Le gouvernement du banquier éborgneur et jet-skieur (quand la France est en feu) a donc décidé de « réformer » (quand j’entends le mot « réforme », je sors Das Kapital) l’assurance chômage. Les plus pauvres, les plus fragiles d’entre nous peuvent s’apprêter à souffrir.
Le banquier éborgneur et jet-skieur (quand la France est en feu) estime que les règles de l’indemnisation du chômage sont trop généreuses et qu’elles sont un frein au retour à l’emploi. C’est vrai, quoi ! Un chômeur qui perçoit quelques sous l’empêchant de mourir de faim réfléchit longuement avant de reprendre un emploi : il en parle autour de lui, met sur pied une commission de réflexion, il part en famille une semaine au bord de la mer pour discuter calmement, sans pression, des avantages et des inconvénients d’une reprise de travail.
Le projet soumis tout récemment au conseil des ministres vise à « améliorer le fonctionnement du marché du travail » et il n’est qu’une « première étape » pour atténuer les difficultés de recrutement des entreprises et atteindre le plein emploi d'ici la fin du quinquennat.
Il faut toujours garder à l’esprit que le nombre de chômeurs réellement indemnisés est faible : sur les 6,5 millions de personnes inscrites à Pôle Emploi en décembre 2021, seulement 2,6 millions (40 %) d’entre elles recevaient une indemnisation. L’UNEDIC prévoit qu’elles seront 2,4 millions fin 2022. Le montant net moyen d’indemnisation est aujourd’hui de 960 euros (1 070 euros pour les allocataires qui ne travaillent pas et 720 euros pour ceux qui travaillent et complètent leur revenu). Depuis le 1er décembre 2021, il faut avoir travaillé six mois au cours des derniers 24 mois pour percevoir l’indemnité chômage (contre quatre mois auparavant).
Le banquier éborgneur et jet-skieur (quand la France est en feu) veut également moduler l’indemnisation en fonction de la situation économique : « quand ça va bien, dit-on dans les hautes sphères, on durcit les règles, quand ça va mal, on les assouplit. » Selon le ministre du Travail Olivier Dussopt (membre du parti socialiste jusqu’en 2017, ouf !), il est possible d’agir « sur la durée maximale d’indemnisation » qui est aujourd’hui de 24 mois et « sur les conditions pour être éligible [sic, anglicisme à la mords-moi] à une indemnité ». Dussopt déclare ne pas vouloir toucher, pour le moment, au montant des allocations mais à la durée d’indemnisation et aux conditions d’accès à l’assurance-chômage. Aujourd’hui, il faut avoir travaillé 10 mois au cours des 24 derniers mois pour avoir droit aux allocations. Cette durée de deux ans pourrait être augmentée ou diminuée en fonction de la situation du marché du travail. C’est ce qui se fait au Canada. Vous m’en direz tant !
Le gouvernement du banquier éborgneur et jet-skieur (quand la France est en feu) envisage de se « concerter » avec les syndicats mais il récuse toute idée de « négociation ».
Selon la CGT, autre aspect du problème, 76% des offres d’emploi à Pôle-Emploi sont mensongères. Je cite la centrale syndicale : « Depuis Juin, tous les jours à la télévision, à la radio, dans les journaux : on entend le patronat se plaindre de la soi-disant « pénurie de main d’œuvre ». Patronat et gouvernement prétendent ainsi qu’il y aurait 300 000 offres non pourvues !
De la même manière, Pôle-Emploi affiche plus de 900 000 offres sur son site internet alors que l’on y comptait plus de 6 millions d’inscrits toutes catégories confondues en Juillet. De quoi alimenter les discours les plus réactionnaires sur les chômeurs feignants.
Dans ce contexte de stigmatisation permanent des travailleurs privés d’emploi et précaires, la CGT et son Comité National des Travailleurs Privés d’Emploi et Précaires a réalisé sa 15ème étude des offres diffusées par Pôle-Emploi afin de constater leur légalité.
Pour rappel, selon le Code du Travail (Article L5331-3), « il est interdit de faire publier […] une offre d’emploi comportant des allégations fausses ou susceptibles d’induire en erreur, et plus particulièrement sur les éléments suivants :
- L’existence, le caractère effectivement disponible, l’origine, la nature et la description de l’emploi ou du travail à domicile
- La rémunération et les avantages annexes proposés
- Le lieu du travail »
Ah, les chômeurs feignants !
Par ailleurs, depuis 2016, Pôle-Emploi a décidé d’ouvrir son site aux « partenaires privés » agrégateurs d’offres ou agences d’intérim pour lesquels aucun contrôle n’est effectué par un conseiller formé à cette tâche pourtant essentiel de contrôle. Ainsi,
- « 95% des entreprises de travail temporaire diffusent des offres d’un mois ou plus alors qu’elles ne proposent, en réalité, que des contrats initiaux d’une semaine.
- 95% des entreprises d’aide à la personne diffusent des offres à temps plein ou « temps partiel choisi » – une farce quand on sait que 70% du temps partiel est subi – sans indiquer de planning.
- Les platformes numériques – Well Job, Hello Work, Job in Tree… – diffusent des offres déjà pourvues ou recensées sur le site, voire inexistantes. Près de 90% des offres illégales proviennent de ces plateformes.