réduit le nombre d’hôpitaux et de lits d’hôpitaux.

 

En mars 2010, nouveau ministre du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique, Woerth est chargé de négocier la réforme des retraites. Il perd son fauteuil ministériel en novembre 2010 à cause de ses problèmes judiciaires. Il est réélu député en 2012. Il est élu conseiller régional en 2015, démissionne pour prendre la tête de l'UMP, soutient Sarkozy pour le premier tour de la primaire présidentielle des Républicains, puis Fillon pour le second tour. Il est réélu déité en 2017 et renonce à la mairie de Chantilly en raison du cumul des mandats. Il est élu président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale. Il soutient désormais Laurent Wauquiez.

 

En 2022, il annonce son ralliement au banquier éborgneur et emmerdeur. Les républicains lui demandent de quitter immédiatement le parti. Investi par la Macronie lors des élections législatives de 2022, il est réélu dans la 4e circonscription de l'Oise face à la candidate du RN Audrey Havez, avec 54,35 % des suffrages. Candidat de la coalition présidentielle, il est élu questeur de l'Assemblée nationale.

 

Il se prononce en faveur du recul de l'âge de la retraite de 62 ans à 65 ans.

 

Jusque-là, nous sommes en présence du parcours classique, légèrement aventureux, d'un homme politique de droite classique, légèrement au-dessus du panier. Mais Éric Woerth s'est distingué, pendant de nombreuses décennies, par de sinueux cheminements entre la loi et le hors-la-loi.

 

En 2010, il est soupçonné de prise illégale d'intérêt dans la vente de 57 hectares de la forêt de Compiègne. Il bénéficie en 2014 d'un non-lieu auprès de la Cour européenne de justice de la République.

 

En 2012, il est mis en examen pour trafic d'influence passif et recel de financement illicite de parti politique. Il est relaxé de trafic d'influence et d'abus de faiblesse par le tribunal correctionnel de Bordeaux. Selon ce tribunal, la remise d'argent des fonds Bettencourt n'est pas totalement admise et Woerth n'avait pas connaissance (contrairement à la France entière) de la particulière vulnérabilité de Liliane Bettencourt.

 

En 2008, Woerth permet au Groupe Bernard Tapie de payer seulement 43 millions d’euros de taxes au lieu des 101 millions, contre l’avis de sa propre administration. En 2009, l'administration fiscale dirigée par Éric Woerth renonce à un appel sur la décision de ristourne de quinze millions d’euros, dont onze millions au titre de l'impôt sur le revenu au bénéfice de Bernard Tapie. En , Éric Woerth est mis en examen par la Cour de justice de la République pour concussion. Soupçonné d’avoir accordé un avantage fiscal à Bernard Tapie en 2009, l’ancien ministre du Budget dément. Le , le ministère public près la Cour de justice de la République annonce avoir requis un non-lieu pour Éric Woerth considérant que l'infraction n'est pas « suffisamment caractérisée ».

Trésorier de la campagne de Sarkozy pour l'élection présidentielle de 2007, il reconnaît devant les juges d’instruction avoir distribué plusieurs dizaines de milliers d'euros d'argent liquide d’origine anonyme à des salariés de la campagne. Il est mis en examen pour « complicité de financement illégal de campagne électorale » en 2018.

 

Et c'est ce type, avec ses batteries de casseroles aux fesses qui, régulièrement, fait la leçon aux politiques, aux électeurs, aux Français, quand il juge que le cours des choses n'est pas assez à droite.

 

Cette prise guerre peu glorieuse du banquier éborgneur et emmerdeur s'est même permise, en authentique parangon de justice, d'émettre des doutes sur la capacité d'Éric Coquerel à présider la commission des Finances de l'AN. Ce président peut, en effet, se rendre au ministère des Finances et y compulser les dossiers fiscaux. La France Insoumise, prétend Woerth, nous a habitué à beaucoup de gymnastique dans ce domaine.

 

Triste, bien triste sire !

Toute honte bue
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commentaires

A
Faut voir avec quelle assurance tranquille il s’exprime dans les médias. C’est vrai il est bien aidé par des journalistes qui ne sont plus complaisants mais complices. Alors avec un aplomb incroyable il en vient non seulement à nous faire de la morale économique mais de la morale tout court. À se demander chaque fois si on rêve. Car pour lui comme tant d’autres il ne s’agit pas ou plus de convictions politiques mais tout simplement de défendre un monde où, comme disait Louis de Funès dans la folies des grandeurs, les riches sont faits pour être riches et les pauvres pour être pauvres.<br /> L'Hippodrome de Vincennes reste quand même un cas d’école mais comme il l’a dit lui-même il assume, alors il n’y a pas de problème. C’est fou comme ces gens se vantent d’assumer ! Sans compter que assumer est un verbe transitif qu'ils se gardent bien d'accompagner d'un complément d'objet et que cette posture ne s'accompagne d'aucun risque.
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