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27 mars 2023 1 27 /03 /mars /2023 05:01

Une fois n'est pas coutume : une revue de presse consacrée à un seul article, tiré de Marianne, qui montre, si besoin était à quel point la médiacratie méprise le peuple, surtout celui qui ne regarde pas les émissions d'Hanouna et qui sait penser par lui-même.

 

Éric Woerth, Bernard de La Villardière, FOG, Sarah Saldmann : la réforme des retraites, foire au mépris de classe.

 

Par Lucas Planavergne  22/03/2023 Marianne 

 

Élus, éditorialistes, avocats… La séquence sur la réforme des retraites s'accompagne de sorties hors-sol dans les médias, certains ne s’embarrassant pas de se moquer du « niveau extrêmement faible » des manifestants sur le 49.3 ou encore des « pleurnicheries » de ceux qui devront travailler deux ans de plus. Florilège.

 

Comme si Emmanuel Macron et son gouvernement avaient besoin de relais médiatiques pour faire preuve de mépris. Depuis plusieurs semaines, responsables politiques, éditorialistes, journalistes et autres avocats n’hésitent pas à donner leur avis sur la réforme des retraites, contestée par près de deux tiers des Français selon divers sondages. Dans ce flot de prises de position, la déconnexion d’une certaine partie de l’élite intellectuelle avec la population française saute aux yeux. Quand elle ne transpire pas, carrément, le pur mépris de classe.

 

 

L’une des sorties les plus édifiantes a eu lieu sur Sud Radio, ce 19 mars. Alors que la majorité de la population refuse de devoir travailler deux ans de plus, Bernard de La Villardière, lui, se dit « désespéré » par la mobilisation sociale. « Quand je vois qu'on manifeste contre la réforme des retraites et que les gens pleurnichent parce qu'ils vont bosser deux ans de plus, ça me… Je crois que ça me désespère un peu », a confié le présentateur de M6, jugeant même que « le travail, c'est la vie ». Celui-ci n’a sans doute pas lu l’étude de l’Insee (2016) indiquant que l’espérance de vie d’un ouvrier est inférieure de six ans à celle d’un cadre.

 

Pour illustrer son propos, le journaliste de 64 ans n’a d’ailleurs pas hésité à se servir des éboueurs, en grève depuis le 7 mars. « J'entends dire : “Les éboueurs, c'est terrible parce qu'ils vont partir à la retraite à 59 ans”. Mais personne n'est obligé d'être éboueur toute sa vie ! », a-t-il estimé, ajoutant que l’on « devrait dire à un éboueur au-delà de quarante ans, s'il a fait son métier pendant dix-quinze ans, il faut lui offrir autre chose ». En effet, qu'on leur dise qu'il suffit de « traverser la rue » pour changer de boulot…

 

L'hilarité de Pascal Perrineau et Franz-Olivier Giesbert

 

Sur le plateau de BFM TV ce même 19 mars, une blague d’un autre temps a provoqué l’hilarité… Alors que la Première ministre, Élisabeth Borne, venait de dégainer l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour adopter la réforme sans vote du parlement, Pascal Perrineau a choisi de s’attaquer au niveau intellectuel des grévistes, plutôt qu'au passage en force gouvernemental. « Je suis sûr que l’on ferait une interrogation écrite – c’est mon côté professeur – des manifestants, on aurait un niveau extrêmement faible de maîtrise de l’article 49 alinéa 3 ​​​​ », a lancé le politologue et professeur à Sciences Po, appuyé par le rire de l’éditorialiste Franz-Olivier Giesbert.

 

Une boutade hors-sol, qui n’est pas sans rappeler les déclarations de Gaspard Gantzer en 2019, lors du mouvement des Gilets jaunes. « Ils ont le droit de manifester malheureusement, même s'ils sont cons, je suis désolé de le dire. C'est sûr que si on faisait des tests de QI avant les manifestations, il n'y aurait pas grand monde… » avait jugé l’ancien conseiller en communication de François Hollande, avant de s’excuser sur les réseaux sociaux. À chaque fois, l’idée qui transparaît est la même : si les manifestants sont en colère, c’est parce qu’ils sont trop bêtes pour avoir compris la réforme.

 

Sarah Saldmann et la vie de Smicard

 

Sur RMC, « Les Grandes Gueules » ont elles aussi offert un succulent moment de déconnexion, le 10 février dernier. Au cours d’une passe d’armes sur la retraite et la question des bas salaires, le député de la Somme, François Ruffin, invitait la très médiatique Sarah Saldmann à « essayer de vivre » pendant trois mois avec « le smic à 1 300 euros » afin de voir si cela suffit pour « se nourrir »« se loger » et « se soigner ». Un safari chez les pauvres que l’avocate a accepté, mais seulement pour « une semaine ». Faut pas pousser.

 

Assurant avoir fait « suffisamment de boulots étudiants pour savoir ce que c’est » Sarah Saldmann jugeait tout de même qu’il vaut mieux « être à 1 300 euros plutôt que d’être au chômage ». Est-ce vraiment étonnant venant d’une chroniqueuse qui déclarait, quelques mois auparavant sur le même plateau, que l’on « n’est pas riche à 7 000 euros par mois » ? Ou qui taxait, en septembre 2022, les Français en arrêt maladie de « fragiles », « glandus », « assistés » et de « feignasses »

 

Éric Woerth pour l’ensemble de son œuvre

 

Qui dit florilège de mépris, doit citer Éric Woerth. Au cours des débats sur les retraites, le questeur de l'Assemblée nationale a accumulé les déclarations lunaires dans la presse, sans jamais quitter sa posture moralisatrice. « Tous ces manifestants défilent contre eux-mêmes. Ils défilent contre leurs propres enfants et contre eux-mêmes », martelait-il notamment, début février sur BFM TV. Là encore, l'argument d'autorité est toujours le même : les Français n'ont pas compris.

