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28 mars 2023 2 28 /03 /mars /2023 05:08

En 1965 (j'étais en classe de Première), je pariai de l'argent, pour la première (et dernière) fois de ma vie. Qui plus est, contre cinq camarades, une somme non négligeable. J’étais sûr de gagner.

 

Bien qu’âgé de dix-sept ans seulement, j’avais une culture politique au-dessus de la moyenne. À la maison, on discutait politique sans gêne, ce qui était loin d’être le cas dans la majorité des familles, et je lisais beaucoup les journaux. Á commencer par Le Canard Enchaîné et Le Monde.

 

Le Président de la République, le général De Gaulle (dans les conversations, on ne disait jamais, comme aujourd'hui, “ Charles de Gaulle ” mais “ De Gaulle ” ou “ le Général De Gaulle ”) avait décidé de tenter un nouveau septennat lors de l’élection présidentielle, élection se déroulant, cette fois-ci, au suffrage universel. Mes copains, comme beaucoup de commentateurs politiques pas toujours très bien intentionnés, pensaient que De Gaulle serait élu dès le premier tour. Lui aussi d’ailleurs, puisqu’il avait décidé de ne pas utiliser les créneaux qui lui étaient réservés à la télévision pour parler de son programme.

 

Sachant que l’électorat de droite ne lui était pas complètement acquis, que le candidat de la gauche unie (François Mitterrand pour sa première tentative) rassemblerait la plus grande partie des électeurs de gauche, et qu’enfin De Gaulle devrait compter avec un candidat centriste et un candidat d’extrême droite ralliant les voix des sympathisants de l’OAS, il était mathématiquement impossible pour moi que le président sortant fût élu au premier tour.

 

De Gaulle atteignit péniblement 42% des voix. Durant la campagne du deuxième tour, il se garda bien de mépriser ses créneaux télévisuels (il se fit interviewer par le journaliste-carpette Michel Droit, que le Canard avait surnommé Michel Travers), et il l’emporta avec environ 55% des voix. Je gagnai beaucoup d’argent (de quoi me payer des cigarettes pendant un an), sans rien dire à mes parents, bien entendu.

Souvenirs (6) : quand De Gaulle me paya mes cigarettes pendant un
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commentaires

A
Bon, tout est relatif, c'était une autre époque, les conditions sociales et l'environnement politique, enfin tout ça et plus encore sont bien différents mais 42% au 1er tour il y en a beaucoup qui seraient bien contents d'atteindre ce score aujourd'hui et nous aussi d'ailleurs pour ce qui concerne notre candidat préféré.<br /> C'est curieux puisque j'ai commencé à voter avec De Gaulle, par pour lui mais avec lui et je désespérais au vu des résultats le dimanche soir. Je me disais " mais on va l'avoir sans fin'". Ce qui me gonflait c'était son côté Commandeur, entre père La Morale et Monsieur je descends du ciel. Parce que côté politique pure c'était plutôt le rejet de l'esprit gros bourgeois de tous ces hommes qui l'entouraient.<br /> Depuis j'ai réalisé que finalement sa mandature n'a pas été aussi longue que ça et que Mitterrand est resté plus longtemps. Pourtant je continue à avoir le sentiment inverse. <br /> En tout cas il nous a laissé une constitution détestable qui permet à 1 homme + son épouse + 1 conseiller ( Kholer ) de soumettre tout un peuple à leurs caprices.<br /> Si on veut se replonger dans l'ambiance de cette époque ou pour ceux qui ne l'ont pas connue il existe un roman qui la raconte excellemment : Un vie française de Jean Paul Dubois. Et comme le dit la 4ème dé couverture : un roman d'une ampleur réjouissante...qui commence avec De Gaulle et s'achève avec Chirac....un mélange (...) entre l'anecdote et l'histoire, entre Mai 68 et les dîners de famille, entre la la mort de Franco et etc.....<br /> Vraiment réjouissant !
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