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29 février 2024 4 29 /02 /février /2024 06:01

Repris du blog de Nathalie Achard

 

« Les smicards préfèrent des abonnements VOD à une alimentation plus saine », une affirmation, bien évidement, démentie le jour même. Sur le thème classique : « sortir une phrase de son contexte » et le fameux appel à la nuance « il n’a pas dit cela exactement, mais c’était l’idée ».

Doit on vraiment s’appesantir sur cet aspect de l’affaire ?

Non. Ce n’était pas non plus comme si Macron exprimait régulièrement son respect pour les Françaises et les Français. Ce n’était pas non plus comme s’il ne collectionnait pas les déclarations dévalorisantes dès que ces concitoyennes et ces concitoyens n’étaient pas en accord avec lui.

Macron is the new Marie-Antoinette.

Apprenant que le peuple n’avait plus de pain, Marie-Antoinette s’était étonnée de ce courroux populaire bruyant et avait partagé cette astuce pleine de bon sens « hé bien qu’ils mangent de la brioche ».

Le VOD de Macron, c’est un peu la brioche de Marie-Antoinette.

Et ça tombe bien parce qu’on se retrouve un peu dans la même situation qu'en 1789. L’inflation des prix de la nourriture, l’opacité des marges, la précarité alimentaire… pour plus de détails, je vous conseille l’étude de foodwatch sur le sujet.

Pauvres, sales et méchants.

Macron, Marie-Antoinette… en France, on n’aime pas le changement.

Si la royauté a disparu, le classisme a toujours le vent en poupe. Cette discrimination présente partout invoque une vision stratifiée et hiérarchisée de la société. Du mieux (les riches) au pire (les pauvres), en assumant pleinement les avantages indus de la situation des plus favorisés et les préjudices subis par les plus défavorisés.

Être pauvre, c’est manquer de volonté, de force. C’est « bien le vouloir ». Une fois encore, non. C'est le résultat logique d'un dysfonctionnement. Dans un système où les ressources sont limitées, s’il y en a trop d’un côté, inévitablement, il n’y en a pas assez de l’autre.

En plus, dans cette société, celles et ceux qui « possèdent » s’arrogent le droit d’avoir un avis sur la façon dont celles et ceux qui n’ont pas assez utilisent leur peu de ressources. Donner 1 euro à une personne dans la rue peut sembler impossible sous le prétexte qu’elle ou il l’utilisera « mal ». Alors que la plupart du temps, la façon dont les ultra riches dépensent leurs millions ne provoque aucun jugement. Si ce n'est de l’admiration.

Etre pauvre, c’est souffrir 24h24, 7j/7. 

Donc ça serait un choix ou un manque de volonté ?

Vivre dans la précarité, c’est se réveiller chaque matin en espérant, au mieux, que rien ne viendra ébranler le très fragile équilibre d’un budget qui parvient à peine à dégager en fin de mois quelques dizaines d’euros de réserve. Et au pire, espérer avoir assez de travail pour assurer au moins 15 jours de budget alimentaire. Ce demi mois passé, généralement, un repas par jour saute.

Le cerveau en stress permanent produit en grande quantité du cortisol, une hormone qui inhibe d’importantes capacités cérébrales : compter, se projeter dans le futur, construire des projets. Cortisol qui peut, provisoirement, être chassé par la dopamine. Et ça tombe tellement bien ! Notre société marchande et capitaliste nous a dressés à confondre bonheur (dopamine) avec consommation et divertissement !

Ah non, c’est vrai quand tu es pauvre, tu dois souffrir et juste souffrir. Puisque le classisme a décidé que c’était immoral d’être dans une pauvreté provoquée pourtant par un système sociétal injuste et prédateur qui permet des enrichissements indécents. C'est bien fait quand même.

Que diable, c’est quand même simple de cuisiner des légumes frais.

Ah et ces injonctions à bien manger !

Une fois encore dans l’étude de foodwatch, vous verrez que les produits de bonne qualité sont les plus chers et ceux dont les apports nutritionnels sont insuffisants sont les plus abordables. Ça commence mal.

Et puis cuisiner, c’est avoir du temps pour le faire. Et quand on enchaine dans la journée plusieurs petits boulots pour à peine parvenir à payer ses factures, ce temps manque. Cuisiner, c’est aussi avoir une cuisine, du gaz, de l’électricité, des ustensiles… tout ce qui paraît évident à celles et ceux qui ont la chance d’avoir un logement décent. Un privilège que les plus précaires n’ont pas.

Mépris de classe, appel à la casse

Décidément, Marie-Antoinette se serait sentie comme chez elle, ici et maintenant. Oh mais attendez… comment ça s’est terminé cette histoire de brioche ?

A force de mépris gonflé au sentiment d’impunité et même si la violence institutionnelle déployée pour endiguer la colère profonde qui fait gronder les entrailles du pays augmente et repousse par la peur les contestations, il arrivera toujours un moment où un peuple sentira qu’il n’a plus rien ni à espérer, ni à perdre.

C’est ça l’objectif Marie-Antoi… pardon, Emmanuel ?

Qu'ils mangent de la brioche !
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commentaires

A
Je ne veux pas prendre la posture avantageuse et ridicule du pessimiste prétendument visionnaire mais je doute de plus en plus qu' " il arrivera toujours un moment où un peuple sentira qu’il n’a plus rien ni à espérer, ni à perdre.<br /> Pour appuyer cette affirmation je mettrai en miroir de l'histoire de l'abonnement VOD à Macron ou bien celle de la brioche de Marie Antoinette ce que nous entendons souvent venant des gens du commun qui vont répéter sans fin que les allocations familiales ou les allocations entrée scolaire servent à ces cons de pauvres, c'est à dire à ceux qui ne sont pas très éloignés de leur situation sociale, à acheter un écran plat XXL. Précédemment ça concernait les lecteurs DVD.<br /> On nous a habitué à entendre les pires horreurs à tel point que cette banalisation a fini par anesthésier toute lucidité.<br /> À l'appui de ce que j'avance je vais à nouveau citer Günther Anders qui avait prévu la situation dans laquelle nous nous trouvons et qui est confirmée par les votes des citoyens ici mais aussi dans bon nombre de pays <br /> " « Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut surtout pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes archaïques comme celles d’Hitler sont nettement dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif en réduisant de manière drastique le niveau et la qualité de l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle.<br /> Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations matérielles, médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste... que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.<br /> Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements abrutissant, flattant toujours l’émotionnel, l’instinctif. <br /> On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon avec un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de s'interroger, penser, réfléchir. »<br /> On revient toujours à la Boètie avec le regret de constater que ce qui se voulait une mise en garde et par conséquent une incitation à ne pas se laisser aller à une servitude volontaire se réduit au fil du temps au constat.
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