Tout est parti d’un tweet publié par de directeur de TGV-Intercités à propos du déplacement en avion du PSG à Nantes : « PSG, je re-re-renouvelle notre proposition d'offre #TGV adaptée à vos besoins spécifiques, pour nos intérêts communs : sécurité, rapidité, services et éco mobilité. »
Lors d’une conférence de presse, un journaliste interroge Christophe Galtier sur la conscience environnementale du PSG. Galtier et le footballeur qui l’accompagne Kilian M’bappé qui étaient venus parler football, sont interdits, se demandent si c’est du lard ou du cochon. M’bappé en particulier qui, pendant le long énoncé de la question, donne l’impression d’avoir été transporté par le journaliste dans une autre dimension. Sur l’estrade, les deux hommes se regardent et, avant même que Galtier ait prononcé sa saillie coupable, M’bappé se tord de rire, à deux doigts de rouler sous la table.
Galtier choisit de rester au niveau de l’ânerie du journaliste et répond : « Je me doutais que l'on allait avoir cette question-là. Pour être très honnête avec vous, ce matin, on a parlé avec la société qui organise nos déplacements, on est en train de voir si on ne peut pas se déplacer en char à voile. Voilà. »
C’est qu’il a compris, tout comme son footballeur, que cette conférence de presse était à 1000% dans la com’. La com’, c’est l’air du temps, la bien-pensance, les éléments de langage, le préfabriqué. La classe dominante, et les médias qui la suivent ou la précèdent, ont trouvé un nouvel os à ronger et à donner à ronger au bon peuple : le coût de l’énergie. Pas des enfants qui, après l'école, rejoignent leur home, sweet home : une voiture d'occasion ou, pire encore, un bout de trottoir ; pas les centaines de milliers de Français de tous les âges qui ne peuvent plus se soigner ; pas ces millions de Français largués dans leur propre pays.
Ainsi donc le prix de l’électricité a bondi, indépendamment de ce qui peut se passer en Ukraine. Des chefs d’entreprise nous parlent de factures qui ont été multipliées par huit, par dix, ces derniers mois. Il faudra bien un jour expliquer aux Français que cette flambée n’aurait pas eu lieu si la classe politique dans son ensemble n’avait pas partiellement privatisé EDF en 2005 (après que le président de la République Jacques Chirac et son Premier ministre Lionel Jospin eurent entériné la “ libéralisation ” de la distribution du gaz et de l'électricité en Europe) et, avant cela, Elf-Aquitaine et Total en 1994. Total à qui les pouvoirs publics demandent respectueusement de consentir un petit cadeau aux automobilistes.
Á aucun moment, les hommes et les femmes politiques qui se sont engouffrés dans la brèche de la vanne afin de tancer d’importance les deux sportifs n’ont évoqué ce problème. La ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques Amélie Oudéa-Castéra a questionné Galtier : « M. Galtier, vous nous avez habitués à des réponses plus pertinentes et plus responsables – on en parle ? » Á noter que la ministre ne convoque pas Galtier : elle lui demande la permission de bien vouloir discuter avec lui. Quant à Anne Hidalgo, qui ne sait plus trop comment exister, elle a exprimé une fausse colère de cour d’école dans son langage de faux titi parisien : « Non mais ça va pas de répondre des trucs pareils ???? On se réveille les gars ??? Ici c'est Paris. »
Le club ne pouvait pas faire moins que de réprimander pour la forme son entraîneur (« il a pris ça à la légère. Il a voulu faire une pirouette à cette question extra-sportive ») en rappelant que le 21 août le PSG avait pris le bus pour se rendre à Lille.
De vrais journalistes ont mentionné pour leur part que des clubs de ligue 2 utilisaient parfois l’avion pour des sauts de puce.
Demain un clou aura chassé celui-ci.