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18 octobre 2022 2 18 /10 /octobre /2022 05:01

Utiliser l’écriture inclusive est, soyons poli, une connerie. L’utiliser mal est une connerie au carré.

 

Ici, une affiche apposée sur sa porte d’entrée par le.a tenancier.e d’un café qui a malheureusement quelques problèmes avec sa clientèle. En plus – mais ne l’accablons pas – ce commerçant, ne sachant pas ce qu’est une anacoluthe, nous en offre une délicieuse. Le premier qui la trouve gagne son poids en gravillons.

 

Ça part mal avec le titre de l’affiche. En effet, « cher.es » et « voisin.es » ne marchent pas car on ne saurait, en écriture inclusive ou ailleurs, ne faire porter la marque du pluriel que sur le féminin. Il aurait fallu écrire « Che.è.r.e.s voisin.e.s ».

 

Les tenanciers de cet établissement sont « conscients ». On en déduit qu’il ne s’agit que d’individus du sexe masculin. D’autant qu’il se sont « engagés » à développer la vie de quartier. Ces tenanciers ont recruté trois « salariés » (que des hommes, donc) et des « comédiens.nes » (quid du mot « comédiennes » ?), des « musiciens.nes » (quid du mot « musiciennes » ?) et des créateurs « plasticiens.nes » (quid de créatrices plasticiennes ?).

 

Si l’anglicisme « impacter » n’avait pas figuré dans cette annonce, nous aurions été déçus. Le verbe « impacter » est apparu en français au début des années soixante. Il signifiait (et signifie toujours) « solidariser avec force » (par exemple un organe et une prothèse). Par contamination de l’anglais – ou, plus exactement du deuxième sens qu’il a en anglais, le premier étant le même que celui du français – il nous est désormais balancé à toutes les sauces, avec le sens de « toucher », « faire impression sur ».

 

Apprécions également « in fine », à la place de « pour finir, au bout du compte », que les professeurs de droit ont constamment à la bouche. C'est leur tic, leur nin-nin...

 

Ha, les « problématiques » ! Dans le français du XXIe siècle, il n’y a plus de problèmes mais des « soucis » ou des « problématiques ». Croyez-moi : la bombe atomique sur Hiroshima fut un sacré « souci ». En tant que substantif, « problématique » est un terme de didactique signifiant « la présentation d'un problème ». Ainsi, une dissertation pose une problématique que l'auteur doit résoudre par une argumentation. Le Robert cite L’Homme révolté de Camus : « Si, dans le monde sacré, on ne trouve pas le problème de la révolte, c’est qu’en vérité on n’y trouve aucune problématique réelle, toutes les réponses étant données en une fois ». Alors faut-il écouter Camus ou un de mes voisins qui évoquait récemment la « problématique de l’ascenseur de l’immeuble » qui, par un frottement suspect, faisait un bruit de grincement de dents tout aussi suspect ?

 

En résumé : massacre de la langue française par appauvrissement et à-peu-près. Et puis tribut, payé à la bien-pensance, qui ne mange pas de pain : « Un lieu ouvert à toutes les communautés [c’est quoi, des communautés ?], tous les âges [il ne manquerait plus que ça !]. un lieu de vie, d’échange, de partage, de tolérance et de respect.

 

Quand les commerçants auront-ils intégré qu'utiliser l'écriture inclusive ne leur fera pas gagner un client, ni même un centime ?

 

Bon courage, l’Alma Bar.

Encore un petit coup d’inclusiv.e !
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commentaires

A
J'aurais pas dû parce que maintenant je suis ridicule
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A
N'est-ce pas cette fameuse porte qui est toujours ouverte au dialogue et la consultation ?<br /> Mais je ne vais pas faire le malin parce que je ne connaissais pas l'existence de cette anacoluthe qui nous laisse imaginer plutôt une maladie des pays tropicaux ou un insecte sournois des forêts amazoniennes
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G
Non, cherchez encore.