 

Quelques jours plus tôt sur la chaîne d'information en continu, l'ancien ministre LR ayant rejoint la Macronie étalait déjà sa science – et son expérience. « À 65 ans, vous avez un peu plus mal un peu partout qu'à 25 ans, mais vous vivez sans problème particulier une bonne dizaine, douzaine d'années », développait l'homme de 67 ans, qui enchaîne les mandats électoraux depuis 1986. « J’espère pouvoir atteindre la retraite. Car sur les quelques anciens que j’ai connus en arrivant, presque aucun n’a vécu plus de deux ans au terme de sa carrière… », confiait pourtant Nasser, un éboueur gréviste de 54 ans, interrogé par Marianne le 16 mars. C'est ce qu'Éric Woerth a oublié de préciser : vivre en bonne santé après la retraite, cela existe… surtout pour les plus privilégiés.

 

PS (BG) : La dernière photo met en scène l'immense Éric Woerth qui essaie de faire croire au bon peuple – et aux “ gaullistes ” en particulier – qu'il est un digne descendant de Maurice Herzog. Mais la loi universelle de la gravitation étant ce qu'elle est, il rampe sur une surface complètement plane. Que les politiques mentent dans l'exercice de leur fonction, c'est leur droit, mais qu'il nous impose les singeries de leur vie privée en nous – et se – racontant des histoires, c'est grotesque.

Revue de presse (450)
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commentaires

A
Pour la petite histoire Sarah Saldmann est la fille de Frédéric Saldmann médecin cardiologue qui intervient énormément dans les médias d'où on se dit parce qu'on est mesquin que son origine sociale n'a pas dû être un handicap. Ceci étant dit c'est toujours amusant de constater le ridicule de ce genre de personne qui s'imagine être transgressive parce qu'elle balance des énormités qui sont en opposition radicale avec le discours de gauche. Il faudrait la rassurer en lui signalant que ses idées relèvent banalement de la doxa et surtout qu'elles correspondent à celles de la classe dominante. Elle est par conséquent très mais alors très conformiste et logiquement son conformisme devrait la conduire à " réussir " très bien sa vie d'avocate.<br /> Et puisque je parlais de descendance, il faut écouter le discours inverse de Julia de Funès, petite fille de l'acteur, philosophe et écrivaine lorsqu'elle s'exprime sur le travail. Elle rappelle entre autres que considérer le travail comme une finalité en tant que telle, c'est un non-sens absolu", le travail est un moyen et non une finalité. une réserve de taille quand même : elle a écrit un livre avec Nicolas Bouzou, économiste libéral et là, au vu des interviews, ça dérape totalement : " "On a l'impression, en écoutant ce type de discours, que c'est moins un désir d'égalité qu'un besoin de vengeance qui est à l'œuvre", réagit-elle aux propos tenus par Jean-Luc Mélenchon samedi 28 janvier. "Accumuler de l'argent est immoral. Qu'est-ce qui est accumulé ? Ce qu'on a pris aux autres", a déclaré le chef de file de La France insoumise (LFI). Pour Julia de Funès, "on est un pays très complexé" par l'argent. "Il y a tellement de jalousie, tellement de ressentiment, on est tellement pas dans une culture de la différence", appuie-t-elle. "On ne comprend pas qu'il y a des différences qui peuvent être justes", dans ce cas "ça s'appelle l'équité". Pour elle, "il faut décomplexer ce sujet de l'argent et évidemment mieux le répartir", car "on est tous pour un peu moins de pauvreté, beaucoup moins d'injustices, beaucoup moins de discriminations". "Ce n'est pas en stigmatisant les riches contre les pauvres qu'on arrive" à une "société idéale", affirme-telle.<br /> On y retrouve les refrains habituels sur la vengeance, la jalousie, le complexe ( présumé') vis à vis de l'argent, enfin bref tout le seringage habituel à l'adresse des malcomprenants. J'aime bien " on est tous pour un peu moins de pauvreté" et mieux encore " pour beaucoup moins d'injustice ". Moins de pauvreté, ça va quant à l'injustice faut pas trop non plus. <br /> En tout cas en écoutant ces personnages on en vient à être convaincu qu'il s'agit non pas d'adversaires mais d'ennemis et que cette conflictualité est bien par conséquent un rapport de force. C'est une fable que de croire que les débats pourraient modifier les positions des uns et des autres. La télévision en exploitant jusqu'à la corde le spectacle des débats a fini par démontrer leur inutilité. Chacun écoute son champion en espérant que celui-ci gagnera par K.O. Ce qui ne se produit et ne se produira évidemment jamais. Pour cette raison il me semble qu'il y a plus à gagner à exposer ses idées dans le contexte plus apaisé de réunions où se retrouvent des gens qui partagent peu ou prou les mêmes logiques afin de les améliorer ou qui sont préparés par leur propre histoire à les entendre. Le discours de Macron peut-il modifier nos convictions ? Pouvons-nous convaincre Darmanin ?
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A
Correctif : il s'agit de serinage et non de seringage, ce qui ne veut rien dire. J'ai été trahi par le correcteur automatique et par une relecture coupable

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