Le banquier de Rothschild a récemment prôné pour la France un « réarmement démographique ». Cette expression, dans la bouche de quelqu’un qui n’a fait ni enfant ni service militaire, fleure bon son idéologie pétainiste quand les femmes faisaient quatre ou cinq enfants et que la France construisait, en pure perte, la ligne Maginot.
En date du 6 février, le site de l’IFOP s’interrogeait : « La “ sex recession ” : les Français font-ils moins l’amour ? » On passe, même si cela devient irritant (dans la connotation anglaise du terme), sur une utilisation, par un institut “ français ”, d’une expression galloricaine. Le fait est, les chiffres parlent d’eux-mêmes : il n’y a plus que 76% de Françaises et de Frrançais ayant eu au moins un rapport durant les douze derniers mois contre 87% en 2006. Par ailleurs, la notion de “ devoir conjugal ” n’est plus ce qu’elle était : les Françaises acceptent beaucoup moins de se forcer à faire l’amour qu’il y a 40 ans : 52 % des femmes âgées de 18 à 49 ans déclarent qu’il leur arrive de faire l’amour sans en avoir envie, contre 76 % en 1981. Ça doit être la faute à Mélenchon !
Plus de la moitié des femmes adultes (54 %, contre 42 % des hommes) déclarent qu’elles pourraient continuer à vivre avec quelqu’un dans une relation purement platonique, soit une proportion en nette hausse sur une quarantaine d’années chez les femmes de moins de 50 ans (+14 points par rapport à 1981). Moi, je veux bien, mais qu’ils et elles essaient pour voir.
Est-ce parce que, comme le disait Frédéric Beigbeder, « l’amour dure trois ans » ? On observe indubitablement que la majorité des divorces ont lieu au cours de la quatrième année du mariage. Et ce, dans le monde entier, quels que soient le climat, la religion, le niveau de vie. Trois ans, c’est le temps de la gestation et celui de l’attente de l’autonomie de l’enfant. L’amour, c’est de la chimie, de la libération de poussées de molécules. Il est facile et banal d’aimer Chopin toute sa vie, mais dans le cas d’un partenaire, c’est plus aléatoire. La génétique se fiche de l’esthétique et de la morale. Plus les gênes de ceux qui nous ont précédé ont été croisés et plus nous sommes résistants.
Il faudrait également parler de l’accroissement du temps que jeunes et moins jeunes passent devant les écrans. Un temps où l’on ne copule pas et surtout un temps où l’on vit par procuration, dans le virtuel. On se rencontre souvent et on lance une relation grâce au téléphone portable, mais celui-ci s’immisce et s'installe diaboliquement entre nous. D’après un sondage IPSOS de janvier 2019, 61% des jeunes considèrent que le téléphone prend trop de place dans leur vie de couple. Mais un jeune sur cinq répond au téléphone alors qu’il est en pleine action amoureuse.
Les jeunes sont les plus touchés par l’amenuisement de la libido : selon l’enquête de l’IFOP, la montée de l’inactivité sexuelle affecte l’ensemble de la population (+15 points en moyenne depuis 2006), mais la jeunesse est une des catégories les plus touchées. Plus d’un quart des jeunes de 18 à 24 ans initiés sexuellement (28 %) admettent ne pas avoir eu de rapport en un an, soit cinq fois plus qu’en 2006 (5 %). »
MeToo est néopuritain. Et les écrans, au lieu de nous emmener vers les autres nous ramènent à nous-mêmes dans une narration sans charme de nos vies. Pimenter nos récits d’allusions ou même d’histoires salaces ne suffit pas à nous réapproprier nos couples, de prendre l’autre en compte.